M. Daniel Raoul. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, en février dernier, la fondation Abbé Pierre présentait son quinzième rapport annuel et nous rappelait, si besoin en était, que l'un des besoins fondamentaux des personnes – on retrouve cette préoccupation dans les différents sondages effectués, après celle de l'emploi – est de pouvoir vivre en sécurité dans un logement décent.
Dans le contexte de crise économique et sociale que nous connaissons, ce sont aujourd'hui près de 2 millions de personnes qui sont en difficulté de paiement de leurs loyers et 500 000 dans une situation d'impayés effectifs. Pourtant, 2009 a été la dernière année du plan de cohésion sociale qui servait de base à la programmation des aides à la pierre depuis 2005. À ce jour, aucun programme pluriannuel n'oriente et ne prévoit les crédits de l'État pour le logement.
À cela, nous devons ajouter la disparition du financement PALULOS, autrement dit la prime à l'amélioration des logements à utilisation locative et à occupation sociale, malgré les préconisations qui sont faites dans le cadre du Grenelle pour réhabiliter les logements sociaux.
En conséquence, une partie du patrimoine à réhabiliter ne peut plus prétendre au financement de l'État et, pour l'année 2010, la programmation se réalise encore dans le cadre complémentaire du plan de relance de l'économie.
En ce qui concerne l'avenir, et cela a été évoqué par mon collègue Thierry Repentin, nous sommes pour le moins inquiets : après avoir fait un hold-up sur les sociétés anonymes, vous organisez maintenant un racket en trois temps sur le 1 % logement. Or vous savez très bien que quatre organismes collecteurs seront dans le rouge à la fin de l'année et vingt le seront à la fin de 2011 !
En janvier dernier, le Gouvernement a fait connaître les objectifs par région. Dans ma région, nous avons constaté une diminution de la dotation initiale régionale, qui n'est que la conséquence de la baisse du montant moyen des subventions par type de financement.
Nous souhaitons donc connaître vos orientations en ce qui concerne les aides à la pierre et le calendrier que vous envisagez, point qui a été évoqué par notre collègue Philippe Dallier.
M. Benoist Apparu, secrétaire d'État. Monsieur Raoul, vous avez raison, le plan de cohésion sociale, voulu et voté par l'actuelle majorité, nous a permis de rattraper le retard qui avait été pris lorsque la gauche était au pouvoir.
(Protestations sur les travées du groupe socialiste.)
Je vous rappelle que, lorsque M. Jospin était Premier ministre, le financement couvrait 40 000 logements sociaux par an. Avec le plan de cohésion sociale, 500 000 logements ont été financés en cinq ans. (Bravo ! et applaudissements sur les travées de l'UMP.), dont 120 000 l'année dernière, un record depuis trente ans, trois fois plus que lorsque vous étiez au gouvernement !
(Nouvelles protestations sur les travées du groupe socialiste.)
M. Guy Fischer. C'est de l'affichage !
M. Benoist Apparu, secrétaire d'État. Il est vrai que le plan de cohésion sociale a pris fin en 2009. Nous allons continuer notre effort en 2010, en finançant, comme nous l'avons prévu, 140 000 logements sociaux, un nouveau record ! C'est avec l'ensemble des collectivités locales et avec les acteurs du monde HLM que nous arriverons à atteindre cet objectif.
Mesdames, messieurs les sénateurs de l'opposition, la réalité est la suivante : de votre côté, 40 000 logements par an, du nôtre, 120 000. Voilà ce que vous appelez le désengagement de l'État ! Manifestement, nous n'en avons pas la même définition !
(Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. Daniel Raoul, pour la réplique.
M. Daniel Raoul. Monsieur le secrétaire d'État, vous n'en serez pas étonné, vous n'avez pas réussi à me convaincre.
Prenons l'exemple de mon agglomération : la programmation pour 2010 était de 2 172 logements ; or, la dotation initiale, qui est régionale et territorialisée, ne permet d'en financer que 1 030, soit la moitié.
En relançant la politique du logement, vous pourriez atteindre deux objectifs à la fois : créer des logements et relancer le secteur du bâtiment, qui en a bien besoin. En tant que président de commission d'appel d'offres, je constate que les entreprises « ont faim », en particulier dans le bâtiment, le gros œuvre et les voiries et réseaux divers.
Il aurait été bien plus efficace d'utiliser une partie des milliards d'euros du grand emprunt, au lieu de s'en servir pour financer des dépenses fiscales sur les remboursements d'emprunts, lesquelles ne produisent qu'un effet d'aubaine pour les investisseurs sans créer un seul logement supplémentaire.
(Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe socialiste.)
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