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Interventions sur "l’histoire" de Roger Karoutchi


11 interventions trouvées.

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, réécrire l’histoire, ce n’est pas établir la vérité historique ! Or, je vous l’avoue, je suis un peu mal à l’aise face au texte qui nous est présenté aujourd’hui.

Chère collègue, écoutez-moi avant de réagir ! Je suis mal à l’aise car, comme d’autres, je suis né au Maroc avant de gagner la métropole, sans pour autant avoir jamais manifesté de réactions ou éprouvé de sentiments négatifs à l’égard du pays d’où je venais. Je suis mal à l’aise car, dans l’histoire, il ne faut pas garder ce qui arrange et laisser de côté ce qui ennuie. Il faut tout prendre. M. Laurent évoque 1961 et affirme : « Le gouvernement gaulliste a été dénoncé, peut-être même a-t-il couvert certains des agissements de l’OAS. » Pardonnez-moi, mon cher collègue, de vous faire remarquer gentiment que les tentatives d’assassinat de l’OAS étaient plutôt menées contre le général de Gaulle...

Que le préfet de police déclare, aux obsèques d’un policier tué par le FLN : « Oui, je veux protéger la police », ce n’est pas condamnable ! Je le répète, il ne faut pas faire de l’histoire à sens unique. D’ailleurs, les syndicalistes policiers de l’époque – souvent classés plutôt à gauche – notamment le fameux Gérard Monate, déclaraient alors : « Il faut protéger la police ! »

...sont blessés, des familles sont brisées… C’est la lutte contre l’OAS, qui n’épargne pas le régime gaulliste. Le FLN, le MNA et tous les extrémistes commettent des attentats. Lorsqu’ils tuent, ils tuent d’abord des policiers : de fait, c’est la police qui est visée, et les commandos du FLN ont reçu des instructions très claires pour viser en priorité les forces de l’ordre. Il ne faut pas réécrire l’histoire ! En outre, vous le savez parfaitement, nous sommes face à un vrai sujet – et j’espère que le dépouillement des archives nous permettra de l’étudier plus en profondeur – je veux parler des dissensions entre, d’une part, le GPRA, qui demande une trêve jusqu’à la fin des négociations, et, de l’autre, la fédération FLN de Paris de Mohammedi Saddek, qui déclare : « Nous, nous continuons ! ». Autrem...

Il faut savoir respecter l’histoire sans la dénaturer. Qu’on ouvre les archives, parfait ! Que chacun assume ce qu’il a à assumer, après une étude historique objective, parfait ! Que les choses se fassent dans la clarté, l’historien que je suis en sera ravi ! Qu’on ait accès à tout, qu’il n’y ait plus de documents classés et, de ce fait, non consultables, j’en suis d’accord ! Et, lorsque la vérité aura été établie, on verra que, e...

Ben voyons ! Je dis simplement que mettre en cause la police pour les événements de 1961, cela n’a pas de sens ! On ne peut pas dire que l’histoire de France ait toujours été parfaitement sereine… Il y a eu beaucoup de souffrances, beaucoup de sang, beaucoup de malheurs, beaucoup de misère, et dans tous les camps. Mais cette histoire, c’est la nôtre. La République, c’est la nôtre. Si vous voulez, pour chaque épisode, trouver des responsables et mettre en cause la responsabilité de la République, je vous le dis sincèrement, la République, ell...

Sans faire preuve de juridisme excessif, je tiens à formuler quelques observations. Faut-il des lois mémorielles ? Quel est le rôle des historiens, des politiques, du Parlement ? Pour avoir été, dans une vie antérieure, à Aix-en-Provence, le disciple de l’un des plus grands spécialistes de l’histoire turque, Robert Mantran – j’ai d’ailleurs beaucoup travaillé avec lui –, je peux vous dire que ces questions n’ouvrent qu’un faux débat. Comment peut-on demander aux historiens de prendre la responsabilité de faire des choix politiques ? Les responsables politiques ont-ils peur de les faire eux-mêmes ?

...les événements n’appartenait pas aux historiens. Or si elle n’appartient ni aux historiens ni aux acteurs politiques, à qui appartient-elle ? Aux victimes ? Le texte dont nous sommes aujourd'hui saisis introduit la notion de contestation « outrancière », et c’est tout à fait cohérent. J’entends ce qui se dit sur la Turquie. Alors, je le précise d’emblée : je suis un admirateur inconditionnel de l’histoire de l’Empire ottoman ! Je n’oublie pas – Mme Benbassa sera sans doute d'accord avec moi sur ce point – que la Sublime Porte recevait les parias à l’époque de l’Inquisition, que l’Empire turc accueillait les protestants chassés de France par la révocation de l’édit de Nantes et que ce pays s’est montré dans son histoire bien plus tolérant que nombre d’États d’Europe occidentale !

Mais, et je le dis au gouvernement turc, toute histoire, y compris l’histoire de France, ne peut malheureusement pas être seulement glorieuse. Il y a parfois des souillures qu’il faut reconnaître pour aller de l’avant. À cet égard, la déclaration que Jacques Chirac a faite en 1995 est à l’honneur de l’ensemble des Français. Tout comme il est à l’honneur du gouvernement turc d’avoir rouvert le dossier et accepté de discuter avec les intellectuels voilà quelques années.

...pire ottoman n'a de leçons à recevoir ni de nous ni de personne ! De Osman Ier jusqu’à Bayezid Ier, de Soliman le Magnifique jusqu’à Selim le Grand, tous ont été des exemples de liberté, de tolérance, d'ouverture. Oui, bien des conseillers de ces sultans étaient des chrétiens ou des juifs et il est vrai que ces communautés, qui étaient persécutées ailleurs, furent protégées par la Sublime Porte. L’histoire est là. En 1919, les tribunaux turcs ont condamné ce qui s’était passé en 1915 en punissant de mort ceux qui en étaient les auteurs. Il n'y a pas de remise en cause ni de la puissance turque ni du rôle de la Turquie. Aujourd'hui, les dirigeants turcs héritiers d’Atatürk n'ont pas à dire qu'ils sont responsables de ce qui s’est passé voilà cent ans.