Intervention de Anne Burstin

Commission des affaires sociales — Réunion du 11 juillet 2012 : 1ère réunion
Audition de Mme Anne Burstin candidate au poste de directrice générale de l'institut national du cancer inca

Anne Burstin, candidate à la direction générale de l'INCa :

J'ai en effet été auditionnée par la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale le 4 juillet dernier et je vous remercie de me recevoir aujourd'hui. Je commencerai par vous présenter mon parcours. Je suis inspectrice générale des affaires sociales, actuellement en poste à l'inspection.

Ma carrière a largement été structurée par mon intérêt marqué pour les politiques de santé, ce qui m'a d'ailleurs conduite à choisir l'inspection générale des affaires sociales, il y a plus de dix-sept ans, à ma sortie de l'Ena. Tant à l'inspection des affaires sociales (Igas) que dans les postes opérationnels que j'ai occupés en alternance avec des périodes à l'inspection, la santé a en effet été la dominante de mon parcours.

A l'Igas, cette dominante s'est exprimée au travers de missions diverses d'évaluation des politiques de santé : les greffes voici quelques années, le don d'ovocytes plus récemment, les politiques de santé-environnement conduites par les agences régionales de santé (ARS) l'an dernier et aujourd'hui, les politiques hospitalières puisque je coordonne le rapport annuel de l'Igas sur l'hôpital qui paraîtra à l'automne. Cela a aussi pris la forme de contrôles (établissements de soins, organismes de sécurité sociale). Je suis par ailleurs membre de la structure collégiale de l'Igas dédiée à la santé, ce qui offre un point d'observation très intéressant sur toutes ces thématiques santé.

Mon premier poste opérationnel m'a conduite, de 2000 à fin 2003, sur le terrain, en Aquitaine où j'étais directrice adjointe de la Drass en charge du pôle santé ; une expérience fondatrice pour moi, tant en termes de connaissances des politiques de santé qu'en termes de management.

En tant que responsable du pôle santé, j'ai eu à traiter de l'organisation de l'offre de soins et des relations avec les établissements de santé, en lien avec les ARH de l'époque, ainsi que des questions de sécurité sanitaire et d'inspection, de l'animation des politiques de santé, et en particulier du pilotage de la mise en oeuvre du premier plan cancer dont j'avais pris la responsabilité en 2003. Ce poste a aussi été l'occasion de ma première prise de contact avec le domaine tout à fait passionnant de la santé-environnement sur lequel je suis revenue récemment à l'Igas.

Après une courte période à l'inspection, je suis repartie sur un nouveau poste opérationnel, en agence sanitaire cette fois, en tant qu'adjointe du directeur général de l'agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (Afssaps), et ce jusqu'en juin 2008. Cette expérience m'a permis un approfondissement des enjeux de sécurité sanitaire et une meilleure connaissance du monde complexe des produits de santé. Cela a aussi été l'occasion de me familiariser avec la gestion de l'urgence. L'agence m'a également ouvert de nouveaux champs de connaissance, tout particulièrement le monde de la recherche clinique et de l'innovation. J'ai d'ailleurs piloté le programme d'accompagnement de l'innovation à l'agence et cette connaissance des acteurs et des problématiques serait, je crois, un atout pour moi à l'INCa, compte tenu de la prégnance, dans le monde de la cancérologie, de l'accès aux innovations diagnostiques ou thérapeutiques.

Au terme de ce parcours, il me semble avoir acquis une bonne connaissance des politiques de santé et du réseau d'acteurs nationaux et régionaux qui les conduisent, des relations avec les professionnels de santé mais aussi avec les associations de patients.

Pourquoi ma candidature au poste de directrice générale de l'INCa ?

Pour quelqu'un passionné, comme je le suis, des politiques de santé, participer à la lutte contre ce qui demeure le principal fléau sanitaire français, avec plus de 150 000 décès par an, est évidemment un défi enthousiasmant. Il s'agit d'une politique majeure avec des marges de progrès encore significatives.

Mais ce qui est aussi particulièrement attractif est la spécificité de l'INCa, seule agence dédiée à une pathologie et englobant, par conséquent, toutes les facettes de la lutte contre le cancer : la recherche tout d'abord, l'information des patients et des professionnels de santé, la prévention, l'organisation des soins et les prises en charge après traitement. Les enjeux de réinsertion sociale et professionnelle méritent toute notre attention.

D'autant plus apte à surmonter les cloisonnements qu'il est constitué sous la forme d'un groupement d'intérêt public (Gip) associant tous les acteurs de la lutte contre le cancer, l'INCa doit les fédérer pour créer de la transversalité entre eux et stimuler les projets conjoints de soins et de recherche. Cette dimension de partenariat avec les organismes de recherche, avec les fédérations d'établissements de soins et les professionnels de santé, avec les associations de patients (ligue contre le cancer, Arc) est un autre aspect extrêmement riche.

Enfin, l'INCa est une structure de taille moyenne, qui correspond à mon envie de management et me permettra de mettre à profit mes expériences antérieures.

Quels enjeux, quels projets pour l'INCa ?

Avant d'expliciter les enjeux et les projets de ce poste, permettez-moi d'attirer votre attention sur une particularité de la gouvernance de l'INCa, qui associe à sa tête un président exécutif, professeur de médecine, et un directeur général de formation plus administrative. La présidente actuelle, Agnès Buzyn, hématologue, dirige l'institut depuis l'été 2011 et a déjà dessiné des priorités stratégiques notamment en matière de recherche. Le directeur général est naturellement en charge de la gestion de l'institut et, à cet égard, je devrai tout particulièrement veiller à poursuivre la consolidation du fonctionnement institutionnel, administratif et financier de l'institut et la maîtrise des risques, tant comptables et financiers qu'opérationnels. Dans le prolongement de la loi du 29 décembre 2011, je devrai être attentive à la qualité et à l'indépendance des processus d'expertise ou d'appels à projets.

Mais le directeur général de l'INCa est aussi responsable du suivi de la mise en oeuvre du plan cancer, et je serai par conséquent mobilisée sur les principaux chantiers du plan.

Les enjeux de l'INCa s'inscrivent en effet fortement dans les orientations du plan cancer I dont l'INCa est l'un des principaux protagonistes : cet institut a été créé pour pérenniser une politique nationale coordonnée de lutte contre le cancer, et pilote de fait plus de 50 % des actions du plan 2009-2013.

Le premier enjeu de l'institut et de son directeur général est donc de continuer à porter la mise en oeuvre d'un plan cancer dont j'espère la continuation, parce qu'il offre une feuille de route ambitieuse et structurée à la lutte contre le cancer et à l'institut.

L'objectif ultime du plan cancer est de diminuer l'incidence des cancers et de réduire leurs conséquences en termes de mortalité, mais aussi d'améliorer la qualité de vie des personnes atteintes. Il faut savoir que si l'incidence des cancers continue d'augmenter, la mortalité diminue et de plus en plus de patients en sont aujourd'hui guéris.

Pour cela, le plan cancer dessine des priorités stratégiques : favoriser le transfert rapide des découvertes scientifiques au bénéfice des patients (essais, structures intégrées de recherche) ; garantir l'égalité d'accès à des actions de santé de qualité et à l'innovation, aspect auquel la présidente et moi-même portons une attention marquée ; amplifier la personnalisation des parcours de prise en charge, notamment grâce à des tests génétiques, et de réelles marges de progrès existent en ce domaine ; optimiser l'articulation entre la ville et l'hôpital dans les prises en charge, et notamment s'appuyer plus fortement sur le médecin traitant en amont et en aval de l'hospitalisation ; conforter le rôle fondamental du dépistage.

Au-delà de ces aspects d'organisation des prises en charge, je suis personnellement très sensible aux droits du patient et à la démocratie sanitaire, pour lesquels la politique de lutte contre le cancer a souvent été pionnière et a posé des jalons importants, par exemple au moment de la formalisation de la consultation d'annonce ou par la création du comité des patients et de leurs proches auprès de l'INCa, associé aux comités d'évaluation des projets de recherche, mais aussi grâce à la plateforme d'informations très complètes Cancer info. Mais ces efforts doivent être poursuivis, comme le souligne le collectif des associations de patients, et je serai tout à fait attentive à cet aspect des choses.

Les enjeux opérationnels pour l'INCa sont de continuer à susciter des actions innovantes, expérimentales et à en faire bénéficier les patients le plus largement et le plus en amont possible en confortant toujours le partenariat avec les acteurs du secteur (recherche, santé publique, droits des patients...), je pense notamment à la poursuite des projets conjoints de recherche, comme Aviesan, ou à l'animation des cancéropôles et des réseaux régionaux de cancérologie.

Il faut aussi agir en lien plus étroit avec le niveau régional et les ARS, agences régionales de santé, créées après le second plan cancer. En ce domaine, je pense pouvoir apporter ma connaissance du niveau régional au renforcement des relations avec elles.

Ce sont de magnifiques chantiers auxquels je serai réellement fière de pouvoir prendre part si j'ai la chance d'être nommée à la direction générale de l'institut.

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