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Adrien Gouteyron
Question d'actualité au gouvernement N° 290 au Secrétariat d'État de la coopération et de la francophonie


Tournée en Afrique du Président de la République

Question soumise le 3 avril 2009

La parole est à M. Adrien Gouteyron.
(Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

M. Adrien Gouteyron. Ma question s'adresse à M. le secrétaire d'État chargé de la coopération et de la francophonie.

Aujourd'hui, le G20 se réunit à Londres avec, pour objectif, de renforcer la coordination au plan mondial et d'aider à rétablir la croissance économique.

La crise économique et financière actuelle se double d'une crise morale. Quand le système financier mondial se fissure, l'État doit assurer le respect strict des règles et des valeurs, qui sont le ciment de notre cohésion sociale. Personne ne doit se croire au-dessus de ces règles.

Notre responsabilité, celle de l'État, celle des gouvernants, est de protéger les citoyens les plus fragiles, qui sont les premières victimes, silencieuses, certes, mais qui souffrent, d'une crise qui leur échappe.

Cependant, les pays développés doivent regarder vers les pays les plus pauvres, qui ont du mal à trouver le chemin du développement économique et, souvent, de la stabilité politique.

Réunies en G20, les nations les plus puissantes doivent faire entendre clairement la voix de la solidarité mondiale.

Je rappelle l'objectif fixé par l'Union européenne de consacrer 0,56 % du revenu national brut de ses États membres à l'aide publique au développement. La France n'atteint pas cet objectif.

Le Président de la République a réaffirmé hier qu'un des axes de ce second G20 devait concerner les pays les plus fragiles de la planète.

II s'est rendu la semaine dernière en Afrique, où vous l'avez accompagné, monsieur le secrétaire d'État. Il y a dit sa conviction que le destin de l'Europe et celui du continent africain étaient indissolublement liés.

Jacques Chirac prévient : nous ne devons pas « faire l'impasse sur les pays pauvres, sinon, l'Histoire sanctionnera avec brutalité cette légèreté et cet aveuglement ».

Pourriez-vous, monsieur le secrétaire d'État, nous apporter plus de précisions sur la nature et la répartition de notre aide au développement à destination des pays les plus pauvres ?

Par ailleurs, pouvez-vous nous préciser comment la France compte associer l'Afrique et, plus généralement, les pays du Sud, à une solution globale ?
(Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste.- M. Aymeri de Montesquiou applaudit également.)

Réponse émise le 3 avril 2009

La parole est à M. le secrétaire d'État chargé de la coopération et de la francophonie.

M. Alain Joyandet, secrétaire d'État. Je rappelle que la France est, au monde, le troisième bailleur d'aide publique au développement : elle y consacre plus de 10 milliards de dollars. Je vous prie de m'excuser si je parle en dollars, mesdames, messieurs les sénateurs, mais cela facilite la comparaison avec les États-Unis, qui, eux, apportent un peu plus de 20 milliards de dollars. Ces deux seuls chiffres donnent une idée de l'importance de l'effort de la France en matière d'aide publique au développement.

Nous consacrons plus de 60 % de notre aide publique au développement à l'Afrique, et plus particulièrement à l'Afrique sub-saharienne. Notre effort est donc très ciblé.

Le Président de la République a dit à plusieurs reprises que la réforme du G20 devait être non pas une simple révision à la suite de laquelle tout recommencerait comme naguère, mais, au contraire, une vraie réforme visant à ce qu'il soit tenu compte de l'indispensable rééquilibrage entre le Nord et le Sud. Le président Sarkozy est d'ailleurs venu à la conférence de Doha sur le financement de l'aide publique au développement pour réaffirmer cette position de la France.

Nous nous sommes donc battus pour que, contrairement à ce qui s'est passé lors du premier sommet exceptionnel du G20 consacré à la crise financière, qui s'est tenu à Washington les 14 et 15 novembre derniers, l'Afrique soit mieux représentée. Le président de la commission de l'Union africaine, M. Jean Ping, est actuellement présent à Londres, lors de ce second G20, afin de mieux réaffirmer les préoccupations de l'Afrique.

À la demande, également, du Président de la République, j'ai participé à une réunion de tous les ministres africains des finances, au cours de laquelle ces derniers m'ont fait part de leurs propositions en vue d'un rééquilibrage entre le Nord et le Sud. Je lui ai bien évidemment transmis l'ensemble des revendications formulées par les représentants du continent africain.

Vous avez tout à fait raison, monsieur le sénateur : nous ne pouvons pas faire l'économie d'un juste partage des richesses entre le Nord et le Sud ; il y va de l'équilibre de la planète. Si nous mettons en perspective la démographie, les changements climatiques, la menace d'une récession économique généralisée, qui serait dramatique pour l'Afrique, nous voyons bien que l'absence d'un tel rééquilibrage risquerait de provoquer de véritables tempêtes planétaires dans les prochaines décennies.

Comment, en particulier, gérer, demain, les flux migratoires si nous ne rééquilibrons pas les richesses entre le Nord et le Sud ?

La simple raison nous commande de faire cet effort, et, si la raison ne suffisait pas, alors, c'est le cœur qui nous l'ordonnerait : en effet, la France, forte de son rayonnement sur la scène internationale, a toujours prôné ce nécessaire rééquilibrage.

Plus que les mots, les chiffres que je viens de rappeler sont éloquents. Le Président de la République a beaucoup insisté sur la dimension planétaire de cet enjeu. J'espère que le G20 de Londres viendra confirmer le léger espoir né lors de celui de Washington – je pense particulièrement à l'article 14 du texte issu des travaux de ce dernier –, espoir, pour les populations du Sud, d'un monde enfin plus juste.
(Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste.)

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