La parole est à M. Jean-Claude Etienne.
(Applaudissements sur les travées de l'UMP.)
M. Jean-Claude Etienne. Ma question s'adresse à M. Luc Chatel, secrétaire d'État chargé de l'industrie et de la consommation.
La filière automobile se trouve confrontée à des difficultés majeures.
Or elle représente un salarié sur dix en France, soit près de 2,5 millions d'emplois, parmi lesquels 275 000 relèvent de la construction automobile stricto sensu. Les autres emplois, qui occupent donc plus de 2 millions de personnes, se trouvent notamment chez les équipementiers et les sous-traitants, disséminés sur l'ensemble du territoire.
En Champagne-Ardenne, notre région, monsieur le secrétaire d'État, dont la notoriété est avant tout œnologique, 17 000 emplois, sur les 100 000 emplois industriels que compte encore cette région, sont liés à la filière automobile.
Fort de la mission que vous a confiée le Président de la République sur l'avenir du secteur automobile, vous avez organisé, monsieur le secrétaire d'État, voilà deux jours, des états généraux, qui ont rassemblé près de 1 000 participants représentant l'ensemble des acteurs politiques et économiques, tant de France que d'autres pays européens.
Premièrement, quel bilan en tirez-vous ?
M. Jean-Marc Pastor. Catastrophique !
M. Jean-Claude Etienne. Deuxièmement, quelle est ou quelle sera la place de l'accompagnement des sous-traitants et des équipementiers ?
Troisièmement, enfin, pour reprendre ce qu'a évoqué ce matin même le Président de la République devant la communauté scientifique à propos de la nouvelle stratégie « Recherche et innovation » qui doit être arrêtée en mars prochain, comment pensez-vous organiser le phasage entre ce plan stratégique, moteur des moteurs, si je puis dire, et le développement de la filière ?
(Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
La parole est à M. le secrétaire d'État.
M. Luc Chatel, secrétaire d'État chargé de l'industrie et de la consommation. Monsieur le sénateur, vous connaissez bien ce sujet, puisque, dans votre département de la Marne, vous l'avez très bien rappelé, l'automobile reste un secteur très important pour l'emploi. La filière conditionne en effet l'activité économique des territoires dans tous les secteurs et tous les bassins d'emploi.
Effectivement, nous avons réuni mardi dernier à Bercy, pour la première fois, l'ensemble des acteurs de la filière pour parler d'avenir.
M. Jean-Marc Pastor. La question était téléguidée !
M. Luc Chatel, secrétaire d'État. Ce sont des acteurs qui se rencontrent quotidiennement, puisqu'ils doivent négocier les prix. Cependant, ils n'avaient jamais eu l'occasion de travailler ensemble pour définir des perspectives communes d'avenir, l'ensemble de la filière rencontrant aujourd'hui des difficultés absolument majeures.
Les constructeurs, les sous-traitants, les équipementiers et les parlementaires de toutes les sensibilités (Exclamations sur les travées du groupe socialiste) – je tiens à le souligner – étaient présents, accompagnés de représentants des gouvernements étrangers, pour définir une stratégie commune d'accompagnement de la filière automobile.
Monsieur le sénateur, nous allons avancer dans plusieurs directions.
Tout d'abord, il y a un besoin immédiat, lié à la crise, de financement des constructeurs et de l'ensemble de la filière. Le Premier ministre a annoncé mardi un certain nombre de dispositions, qui seront prises dans les prochaines semaines. Il nous faudra évidemment aller plus loin, notamment en travaillant sur le cœur du problème, à savoir la compétitivité de l'industrie automobile française.
Les constructeurs nous ont indiqué – et c'était très intéressant – que l'écart de compétitivité entre la France et les pays à bas coût d'Europe de l'Est est de l'ordre de 10 % pour un véhicule automobile. C'est beaucoup, mais la réduction de cet écart est à notre portée : nous devons diminuer, sur l'ensemble de la chaîne, un certain nombre de dépenses, ce qui nous permettra de redevenir compétitifs.
C'est tout l'enjeu de ces états généraux et du plan de soutien au secteur de l'automobile que le Président de la République sera amené à annoncer dans les prochaines semaines : il faut améliorer la compétitivité de la filière et aider les constructeurs à innover, pour être les meilleurs face aux défis technologiques de demain. Je pense en particulier au véhicule propre. La France dispose des meilleurs énergéticiens du monde et de deux grands constructeurs. Nous devons demain être les meilleurs pour produire des véhicules électriques.
Monsieur le sénateur, vous le constatez, nous sommes totalement mobilisés. La France ne laissera pas tomber son industrie automobile, mais, en contrepartie, l'industrie automobile ne doit pas laisser tomber la France.
(Applaudissements sur les travées de l'UMP et sur plusieurs travées de l'Union centriste.)
M. René-Pierre Signé. Quelle chute !
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