Malgré les quarante degrés à l’ombre en plein midi, là-bas, l’air était respirable !
Cette production connaît d’énormes problèmes, mais l’Europe en rajoute, cher Simon Sutour : sur dix huîtres mises en culture, à peine une pourra être vendue, parce que les neuf autres meurent ! Cette filière est en proie à une situation véritablement dramatique ! Les producteurs ont effectué une reconversion vers la production de moules, parce que l’on ne parvient pas à combattre le virus qui atteint les huîtres, mais l’importation, en pleine période de production, de moules provenant d’autres pays casse complètement le marché ! Il faudra bien trouver une solution et que nous nous fassions respecter, d’abord au sein de l’Union européenne. Pour les fruits et légumes, au moment où la production locale est au plus haut, les produits étrangers n’entrent pas dans le pays : je ne comprends pas que l’on ne puisse pas faire de même pour les moules ! Rien que sur les 220 kilomètres de côtes du Languedoc-Roussillon, cette activité concerne 500 entreprises, et 5 000 emplois sont en jeu !
Enfin, mon propos serait incomplet, Monsieur le ministre, s’il ne soulignait pas le caractère particulièrement inadapté du projet de réforme de la politique commune de la pêche à la réalité des outre-mer. À peine trois lignes évoquant la nécessité d’ouvrir un chapitre dédié aux régions périphériques y sont consacrées ! Pourtant, la pêche revêt une importance cruciale dans ces territoires, comme le prouvent les auditions qu’ont menées nos collègues membres de la délégation à l’outre-mer auprès des professionnels du secteur de la Guadeloupe, de Guyane, de la Martinique et de la Réunion.
Je ne voudrais pas non plus oublier les deux millions de kilomètres carrés de l’espace maritime des îles Kerguelen, chères à mon ami Jacques Mézard, président du groupe RDSE. Avec Saint-Paul, Crozet et Amsterdam, ces îles constituent un formidable réservoir halieutique français, pillé par tous les autres pays ! Personne ne représente directement cette zone dans cette assemblée, puisqu’elle n’est habitée que par des manchots ! Or l’avenir halieutique de la France se joue là-bas – ce constat n’enlève rien aux mérites des autres régions, je ne voudrais pas que mes propos soient mal interprétés ! Quoi qu’il en soit, il faut vraiment que nous consacrions tous nos efforts au règlement de ces questions.
Voilà, monsieur le ministre, quelques-unes des attentes des professionnels du secteur.
Le 13 juin dernier, ces professionnels ont été soulagés d’apprendre, lors de la réunion du conseil des ministres de la pêche de l’Union européenne, que les ambitions de la réforme de la politique commune de la pêche avaient été manifestement revues à la baisse, avec, notamment, le report à 2020 de l’objectif de rendement maximal durable, RMA, pour toutes les espèces et l’introduction progressive de l’interdiction des rejets, véritable pierre d’achoppement de la négociation, et ils ont apprécié, monsieur le ministre délégué, que vous les défendiez. Il vous appartient de poursuivre le combat, même si nous savons que ce n’est pas simple.
En effet, alors même que les négociations portant sur la politique commune de la pêche n’ont pas encore abouti, la question du Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche, outil financier destiné à accompagner sa mise en œuvre, en remplacement de l’actuel Fonds européen pour la pêche, doit être abordée. L’orientation à donner à cet instrument est, en effet, un second sujet prioritaire, qu’il ne faut pas négliger en raison de ses multiples enjeux.
Tout d’abord, les mesures primordiales pour la filière de la pêche française doivent être renforcées ; je pense notamment à celles qui favorisent la gestion de la ressource halieutique, parmi lesquelles figurent l’amélioration des connaissances relatives à l’état des stocks exploitables ainsi que celle des outils techniques de gestion des pêches, et la préservation de la polyvalence des navires de moins de 18 mètres. Je ne dis pas que l’Europe est un problème, mais, vous pouvez le constater, tous les problèmes s’accumulent : la mortalité des poissons, la raréfaction du poisson bleu en Méditerranée, le prix élevé du gasoil, la destruction quelque peu aveugle des bateaux. Que de problèmes !
La protection de l’environnement ne doit pas non plus être mise de côté, tout particulièrement les mesures visant à développer la faune et la flore via la création de récifs artificiels, ainsi que, c’est une évidence, l’aide à l’équipement de navires moins polluants et moins énergivores.
En outre, on doit mettre l’accent sur la valorisation des produits débarqués, en prévoyant leur acheminement grâce à la modernisation des infrastructures portuaires au travers du conseil aux entreprises, de telle sorte qu’elles soient plus compétitives et soient en mesure de mieux promouvoir leurs produits.
Enfin, la question de la création de nouvelles formes de revenus doit être envisagée, et ce sérieusement.
Le Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche doit être conçu comme un instrument d’investissement utile, susceptible d’accompagner les changements structurels nécessaires au développement des secteurs de la pêche plus durables que nous avons évoqués précédemment.
Parallèlement à ces mesures de dynamisation de notre filière de la pêche, le second enjeu tient à la régionalisation du Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche, qui est, à mon sens, la clef du succès d’une politique de la pêche soucieuse de répondre aux besoins prioritaires spécifiques à chaque territoire.
Je vous lance un appel, monsieur le ministre. En tant que président d’une région, je suis prêt à gérer ces fonds à l’échelle régionale. Certes, vous avez effleuré cette question tout à l'heure à la tribune, mais sans aller jusqu’au bout de votre réflexion. Aussi, avant que la question de la régionalisation du fonds ne soit soumise à l’arbitrage du Premier ministre à l’occasion d’un prochain comité interministériel d’aménagement et de développement du territoire, j’aimerais recueillir votre sentiment sur ce point.
À l’instar de l’agriculture, on est prêt à gérer ces fonds européens à l’échelle régionale, …