M. Yves Pozzo di Borgo. Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, à partir de 1970, l'éclatement des universités et la délocalisation de pôles universitaires à Marne-la-Vallée, Évry et Palaiseau n'a pas eu d'impact positif en termes d'attractivité parisienne, en partie à cause de leur très mauvaise desserte par les transports.
Comme cela a été rappelé dans le protocole d'accord du 26 janvier dernier, le pôle scientifique de Saclay ne pourra être attractif que s'il est relié à Paris en moins de trente minutes.
Malgré la réticence du conseil régional sur ce point, pourrais-je avoir l'assurance, monsieur le ministre, que le Gouvernement maintiendra fermement sa position de desserte du plateau de Saclay par le métro automatique ?
En outre, il semblerait que le Gouvernement veuille financer les opérations sur ce plateau par la vente des établissements parisiens transférés à Saclay, notamment l'École des mines, la Maison des sciences de l'homme, l'École nationale supérieure des télécommunications et l'Institut national de la recherche agronomique.
Vous le savez bien, monsieur le ministre, aujourd'hui, un certain nombre d'universités parisiennes sont devenues en quelque sorte des marques dont l'attractivité est aussi liée à leur situation géographique au cœur de la cité.
Déshabiller Paris au profit de Saclay, nous ne pouvons l'accepter ! C'est la raison pour laquelle nous souhaitons que soit maintenue dans les bâtiments susvisés une activité universitaire et de recherche complémentaire à celle de Saclay. Cette demande est d'ailleurs également formulée par plusieurs universités parisiennes, la Ville de Paris et l'opposition parisienne, dont je fais partie.
Pouvez-vous me garantir que le Gouvernement ne s'opposera pas à de tels projets ?
M. Maurice Leroy, ministre. Monsieur le sénateur, je veux vous répondre de la façon la plus claire possible : dans le protocole conclu entre l'État et la région d'Île-de-France est effectivement prévue la desserte de Massy, Saclay, Saint-Quentin-en-Yvelines et Versailles par un métro automatique qui respectera la zone de protection naturelle agricole et forestière. Comme vous l'avez très bien indiqué, il est indispensable de relier le pôle scientifique au centre de la capitale en trente minutes, ce que permettra cet ouvrage.
Le développement du plateau de Saclay est une condition essentielle du renforcement de l'attractivité de la région capitale, aspect auquel je vous sais particulièrement sensible en votre qualité d'élu parisien.
Les investissements du plan Campus et du grand emprunt portés par Valérie Pécresse et René Ricol sont les éléments déclencheurs d'un projet d'aménagement et de développement.
Pour ce qui concerne l'immobilier universitaire parisien, les mouvements actuels et les nouvelles opérations réalisés sur le campus Paris-Rive Gauche sur le bâtiment Condorcet ou, plus largement, dans le cadre du schéma directeur, fruit du travail de Bernard Larrouturou, donnent l'occasion de dynamiser, de fortifier les implantations universitaires et d'enseignement supérieur du cœur de la métropole.
Ainsi est bien visé un projet de développement conjoint du plateau de Saclay et de l'enseignement supérieur du cœur de la capitale. Les premiers résultats des opérations d'investissement d'avenir en attestent.
M. Yves Pozzo di Borgo. Vous ne répondez pas à ma question, monsieur le ministre !
M. Maurice Leroy, ministre. Je tiens à vous rassurer, monsieur le sénateur : il s'agit non pas de déshabiller les universités parisiennes au profit du plateau de Saclay, mais, grâce à un pôle d'enseignement, de recherche et développement fort sur celui-ci, de conforter l'attractivité de la région capitale.
Il est vraiment temps de mener à bien ce projet, qui est loin d'être nouveau – on en parle depuis le général de Gaulle ! – mais qui n'a jamais vu le jour.
M. Yves Pozzo di Borgo. Vous n'avez pas répondu à ma question !
Mme la présidente. La parole est à Mme Catherine Morin-Desailly, pour la réplique.
Mme Catherine Morin-Desailly. L'ambition du Grand Paris est aussi de relier la capitale à sa façade maritime et de faire du Havre le grand port de Paris. Mais n'oublions pas Rouen, dont les résultats du port sont parmi les meilleurs.
Comme je l'ai déjà dit à vos prédécesseurs, monsieur le ministre, la réussite de ce projet du Grand Paris ne peut se concevoir qu'en concomitance avec une autre ambition incontournable, celle qui concerne le territoire normand.
Le Grand Paris ne saurait se résumer à un corridor qui acheminerait les marchandises et les savoirs vers la mer, autour de l'axe Seine. Comme le comité Duport l'a démontré à travers les scenarii envisagés pour la nouvelle ligne Paris-Normandie voulue par le Président de la République, c'est, bien entendu, à l'échelon transrégional que nous devrons travailler, c'est-à-dire avec l'Île-de-France et les deux Normandie.
C'est aussi à ce niveau que devra être conçue la politique d'aménagement du territoire nécessaire à la réalisation du Grand Paris. Elle prendra en compte le potentiel de la région dont je suis l'élue, lequel se décline en termes de développement industriel, logistique, universitaire et économique, dans le respect des grands équilibres environnementaux et démographiques.
Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette question.