M. Richard Yung interroge M. le ministre des affaires étrangères et européennes sur la situation qui est de plus en plus tendue au Kenya. Environ 130 personnes ont été tuées (chiffres officiels) en trois jours le week-end dernier dans la vallée du Rift. Les deux camps sont plus que jamais retranchés dans leurs positions malgré les tentatives internationales de conciliation. Il est à craindre maintenant que les bandes s'arment davantage et s'attaquent, entre autres, aux quartiers où résident les communautés étrangères. Il est donc légitime de s'inquiéter de la situation de la communauté française. Certains de ses membres ont par exemple été choqués par le fait que le lycée Diderot soit resté ouvert lors de journées de manifestations violentes annoncées. Il lui demande de lui indiquer quels dispositifs sont mis en place à la fois à Paris et à Nairobi pour être prêt à une réponse immédiate en cas de nécessité de protéger et d'évacuer les ressortissants français.
Le ministère des affaires étrangères et européennes a pris toute la mesure de la crise kenyane, qui a fait au total quelque 1 500 morts et 600 000 déplacés (300 000 dans des camps). Les violences ont été de deux sortes : politico-sociales d'une part, et socio-ethniques de l'autre. Elles n'ont jamais menacé de s'étendre aux communautés étrangères du pays. Aucune victime étrangère n'a été déplorée (hormis deux binationaux germano-kenyans, d'origine kenyane, résidant sur place et victimes de banditisme). Par ailleurs, les violences ont été limitées à certaines régions et à certains quartiers des grandes villes. A Nairobi, la zone où se trouve le lycée Diderot est toujours restée calme. Ce sont les grands bidonvilles de la capitale qui ont connu de graves violences. En ce qui concerne les autres zones, une cellule consulaire a été déployée à Mombasa pour aider les Français qui le souhaitaient à regagner la France, sans qu'aucun mot d'ordre d'évacuation ne soit donné, la situation ne le justifiant pas. Le site « conseil aux voyageurs » du ministère des affaires étrangères et européennes a été constamment surveillé et souvent remis à jour, précisant par zone et même par ville, les agglomérations ou les quartiers à éviter. Comme vous le savez un accord de règlement politique a été signé par les parties le 28 février et les amendements constitutionnels qui en ont découlé ont été adoptés par le Parlement le 18 mars et signés par le président Kibaki. La crise politique semble donc en voie de résolution. Des tensions sociales persistent néanmoins. Le site « conseil aux voyageurs » continue donc d'afficher une certaine prudence, déconseillant certains quartiers de Nairobi et les déplacements dans l'ouest du pays. La situation est suivie de près par le poste et les services compétents du ministère.
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