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Yannick Bodin
Question crible thématique N° 118 au Ministère de l'éducation


La rentrée scolaire

Question soumise le 27 octobre 2010

M. Yannick Bodin. Monsieur le ministre, le Haut Conseil de l'éducation, le HCE, s'inquiète, dans son récent rapport, du fait que 20 % des élèves sortent du collège avec de graves lacunes en français et en mathématiques.

Je demeure, pour ma part, convaincu que le collège est le maillon faible de notre système éducatif.

Ce triste échec est en grande partie imputable au « vice de forme initial », qui remonte à la création du collège unique. Puisque l'objectif est l'acquisition d'un socle commun de connaissances et de compétences à l'âge de 16 ans, le collège devrait s'organiser comme un prolongement de l'école élémentaire obligatoire.

Or le collège a été construit en reproduisant à l'identique le premier cycle du lycée, lequel avait été conçu pour les élèves, représentant 10 %, puis 30 % d'une classe d'âge, qui étaient assurés de poursuivre des études au-delà du baccalauréat général.

Le choc frontal subi au moment de l'entrée en sixième devient fatalement une cause essentielle du décrochage définitif des élèves les plus fragiles. Toute l'organisation du collège doit, au contraire, être revue en s'appuyant sur le socle commun de connaissances et de compétences.

Un député UMP a récemment préconisé le rétablissement du vieil examen d'entrée en sixième. Pourquoi dresser une barrière supplémentaire entre l'enseignement élémentaire et le collège ? En sixième, on ne rentre pas au lycée, on poursuit son parcours de l'enseignement obligatoire !

Le HCE préconise, lui, une École du socle commun de neuf ans. La loi de 2005 évoque aussi cette nécessité. Mais nous attendons toujours l'action du Gouvernement dont les déclarations vont plutôt à l'encontre de cette recommandation quasi unanime.

Je vous demande donc, monsieur le ministre, quelles mesures vous comptez prendre pour que tous les élèves – je dis bien tous ! – possèdent ce socle commun de connaissances et de compétences avant la fin de leur scolarité obligatoire. Comment entendez-vous éviter la néfaste rupture entre l'enseignement élémentaire et le collège, avec les échecs qu'elle entraîne ?

Réponse émise le 27 octobre 2010

M. Luc Chatel, ministre. Monsieur le sénateur, c'est en améliorant la personnalisation du système éducatif et en renforçant l'autonomie de nos établissements que nous pouvons répondre à votre question.

Premier axe, nous avons amélioré la personnalisation du système éducatif avec la réforme du primaire.

Vous évoquiez tout à l'heure les chiffres cités dans le rapport du HCE : si nous voulons diminuer le nombre d'élèves quittant le premier degré avec des connaissances initiales insuffisantes, notamment en lecture et en écriture, nous devons traiter le sujet en amont !

Dans cette perspective, j'ai lancé, au printemps dernier, le plan de lutte contre l'illettrisme, qui s'applique dès la maternelle, avant le cours préparatoire. C'est la raison d'être également du dispositif d'aide personnalisée de deux heures hebdomadaires mis en œuvre en faveur des enfants en difficulté pour leur permettre de savoir correctement lire avant d'entrer au collège.

Second axe, nous devons faire confiance aux établissements et leur donner davantage de marge de manœuvre en renforçant leur autonomie. C'est l'esprit du dispositif expérimental CLAIR que j'ai cité tout à l'heure et qui concerne, notamment, les collèges.

Dans les collèges qui cumulent l'échec scolaire, les difficultés sociales, voire des problèmes de sécurité, il me paraît très important, pour atteindre la réussite scolaire, de faire davantage confiance aux équipes pédagogiques locales avec un projet pédagogique adapté à la situation spécifique de l'établissement. Il importe donc de recruter les professeurs par rapport à ce projet, qui doit être porteur d'une vraie dynamique d'équipe collective.

Il est essentiel de faire plus de place à la vie scolaire. À cet égard, le dispositif CLAIR est exemplaire de la direction dans laquelle nous voulons aller pour donner une marge de manœuvre accrue aux établissements qui rencontrent le plus de difficultés.

Nous nous inscrivons complètement dans cette politique. Les élèves du collège ont besoin d'un accompagnement, qui commence dès le primaire, avec le travail sur les fondamentaux.

M. le président. La parole est à M. Yannick Bodin, pour la réplique.

M. Yannick Bodin. On pourrait dire que votre réponse va dans le bon sens, monsieur le ministre. Cependant, vous ne pouvez, à la fois, développer un tel raisonnement et supprimer des postes ! Vous ne pouvez tenir ce discours sans faire en sorte que les adultes soient en nombre suffisant pour pouvoir travailler ensemble !

Il va de soi que, pour assurer une continuité entre l'école élémentaire et le collège, il faut tout simplement que les enseignants de ces deux niveaux travaillent ensemble.

Cela passe, et votre démonstration à cet égard pourrait être intéressante, par une exigence encore beaucoup plus forte qu'auparavant en ce qui concerne la formation des maîtres. En d'autres termes, ce que vous demandez pour réussir la politique que vous venez de rappeler, c'est une formation renforcée pour l'apprentissage du métier.

Nous pourrions être d'accord sur ce point, mais nous vous attendons, si je puis m'exprimer ainsi, sur ce terrain de la formation des maîtres. Sinon, vous ne dépasserez pas le discours et le collège restera le maillon faible du système éducatif français !
(Applaudissements sur les travées du groupe socialiste.)

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