Madame la ministre, je souhaite attirer votre attention sur l'avenir du centre météorologique du mont Aigoual, dans le département du Gard, à la suite de la réorganisation des activités et des tâches de Météo France sur l'ensemble du territoire.
Alors même que Météo France réaffirme l'importance de ses missions de sécurité dans son dernier rapport d'activité, l'observatoire météorologique de l'Aigoual, situé au cœur des Cévennes, si souvent exposées à des phénomènes météorologiques dangereux, s'est vu retirer, le 1er juin dernier, la responsabilité des bulletins de prévision, rédigés et enregistrés quotidiennement à l'observatoire, au profit, de manière transitoire, du centre météorologique territorial de Nîmes-Montpellier.
Ces bulletins sont déterminants pour les institutionnels, lors de situations sensibles, et pour la prévention, mais aussi et surtout pour la gestion des situations de crises, notamment en cas d'épisode dit de type « cévenol ».
L'efficacité et l'expérience des professionnels sur place à l'année ne sont pas à démontrer et font de cette station, depuis plus de cent quinze ans, un maillon indispensable de la prévision météorologique pour la région Languedoc-Roussillon.
Malheureusement, la suppression des bulletins quotidiens n'est que l'élément le plus visible du retrait de Météo France de ce centre, qui est pourtant, de l'avis de tous, l'une de ses principales vitrines. En effet, des doutes subsistent également quant à la mise à niveau de ses équipements techniques, notamment au travers de l'installation du nouveau logiciel d'exploitation, pourtant déjà installé sur tout le reste du réseau depuis le 1er juin. Par ailleurs, des inquiétudes se font jour quant au remplacement des personnels partant en retraite. Ce sont plus que des inquiétudes, puisque, de fait, ils ne sont pas remplacés.
Tous ces éléments, notamment la perte du bulletin quotidien, laissent présager un avenir sombre pour ce lieu emblématique de l'observation et de la prévision météorologiques.
Par ailleurs, outre l'aspect prévision, l'observatoire est visité chaque année par plus de 300 000 personnes. Les collectivités locales, au premier rang desquelles la communauté de communes de l'Aigoual, ont beaucoup investi en moyens humains et financiers, en cogérant notamment le météo-site et en organisant des festivals et des expositions. Une convention partenariale entre Météo France et la communauté de communes, signée en 2011 pour cinq ans, lie les deux parties.
Sans perspective ni engagement de la part de Météo France au-delà de cette période, il est problématique pour les élus de poursuivre les investissements envisagés sur ce site, incluant notamment un projet de muséographie et la création d'un espace dédié au changement climatique, qui serait le premier de ce type dans notre pays.
Madame la ministre, vous l'avez donc compris, cette station est un véritable poumon pour nos Cévennes et les retombées économiques y sont considérables. Son efficacité technique n'est, de surcroît, plus à démontrer.
C'est pourquoi, je souhaiterais que vous puissiez apporter des garanties quant à votre volonté de maintenir les activités du centre météorologique du mont Aigoual, vitrine de Météo France et, pour longtemps, je l'espère, dernier observatoire de France encore habité.