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Jean-Marc Pastor
Question écrite N° 21434 au Ministère de l'économie


TVA dans l'hôtellerie-restauration

Question soumise le 26 janvier 2006

Les dirigeants européens ne sont pas parvenus à un accord sur la baisse de la TVA dans l'hôtellerie-restauration, et la décision a été reportée à la réunion des ministres des finances de l'Union européenne du mois de janvier 2006. Pourtant, le Président de la République s'était engagé lors de la campagne électorale de 2002 à faire baisser la TVA dans ce secteur de 19,6 % à 5,5 %. Dans la mesure où il semble peu probable que les vingt-cinq Etats membres s'accordent sur ce sujet, M. Jean-Marc Pastor interroge M. le Premier ministre sur le point de savoir si la Commission ne pourrait finalement arbitrer en considérant que la décision appartient aux Etats membres dans la mesure où il n'y aurait pas de perturbation du marché unique : la concurrence serait-elle faussée parce que la France adopterait un taux de TVA à 5,5 % dans l'hôtellerie-restauration ? Si la réponse à cette question est non, l'hôtellerie-restauration pourrait ainsi rejoindre la liste des services à haute intensité de main-d'oeuvre qui peuvent bénéficier depuis 1999 d'une TVA réduite.

Réponse émise le 30 mars 2006

Malgré les signes encourageants qui ont pu être donnés par nos partenaires au cours de ces trois années de négociation et la détermination très forte du Gouvernement de les rallier à sa proposition d'extension du taux réduit de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) aux services de restauration, le conseil des ministres des finances de l'Union européenne qui s'est tenu le 24 janvier dernier n'a pas débouché sur l'accord unanime qui aurait permis l'application de cette mesure dans le respect du droit communautaire. Cela étant, le compromis obtenu prévoit qu'une étude sera confiée à des experts indépendants afin d'évaluer l'impact que pourrait avoir sur le marché intérieur l'application de taux réduits sur les services qui sont fournis localement. Il est important de relever que le cahier des charges de cette étude comporte, à la demande de la France, une mention spéciale sur les services de restauration. Si ce rapport, qui doit être remis à la Commission avant la fin du premier semestre 2007, conclut, comme le Gouvernement le croit, que des mesures de ce type n'induisent pas de perturbations dans le bon fonctionnement du marché intérieur mais permettent, au contraire, de soutenir la croissance et l'emploi, la France disposera d'arguments de poids pour relancer les négociations sur ces nouvelles bases. Dans l'attente, il ne peut être envisagé d'introduire dans notre législation une disposition permettant l'application du taux réduit de la TVA aux services de restauration en se dispensant de l'accord de nos partenaires européens. Le principe de subsidiarité ne saurait en effet être utilement invoqué pour justifier une telle démarche car, sur le plan juridique, et pour légitime qu'elle puisse paraître, cette initiative serait immanquablement vouée à l'échec dès lors qu'elle constituerait une violation manifeste de la sixième directive TVA. Elle exposerait la France à un contentieux dont l'issue défavorable ne fait pas de doute. L'argument tendant à démontrer que ce texte irait au-delà des objectifs du traité instituant la Communauté européenne, qui devrait nécessairement être invoqué à l'appui d'une telle démarche, ne pourrait en aucun cas être admis par la Cour de justice des communautés européennes, qui a toujours considéré qu'une directive fait écran au traité. Une telle action ne pourrait donc se solder que par l'obligation de relever le taux qui aurait été unilatéralement baissé, avec le risque de devoir demander aux restaurateurs le remboursement de l'aide indûment accordée. De plus, elle affaiblirait très probablement la position de la France lorsque les négociations pourront reprendre sur ce dossier. C'est la raison pour laquelle la voie de la négociation demeure, en dépit du refus actuellement opposé par nos partenaires, celle qui doit être privilégiée pour réaliser cette évolution.

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