En affichant dans ses propositions l’objectif de la mise en œuvre du rendement maximal durable et de l’arrêt de la pratique des rejets en mer, la Commission européenne a fait encore une fois la preuve de sa méconnaissance de la diversité des situations.
Toujours en Méditerranée, la collecte de données fiables, rendues nécessaires pour la bonne mise en œuvre du rendement maximal durable semble déjà compromise : non seulement les zones de pêche internationales se superposent, mais de surcroît les pêcheries mixtes y constituent la règle ! Aussi, j’attire votre attention, monsieur le ministre, sur les conséquences néfastes pour les flottilles méditerranéennes de l’application d’un rendement maximal durable non assortie de mesures d’accompagnement et de délais raisonnables. Monsieur Simon Sutour, vous pouvez constater que mon attitude n’est pas simpliste vis-à-vis de l’Europe, dont vous êtes ici un représentant éminent en votre qualité de président de la commission des affaires européennes !
J’exprimerai la même inquiétude quant à l’arrêt de la pratique des rejets en mer : il me semble déraisonnable de l’imposer aux pêcheries artisanales – vous l’avez dit vous-même, monsieur le ministre. Leur demander de faire porter leur effort sur la sélectivité me paraît plus approprié, quitte à prononcer une interdiction stricte si aucun progrès n’est réalisé – les pêcheurs le comprennent bien, d’ailleurs !
En outre, la géographie très spécifique du bassin méditerranéen, ses chapelets de petites îles, la profusion de ses petits ports rendent nécessaires l’aménagement de structures de collecte. Or il semble qu’aucune aide n’ait été prévue pour leur construction.
Enfin, je fais miennes les interrogations de l’Association des régions de France sur ce sujet : l’augmentation de la production de farines animales résultant de l’objectif « zéro rejet » est-elle vraiment sans risque pour la santé publique ?
Pour ce qui concerne la filière aquacole – le vocable européen regroupe des filières aussi distinctes, tant par leur système de production que par leurs conséquences environnementales, que la conchyliculture et l’aquaculture –, je remarquerai également que le modèle mis en œuvre en Languedoc-Roussillon est bien loin du modèle intensif développé dans les pays nordiques ! Dès lors, aucune réponse concrète ne semble pouvoir être apportée à la filière conchylicole méditerranéenne, pas plus qu’à celle implantée sur le littoral de l’Atlantique et de la Manche.
Avant-hier, j’étais encore au milieu de l’étang de Thau, là où sont produites 6 000 tonnes de nos huîtres…