M. Robert Del Picchia. Le déplacement au Tchad de M. de Villepin au cours du mois de février dernier a souligné l'intérêt que la France porte à ce pays.
Voilà encore quelques semaines, le Tchad semblait pouvoir enfin se consacrer à son développement grâce à une situation politique intérieure apaisée et aux revenus tirés des gisements de pétrole situés au sud du pays, pétrole qui commence d'ailleurs à être exporté par le terminal de Kribi, situé au Cameroun.
Or, monsieur le secrétaire d'Etat, des troubles ont récemment éclaté à N'Djamena et paraissent impliquer certaines forces militaires tchadiennes.
Il apparaît également que l'utile médiation exercée par le président Déby entre les différents protagonistes de la crise surgie au Darfour, la province soudanaise située à la frontière orientale du Tchad, soit à l'origine de cette révolte, que nous espérons, bien sûr, sans lendemain.
Pouvez-vous, monsieur le secrétaire d'Etat, nous apporter quelques éléments d'analyse sur la situation actuelle de ce pays, dont l'équilibre intérieur nous importe d'autant plus qu'un millier de nos militaires y sont présents, notamment pour faire face aux urgences qui pourraient surgir sur le continent africain ?
M. Renaud Muselier, secrétaire d'Etat aux affaires étrangères. Monsieur le sénateur, vous avez parfaitement raison : la stabilité du Tchad constitue un enjeu majeur, pour la région bien sûr, qui a besoin de partenaires solides dans un contexte marqué par de nombreuses crises, que ce soit au Darfour ou en Centre Afrique, et pour le pays lui-même, qui pourra ainsi concentrer ses efforts sur le développement économique et la lutte contre la pauvreté, au moment où d'importants revenus pétroliers lui offrent de nouvelles perspectives économiques.
Bien entendu, nous avons condamné très fermement la tentative de déstabilisation dont le chef de l'Etat a été récemment l'objet. Nous avons réitéré le soutien de la France aux autorités légales. Le ministre de la coopération, M. Xavier Darcos, sera ce soir à N'Djamena et fera le point sur la situation avec le président Déby.
Je voudrais saluer la courageuse médiation entreprise par le président Déby face à la crise du Darfour. Cette médiation a abouti à l'accord du 8 avril, signé à N'Djamena. J'étais au Tchad à ce moment-là et j'ai assisté à ces négociations. Ma présence a marqué sans réserve l'appui de la France à ce processus de réconciliation entre toutes les forces soudanaises. La France entend soutenir la mise en oeuvre de cet accord et veiller à son application pleine et entière.
Tous ces événements ne peuvent que nous inciter à rester particulièrement mobilisés dans nos efforts pour trouver une issue rapide à la crise du Darfour.
Le Premier ministre m'a confié, vous le savez, la mission de m'occuper des crises d'urgence humanitaires. C'est la raison pour laquelle, en accord avec Michel Barnier, ministre des affaires étrangères, je me rendrai dans le courant du mois de juin dans la région, au Soudan, au nord et au sud, et au Darfour, puisque nous faisons face à une situation humanitaire que certains décrivent comme catastrophique. Naturellement, il faut tenter de régler le problème avec l'accord des Soudanais et de la communauté internationale.
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