Intervention de Dominique Bertinotti

Réunion du 17 juillet 2012 à 9h30
Questions orales — Urgence médicale en milieu rural

Dominique Bertinotti, ministre déléguée auprès de la ministre des affaires sociales et de la santé, chargée de la famille :

Monsieur le sénateur, je me permets d'excuser à nouveau l'absence de Mme Touraine, à qui votre question était destinée.

Nous sommes d'accord avec votre constat. Le gouvernement précédent nous a laissé une situation très difficile en matière d'accès aux soins, notamment en zones rurales.

Plus de 7 % de nos concitoyens habitent dans des zones dont la densité médicale est préoccupante. Notons qu'ils sont deux millions de plus qu'il y a cinq ans. Compte tenu du départ à la retraite des générations du baby-boom, l'avenir est préoccupant.

Nous savons tous que le départ à la retraite d'un médecin, surtout dans les territoires ruraux, est une inquiétude majeure pour la population.

La priorité est de répondre aux situations d'urgence vitale, dans lesquelles le temps d'accès à des soins urgents est primordial pour préserver des vies. C'est la raison pour laquelle le Président de la République a fixé un délai de trente minutes pour l'accès aux soins urgents.

Les agences régionales de santé ont déjà reçu instruction de réaliser un diagnostic et d'identifier des solutions à mettre en œuvre pour tenir cet engagement.

Au-delà de ces situations extrêmes d'urgence vitale, qui sont heureusement rares, l'accès aux soins courants, c'est-à-dire à un médecin généraliste, doit être assuré partout.

Pour enrayer le processus de désertification médicale, nous ne croyons pas à l'efficacité des mesures coercitives en matière d'installation, surtout si elles ne concernent qu'une partie des professionnels, les plus jeunes, contraints d'assumer à eux seuls toutes les limites actuelles du système.

Il faudra être innovant et, au besoin, faire sauter quelques tabous pour répondre aux réelles attentes des jeunes médecins, à qui nous devons donner l'envie d'exercer ce magnifique métier. Pour cela, nous devons mettre en place les conditions concrètes qui le rendent possible : travail en équipes, horaires décents, installation facilitée pour les médecins libéraux ou nouvelles formes d'exercice, implantation de maisons, de pôles ou de centres de santé le cas échéant, mobilisation des hôpitaux de proximité, parcours professionnels diversifiés.

Nous devrons inventer de nouvelles solutions, en liaison avec les élus locaux, pour attirer les professionnels de santé là où nous avons réellement besoin d'eux.

À cet égard, la formation constitue un levier majeur. Il s'agira par exemple de faire découvrir le métier de généraliste tôt dans les études de médecine en rendant effectifs les stages de deuxième cycle chez les praticiens libéraux.

Nous développerons aussi le nombre de contrats d'engagement de service public pour les étudiants, afin que, en contrepartie des bourses versées, ils s'installent dans des zones en difficulté. La ministre des affaires sociales et de la santé a ainsi décidé d'augmenter de 7 % leur nombre pour la prochaine rentrée.

Enfin, si dans certaines situations extrêmes l'initiative libérale faisait réellement défaut, le service public, comme il le fait partout ailleurs, serait mobilisé pour offrir l'accès aux soins légitimement attendu par les populations.

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