Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je tiens une nouvelle fois aujourd'hui à attirer l'attention du Gouvernement sur le dossier de la modernisation du tracé de la RN2, la fameuse route Charlemagne, axe structurant du département de l'Aisne. À mon tour, je traiterai de la question de la sécurité.
Dans le cadre des précédents contrats de plan État-région, cet axe de circulation, dont la gestion continue de relever de la compétence exclusive de l'État, a pu bénéficier de crédits importants, qui ont été utilisés pour rénover la section reliant Soissons à Laon. Mais la RN2 n'apparaît pas dans le dernier schéma national des infrastructures de transport, et les autres sections de la RN2 entre Laon et la frontière belge ne sont pas inscrites au programme de modernisation des itinéraires routiers, le PDMI, de 2009-2014.
Or, pour les régions du Nord-Pas-de-Calais, de Picardie et, bien sûr, d'Île-de-France, il est vital de trouver une solution de circulation alternative à l'autoroute Al, confrontée à une saturation chronique.
Il paraît d'une urgence croissante de réfléchir à l'échelon national à la place stratégique que pourrait occuper la RN2 pour les transports et les flux de marchandises, les poids lourds représentant un tiers de son trafic.
Le désenclavement routier de la région en cause est donc d'une importance plus que locale en raison de son aspect transfrontalier.
Pour l'avenir des territoires situés au nord de Laon, il est crucial que l'ensemble de cet axe, jusqu'à la frontière belge, puisse rapidement faire l'objet d'un aménagement à 2x2 voies, car la RN2 ne se réduit pas à des sections.
Ce dossier, porté depuis plus de trente ans par la plupart des élus, toutes tendances confondues, connaît, petit à petit, des évolutions, mais les conditions de sécurité dégradées ont encore causé récemment des accidents mortels à répétition.
Au cours de l'année 2010, le bilan de l'accidentologie relative à la RN2 était de dix-neuf accidents corporels, cinq tués et trente blessés. Au cours de l'année 2011, cette route a été le théâtre de vingt et un accidents corporels et un tué et vingt-cinq blessés sont à déplorer. Dans le seul mois qui vient de s'écouler, hélas, trois morts et autant de blessés graves doivent déjà être dénombrés. Parmi ces morts figure un élu, Michel Lefèvre, alors vice-président du conseil général de l'Aisne, lui-même fortement impliqué dans la défense de ce dossier. Je veux en cet instant lui rendre hommage ainsi qu'à toutes les autres victimes.
Est-il besoin de relayer les avis des riverains et des utilisateurs pour lesquels « la RN2 n'est ni accidentogène, ni dangereuse, mais simplement mortelle à chaque instant » ?
Lors de son déplacement dans l'Aisne, entre les deux tours de l'élection présidentielle, le nouveau Président de la République avait assuré « qu'il ne pouvait pas y avoir de développement sans infrastructures ferroviaires et routières, qu'aucun territoire ne devait se situer dans l'enclavement, et que pour la RN2, l'État ferait les efforts nécessaires, indispensables pour les entreprises et les particuliers ».
Nous nous réjouissons de ce constat reconnu, maintes fois proclamé, du frein que cet axe endommagé représente pour la sécurité des passagers et pour l'emploi.
Dans ce souci du « besoin de solidarité territoriale demandé par tous », selon les propos de François Hollande, je vous demande donc, monsieur le ministre, de bien vouloir nous préciser les ambitions du Gouvernement à l'égard de ce projet vital et les actions programmées pour le doublement de la RN2, à commencer par le financement immédiat des études de mise à 2x2 voies des sections qui ne le sont pas encore, c'est-à-dire de celles qui sont situées entre Laon et Maubeuge.