Ma question s'adresse à M. le ministre des affaires étrangères et européennes.
Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Encore ?
Mme Brigitte Bout. Je ne poserai, moi, qu'une seule question, chère collègue.
Depuis plus d'un mois, le peuple iranien connaît une situation dramatique. Les règles élémentaires de la démocratie, comme le respect des droits de l'homme, sont bafouées.
Le 23 juin 2009, des ressortissants britanniques en poste diplomatique à Téhéran ont été expulsés du territoire iranien.
Depuis le 1er juillet 2009, une Française, Clotilde Reiss, établie depuis cinq mois en tant que lectrice de français à l'université technique d'Ispahan, est accusée à tort d'espionnage et retenue par les autorités iraniennes, lesquelles sont en passe de faire de cette jeune femme un symbole face à l'Occident.
Originaire de la région Nord-Pas-de-Calais et ancienne élève de l'Institut d'études politiques de Lille, la jeune française doit savoir que ses compatriotes ne l'oublient pas et la soutiennent.
Monsieur le ministre, pour la deuxième fois en dix jours, vous avez pu vous entretenir avec votre homologue iranien au sujet de Clotilde Reiss.
Pouvez-vous nous tenir informés de la situation de cette jeune femme, qui n'est en rien impliquée dans les faits dont on l'accuse et mérite de recouvrer la liberté ?
(Applaudissements sur les travées de l'UMP.)
Voir le compte rendu de la séance.
M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes. Madame le sénateur, notre ambassadeur a joint plusieurs fois au téléphone Clotilde Reiss et l'a rencontrée une fois ; vous avez bien raison de réclamer la libération immédiate de la jeune femme, puisqu'elle est innocente.
Elle est dans une prison épouvantable,…
M. Didier Guillaume. Comme en France !
M. Bernard Kouchner, ministre. … celle d'Evin. Comme elle parle couramment le persan - elle était en effet lectrice de français à l'université technique d'Ispahan -, elle peut au moins s'entretenir avec ses codétenues.
Nous l'avons trouvé résistante, vive, et évidemment désireuse, avant tout, d'obtenir sa libération.
Nous faisons tout, au plan juridique, pour répondre aux cinq chefs d'accusation qui pèsent sur elle. L'un d'eux, invraisemblable, est celui d'espionnage : elle n'a pas vingt-quatre ans, était en Iran depuis cinq mois et faisait son travail, ce que tout le monde a constaté. Pourquoi est-elle accusée d'espionnage ? Parce qu'elle a pris des photos avec son téléphone portable et les a envoyées à un ami français à Téhéran !
Cette accusation est ridicule.
Nous continuons à peser le plus possible sur le gouvernement iranien.
Je réponds au passage à Mme Voynet : oui, nous sommes témoins d'un mouvement qui nous semble promis à un avenir au sein du peuple iranien ; oui, nous constatons, pour la première fois depuis une trentaine d'années, l'existence de désaccords majeurs au sommet de la hiérarchie chiite. Il s'agit d'une lutte de pouvoir comme il s'en trouve dans tous les pays.
Nous avons appris aujourd'hui l'arrestation, le licenciement ou le limogeage, je ne sais quel terme employer, du patron de l'agence iranienne de l'énergie atomique, M. Gholamreza Aghazadeh.
Que lui reproche-t-on ? Il a simplement fait savoir publiquement au peuple iranien quelles étaient les questions que posait l'Agence internationale de l'énergie atomique au gouvernement iranien.
Encore une fois, mesdames, messieurs les sénateurs, nous prenons des nouvelles de Clotilde Reiss le plus souvent possible. Nous sommes en contact deux à trois fois par jour avec notre ambassade, notamment avec les personnes chargées du dossier, pour, un jour, le plus vite possible, faire libérer Clotilde !
(Applaudissements sur les travées de l'UMP.)
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