M. Yves Krattinger appelle l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur les vives inquiétudes exprimées par les enseignants de sciences économiques et sociales (SES) quant au devenir de leur discipline et aux modalités de son enseignement.
L'enseignement des SES, plébiscité aujourd'hui par plus de 40% des élèves de seconde, est directement menacé par le projet de réforme du lycée. Préparé dans le cadre d'un calendrier très serré, rendant la procédure peu démocratique (la concertation et le projet doivent être terminés pour décembre 2008), ce projet prévoit notamment l'éclatement de cette discipline en de multiples modules enseignés sur un semestre. Ce choix reviendrait à priver les élèves d'une formation à l'économie, la sociologie et la science politique pourtant essentielle à leur compréhension du monde.
Alors que cette filière offre de nombreux débouchés post-bac et que ses effectifs sont en augmentation, le Gouvernement laisse entendre que l'enseignement de cette science risque de disparaître.
Il lui demande par conséquent de bien vouloir lui indiquer les intentions réelles du Gouvernement sur ce sujet et de procéder au dialogue et à la concertation nécessaires à la mise en œuvre d'une telle réforme.
Le contenu de l'enseignement des sciences économiques et sociales a fait l'objet d'un travail d'analyse entrepris par une commission présidée par Roger Guesnerie, professeur au Collège de France, de février à juin 2008. Cette commission, conformément à la demande du ministre de l'éducation nationale, avait une mission d'audit des programmes et des manuels de sciences économiques et sociales du lycée. Le ministre demandait en particulier à la commission de s'assurer du respect de la pluralité des courants de pensée constitutifs du domaine des sciences économiques et sociales ainsi que de la qualité des supports pédagogiques utilisés. La commission devait, par ailleurs, réfléchir à la pertinence et la cohérence des programmes au regard des exigences de formation de citoyens éclairés et de préparation à des études supérieures. Cette commission était invitée à faire toutes les propositions utiles pour améliorer la qualité de ces programmes. D'ores et déjà, des recommandations de la commission ont été prises en compte lors de la mise en oeuvre de la réforme des lycées. Ainsi est-il prévu d'intégrer les sciences économiques et sociales, dès la classe de seconde, au sein d'un groupe de disciplines dénommées « sciences de la société » dont l'enseignement sera modulaire. Les élèves qui le souhaitent pourront ainsi suivre un enseignement de SES de 3 heures par semaine, pendant un ou deux semestres (l'horaire actuel étant de 2 h 30, en enseignement optionnel). Un groupe d'experts est mis en place par la direction générale de l'enseignement scolaire pour travailler à l'élaboration des nouveaux programmes de la classe de seconde.
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