Monsieur le sénateur, permettez-moi d'abord d'excuser Arnaud Montebourg, retenu ce matin à Bercy où il reçoit tous les opérateurs de Télécom et qui ne peut être présent au Sénat.
Votre question concerne un sujet que je connais bien. EADS est en effet basée dans ma région et beaucoup de sous-traitants de mon département travaillent pour cette entreprise.
Leader européen dans les domaines de l'aéronautique et de la défense, EADS figure parmi les principales sociétés du secteur sur le plan mondial. Avec un chiffre d'affaires et un nombre d'employés qui ont augmenté de manière significative ces dernières années, le succès d'EADS a démontré la pertinence de la décision prise en 2000 par le gouvernement de Lionel Jospin de constituer, avec nos partenaires allemands et espagnols, une société d'envergure mondiale à même de faire face aux champions nord-américains du secteur, en particulier Boeing. Cette société pourrait être prise en exemple pour d'autres projets de rapprochement sur le plan européen.
Le succès rencontré par EADS au cours des dix dernières années ne devrait pas se démentir. Il est notamment porté par le développement du secteur de l'aviation civile sur le plan mondial et la réussite de sa principale filiale Airbus, qui dispose d'un carnet de commandes de plus de 4 400 appareils. Ce succès profite à l'ensemble de la filière aérospatiale française, qui représente plus de 300 000 personnes et qui constitue le premier secteur exportateur du pays avec 18 milliards d'euros d'excédent commercial.
En tant que fer de lance de cette filière, EADS se doit d'être exemplaire et de soutenir l'ensemble des entreprises de la filière dans leur développement. Je pense en particulier aux PME, qui peuvent être confrontées à des difficultés pour financer leur croissance. À ce titre, je salue l'engagement que viennent de prendre les industriels de l'aéronautique au sein du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales, le GIFAS, d'allonger à six mois la période des commandes fermes adressées à leurs sous-traitants. Une telle mesure prise en concertation avec les banques est de nature à faciliter le financement du besoin de fonds de roulement de la supply chain.
L'annonce récente par Airbus de l'implantation d'une usine d'assemblage aux États-Unis peut être saluée comme une démonstration de la réussite de la filière aéronautique européenne dans son ensemble et, en particulier, du dynamisme d'Airbus pour améliorer sa position de marché. Les sites européens d'Airbus et la filière européenne dans son ensemble devraient pleinement bénéficier des retombées positives en termes de volume d'activité attendues de cette usine.
Cet investissement aux États-Unis doit permettre à Airbus de conquérir des parts de marché aux États-Unis, mais également de créer des emplois dans l'ensemble de la chaîne de sous-traitance française et européenne. Le Gouvernement fera preuve d'une grande vigilance et veillera à ce que cet investissement ne se fasse en aucun cas au détriment des sites européens d'Airbus et de la filière aéronautique européenne et française.
L'année 2012 a marqué une étape dans l'histoire du groupe, avec la prise de fonctions, en application du principe d'alternance des nationalités, de M. Thomas Enders, qui a succédé, le 31 mai dernier, à M. Louis Gallois à la présidence exécutive d'EADS. Je souhaite ici saluer le bilan remarquable de M. Gallois à la tête de la société et encourager M. Enders à poursuivre en ce sens, dans le respect de l'équilibre franco-allemand au sein de la société.
Je me félicite par ailleurs de la décision prise récemment par M. Enders de regrouper à Toulouse le siège d'EADS, dont les différentes fonctions sont actuellement localisées à Paris et Munich. Cette décision souligne le rôle moteur que joue la France dans le domaine aérospatial, plus particulièrement la région Midi-Pyrénées, qui accueille d'ores et déjà la direction d'Airbus.
Du fait du caractère stratégique que représente la société pour la France, que ce soit sur le plan industriel, où il joue un rôle moteur pour l'ensemble de la filière, ou dans le domaine de la défense, où il contribue à la dissuasion nucléaire, l'État entend maintenir sa participation au capital de la société et continuer à l'accompagner dans son développement, en tant qu'actionnaire, bien sûr, mais aussi dans le cadre des différents dispositifs de soutien mis en place dans le domaine de la recherche et développement ou du financement à l'exportation.