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Mon cher collègue, je suis entièrement d’accord avec vous : en tant qu’historien, je ne peux qu’être favorable à l’ouverture des archives. Mais ce n’est pas nous qui décidons ! Ouvrons donc les archives, …
… en étudiant qui a fait quoi et dans quelles circonstances. Sur ce point, tout le monde est d’accord : la vérité historique doit être dite. Ouvrons les archives, étudions les instructions qui ont été données. De fait, monsieur Laurent, vous affirmez que le préfet de police a déclaré : « Pour un coup porté, dix seront rendus. » Pardonnez-moi d’apporter cette précision devant la Haute Assemblée : ces mots n’ont pas été adressés en instruction à la police nationale le 17 octobre. Ils ont été prononcés le 10 octobre 1961 aux obsèques du brigadier-chef Demoën...
... et tous les extrémistes commettent des attentats. Lorsqu’ils tuent, ils tuent d’abord des policiers : de fait, c’est la police qui est visée, et les commandos du FLN ont reçu des instructions très claires pour viser en priorité les forces de l’ordre. Il ne faut pas réécrire l’histoire ! En outre, vous le savez parfaitement, nous sommes face à un vrai sujet – et j’espère que le dépouillement des archives nous permettra de l’étudier plus en profondeur – je veux parler des dissensions entre, d’une part, le GPRA, qui demande une trêve jusqu’à la fin des négociations, et, de l’autre, la fédération FLN de Paris de Mohammedi Saddek, qui déclare : « Nous, nous continuons ! ». Autrement dit, le GPRA demande aux Français musulmans de respecter le couvre-feu qui a été instauré à Paris pour empêcher les at...
...u’en 1962. Bref, c’était un pouvoir légal, légitime, les gouvernants n’étaient pas des gouvernants de rencontre et n’avaient pas été imposés par l’ennemi. Monsieur Laurent, vous vous insurgez contre des propos jugeant inacceptable qu’on mette en cause la police de la République. Je me permets donc de vous renvoyer aux résultats des élections syndicales dans la police – cela aussi figure dans les archives, et celles-ci n’ont rien de secret !– au début des années soixante : la gauche recueille 80 % des voix ! Alors, d’où sortaient-ils, ces policiers ? À 80 %, ils votent pour des syndicats de gauche et, quand ils sont confrontés à une manif’, ils deviennent des espèces de monstres ? Bien sûr que non !
Il faut savoir respecter l’histoire sans la dénaturer. Qu’on ouvre les archives, parfait ! Que chacun assume ce qu’il a à assumer, après une étude historique objective, parfait ! Que les choses se fassent dans la clarté, l’historien que je suis en sera ravi ! Qu’on ait accès à tout, qu’il n’y ait plus de documents classés et, de ce fait, non consultables, j’en suis d’accord ! Et, lorsque la vérité aura été établie, on verra que, en 1961, s’il y a évidemment eu des dérives, d...
J’aimerais vous entendre aussi sur tous les massacres, toutes les responsabilités, celles des Harkis et des autres protagonistes. Je souhaite que toute la vérité soit faite, sur tous les sujets, et que l’on ouvre les archives. Pour autant, vouloir reconnaître comme vous le faites la responsabilité de la République, c’est, quelque part, mettre en cause les institutions de la République et la police républicaine. Oui, comme Christian Jacob, j’ose le dire.