Mme Marie-Thérèse Hermange attire l'attention de Mme la ministre de la santé et des sports sur le suicide des jeunes en France.
La France se situe parmi les pays aux plus forts taux de suicide en Europe. Le suicide constitue la première cause de mortalité des 35-44 ans et la deuxième des 15-24 ans. Sous-estimé, le suicide des adolescents est devenu aujourd'hui un grave problème de santé publique. Il est souvent lié à des facteurs psychologiques et sociaux, aux doutes et à l'angoisse inhérents à la période de transition qu'est l'adolescence. Mais il peut être aussi lié aux addictions. Ce fut d'ailleurs le thème des journées nationales du suicide en 2008. Les addictions sont bien souvent révélatrices de souffrances psychiques, souffrances ressenties par de plus en plus de jeunes adolescents. De nouvelles pratiques – comme les scarifications, l'alcoolisme allant jusqu'au coma éthylique, les poly-addictions, la cyberdépendance - expriment un profond mal-être chez près de 900 000 adolescents âgés de 11 à 18 ans.
Outre le volet addictions du grave problème du suicide, la question du suivi psychologique des jeunes ayant fait une tentative de suicide est préoccupante. En effet, aux dires d'associations fortement investies dans ce domaine, il semblerait qu'il y ait des carences dans le suivi post-hospitalier de ces adolescents, en dépit de l'action louable des maisons des adolescents qui doivent être présentes dans tous les départements. L'accompagnement socio-éducatif et le suivi médico-psychologique de ces jeunes est indispensable pour éviter le risque de récidive. Il est de notre devoir de dire à ces jeunes qu'ils ont leur place dans la société et que si la vie n'est pas facile, elle vaut la peine d'être vécue.
Elle lui demande par conséquent quelles mesures concrètes elle prendra dans le cadre du très attendu plan national d'action face au suicide 2008-2012 dans les domaines de la prévention des addictions et de l'accès aux soins psychiques pour les jeunes.
La parole est à Mme Marie-Thérèse Hermange, auteur de la question n° 505, adressée à Mme la ministre de la santé et des sports.
Mme Marie-Thérèse Hermange. La France connaît l'un des plus forts taux de suicide en Europe. Entre 35 ans et 44 ans, le suicide constitue la première cause de mortalité, et la deuxième entre 15 ans et 24 ans.
Sous-estimé, le suicide des adolescents est devenu aujourd'hui un grave problème de santé publique. Il est, bien sûr, dû à des facteurs psychologiques, liés à l'angoisse inhérente à la période de transition qu'est l'adolescence.
Cependant, il peut aussi être lié aux addictions, bien souvent révélatrices de souffrances psychiques chez les jeunes. De nouvelles pratiques comme les scarifications, l'alcoolisme allant jusqu'au coma éthylique, les poly-addictions, la cyberdépendance expriment le profond mal-être que connaissent près de 900 000 adolescents âgés de 11 ans à 18 ans.
Par ailleurs, la question du suivi psychologique des jeunes ayant fait une tentative de suicide est préoccupante. En effet, aux dires des associations, des carences existeraient dans le suivi post-hospitalier de ces adolescents, en dépit de l'action des maisons des adolescents, qui doivent être présentes dans tous les départements.
L'accompagnement socio-éducatif et le suivi médico-psychologique de ces jeunes sont indispensables pour écarter le risque de récidive. Il est donc de notre devoir de dire à ces jeunes qu'ils ont leur place dans notre société et que si la vie n'est pas facile, elle vaut la peine d'être vécue.
Quelles mesures concrètes le Gouvernement compte-t-il mettre en place, au titre du plan national d'action face au suicide 2008-2012, dans les domaines de la prévention des addictions et de l'accès aux soins psychiques pour les jeunes ?
Mme la présidente. La parole est à M. le secrétaire d'État.
M. Bernard Laporte, secrétaire d'État chargé des sports. Madame la sénatrice, vous avez interrogé Mme Bachelot-Narquin sur la question du suicide chez les jeunes.
Le suicide reste en France, après les accidents de la route, la deuxième cause de décès chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans. Cette situation n'est pas admissible. C'est pourquoi la prévention du suicide chez les jeunes constitue l'un des enjeux majeurs de la politique de prévention de Mme Bachelot-Narquin.
Même si les données de l'INSERM, l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, confirment que la mortalité des jeunes par suicide est en recul depuis dix ans, la France est l'un des pays européens les plus frappés par ces morts prématurées.
L'addiction représente un facteur de co-morbidité fréquent lors de la « crise suicidaire ». De 20 % à 60 % des jeunes concernés présentent en effet une dépendance alcoolique. Ce constat amène à s'interroger sur le lien entre comportement suicidaire, comportement addictif et comportement à risques. Tous sont révélateurs d'une souffrance psychique.
Pour renforcer les capacités de repérage précoce de la souffrance psychique des enfants et des adolescents, le ministère de la santé soutient une action de formation, en liaison avec l'École des hautes études en santé publique, l'EHESP. Il s'agit, depuis 2006, de former les professionnels de santé de première ligne, c'est-à-dire les médecins de la protection maternelle et infantile, les médecins de santé scolaire, les pédiatres.
Les interlocuteurs du monde de la santé, de l'éducation, de l'insertion sociale, familiale et professionnelle sont également impliqués dans une logique de réseau et de pluridisciplinarité.
Cet effort de formation a été confirmé dans le cadre du plan « Santé des jeunes » que Roselyne Bachelot-Narquin a présenté en février 2008.
Ce plan, qui s'attaque aux addictions chez les jeunes, particulièrement aux phénomènes d'alcoolisation aiguë, repose également sur des actions de prévention et de prise en charge.
Ainsi, des contrats-cadres de partenariat en santé publique entre le ministère de la santé et des sports et ceux qui sont chargés de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur, de l'agriculture et de la justice sont signés en vue de mettre en œuvre des actions communes d'information, de repérage des situations difficiles et de formation des professionnels.
Quant au projet de loi portant réforme de l'hôpital et relatif aux patients, à la santé et aux territoires, il prend en compte, dans son titre consacré à la santé publique, une partie du problème, en interdisant la vente d'alcool aux moins de 18 ans, ainsi que les open bars.
Concernant l'amélioration du repérage et de la prise en charge, Mme la ministre de la santé et des sports soutient la création de maisons des adolescents : soixante-cinq structures bénéficient ainsi d'aides financières.
Enfin, Roselyne Bachelot-Narquin a confié en juillet 2008 à David Le Breton, sociologue à l'université de Strasbourg, la mission de proposer une stratégie de prévention du suicide, avec des experts, acteurs institutionnels et associatifs. Il a remis récemment son rapport, et les services ministériels déclinent actuellement en mesures les propositions qu'il comporte, en particulier à destination des jeunes.
Comme vous le voyez, madame la sénatrice, le ministère de la santé et des sports accorde à ces douloureux problèmes l'attention qu'ils méritent.
Mme la présidente. La parole est à Mme Marie-Thérèse Hermange.
Mme Marie-Thérèse Hermange. Je tiens à vous remercier de votre réponse, monsieur le secrétaire d'État.
Dans l'attente de la création des soixante-cinq maisons des adolescents annoncées, il faudrait prévoir, dans le cadre de la discussion du projet de loi portant réforme de l'hôpital et relatif aux patients, à la santé et aux territoires, que chaque centre hospitalier universitaire soit doté d'un service de prise en charge des addictions et du suicide pour mener une véritable politique de prévention. Actuellement, c'est loin d'être le cas, car de tels services ne sont pas considérés comme « nobles », au contraire par exemple des services de chirurgie hépatique ou de chirurgie cardiaque, et rapportent également moins d'argent à l'hôpital. Là aussi, il faut mener une réforme des mentalités !
Monsieur le secrétaire d'État, je me permettrai de poser une autre question dans quelque temps pour savoir si les CHU ont progressé en la matière.
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