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Joël Bourdin
Question d'actualité au gouvernement N° 460 au Ministère du commerce


Chiffres du commerce extérieur

Question soumise le 18 février 2005

M. Joël Bourdin. Ma question s'adresse à M. le ministre délégué au commerce extérieur.

Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, le solde du commerce extérieur est un bon indicateur de la vitalité économique d'un pays.

M. René-Pierre Signé. C'est vrai !

M. Joël Bourdin. Lorsque l'on exporte des biens et services, on exporte indirectement du travail national ; lorsqu'on importe des biens et des services, on importe du travail extérieur. Tout compte fait, mieux vaut que la balance soit excédentaire, ce qui traduit une mobilisation des emplois nationaux, plutôt que déficitaire ; mieux vaut, bien sûr, que l'excédent augmente et que le déficit diminue.
(Sourires sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.)

M. François Marc. Cela vaut mieux, effectivement !

M. Jean-Pierre Sueur. C'est évident !

M. Joël Bourdin. C'est peut-être évident, mais je souhaitais le rappeler !

Or, mes chers collègues, que constate-t-on ? Notre commerce extérieur, dont le rythme de croissance était soutenu entre 1995 et 2000,...

M. René-Pierre Signé. Sous la gauche !

M. Joël Bourdin. ...plafonne depuis lors, en dépit d'un sursaut en 2004.

M. Raymond Courrière. C'est le désastre !

M. Joël Bourdin. Le fort excédent que nous enregistrions...

M. René-Pierre Signé. Sous la gauche !

M. Joël Bourdin. ... a commencé de se réduire. L'an dernier, nous avons connu un déficit relativement important, historique au regard des dix dernières années, s'élevant à 7,8 milliards d'euros. D'où mon inquiétude.

Je vous poserai donc trois questions, monsieur le ministre.

D'abord, quelle part de la dégradation de notre commerce extérieur est-elle imputable à l'appréciation de l'euro par rapport aux autres monnaies - le dollar, la livre sterling, le yen, le yuan -, étant bien entendu que nos échanges sont importants avec l'Europe. Néanmoins, j'observe qu'avec la Chine - il est question ici du rapport entre euro et le yuan - le déficit est croissant.

Ensuite, les coûts relatifs de la France par rapport à ceux des autres pays ont-ils une responsabilité dans la formation de ce déficit ? En d'autres termes, nos coûts progressent-ils davantage que ceux des autres pays ?

Enfin,...

M. René-Pierre Signé. Cela fait beaucoup de questions !

M. Joël Bourdin. ...le surcoût pétrolier aura beaucoup pesé en 2004. Quelle part occupe la hausse des prix du pétrole dans le déficit pour cette année ?
(Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

M. le président. La parole est à M. le ministre délégué.

Réponse émise le 18 février 2005

M. François Loos, ministre délégué au commerce extérieur. Monsieur le sénateur, le solde de l'année 2004 aura effectivement été déficitaire ...

M. René-Pierre Signé. Un déficit désastreux !

M. François Loos, ministre délégué. ... mais, comme je l'ai dit, il s'agit d'un déficit « dynamique » (Rires sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.), alors que, ainsi que vous l'avez rappelé, la situation depuis 2000 était flat.

M. Jean-Pierre Sueur. En français, monsieur le ministre, on dit « plate » !

M. François Loos, ministre délégué. En effet, tant les importations que les exportations restaient stables. En 2004, les unes et les autres ont augmenté. Les exportations, pour leur part, ont enregistré une hausse de 5,6 %, ce qui est une excellente nouvelle pour notre pays, puisque l'emploi de six millions de personnes en dépend.

S'il est vrai que la Grande-Bretagne et l'Espagne ont un déficit commercial considérable, celui de la France étant moins important, nous sommes, en revanche, les trois pays de l'Union européenne où la croissance est la plus forte.

M. René-Pierre Signé. Et où il y a le plus de chômeurs !

M. François Loos, ministre délégué. En effet, lorsque la consommation croît - et elle a augmenté de 2,5 % cette année -, les importations augmentent en conséquence. Quand la consommation des ménages est évaluée à 800 milliards d'euros, il faut déduire de cette somme - je vous invite à faire le calcul - une part d'importations.

Par ailleurs, la hausse très importante en 2004 du prix du pétrole, qui ne vous a pas échappé - c'était l'objet de votre troisième question, monsieur le sénateur - entraîne un surcoût de 6 milliards d'euros cette année. Si, de la balance commerciale, c'est-à-dire de la différence entre 348 milliards et 340 milliards d'euros, je soustrais le surcoût énergétique, j'obtiens un excédent de 14,5 milliards d'euros.
(Exclamations sur les travées du groupe CRC et du groupe socialiste.)

M. Jacques Mahéas. Tout ce qui est déficitaire devient excédentaire !

M. François Loos, ministre délégué. Cela veut dire que nos industries, qui sont le baromètre de l'économie et de la compétitivité de notre pays, face à une concurrence en dollars, monnaie qui s'est encore dépréciée de 10 % l'année dernière, ont réussi à dégager un excédent commercial de 14,5 milliards d'euros, ce qui est quand même assez intéressant.
(Nouvelles exclamations sur les mêmes travées.)

M. Adrien Gouteyron. Belle démonstration !

M. François Loos, ministre délégué. Cependant, je ne veux pas faire d'angélisme et dire que « tout va très bien, madame la marquise » ! Mais il est clair que certains secteurs sont très bien placés : ainsi, l'automobile et l'aéronautique ont produit en 2004 des excédents commerciaux supérieurs à 11 milliards d'euros. L'automobile, qui, en s'internationalisant, a en même temps réussi à créer des emplois en France, est au premier rang en termes d'excédent commercial dans notre pays.

M. le président. Veuillez conclure, monsieur le ministre !

M. François Loos, ministre délégué. D'un autre côté, il est vrai que, s'agissant des biens de consommation, la France ne se développe pas assez vite. Nous allons donc aider ce développement en mettant en place des plans d'action sectoriels.

Nous pouvons tirer profit de la mondialisation, mais la dépréciation de 10 % du dollar et la hausse du prix du pétrole affectent nos échanges. Il n'en demeure pas moins que le baromètre industriel est positif de 14,5 milliards d'euros, monsieur le sénateur. (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'UC-UDF, ainsi que sur certaines travées du RDSE. - (Exclamations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.) )

M. le président. Nous en avons fini avec les questions d'actualité.

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