Mme Catherine Procaccia. Madame la ministre, ma question porte plus globalement sur l'alternance.
L'alternance permet en même temps de préparer un diplôme et de se former à un métier. Elle concerne désormais tous les niveaux d'enseignement, du certificat d'aptitude professionnelle aux grandes écoles en passant par l'université. L'enseignement supérieur rassemble d'ailleurs 20 % des apprentis, donnant ainsi en quelque sorte ses lettres de noblesse à une pratique qui existe depuis toujours.
Un cinquième des jeunes qui ont signé un contrat d'alternance trouvent un emploi par ce biais.
C'est précisément cette efficacité que le Gouvernement souhaite en fixant des objectifs ambitieux pour 2011.
Cependant, l'alternance se heurte à un obstacle : trouver suffisamment d'entreprises et de maîtres de stages impliqués. (M. Pierre Martin applaudit.) Et si, comme nous le souhaitons, les formations en alternance se multiplient, il sera d'autant plus difficile pour les élèves et les étudiants de trouver un point de chute.
Lors de la discussion de la loi relative à l'orientation et à la formation professionnelle tout au long de la vie, nous avons introduit une disposition qui permet aux apprentis de commencer à suivre les cours tout en disposant d'un délai de deux mois pour trouver un stage.
Nous devons maintenant, me semble-t-il, aller plus loin afin que chaque élève, chaque étudiant ne soit pas seul dans la recherche de son alternance.
Certains centres de formation, certaines écoles, publiques ou privées, certaines universités délaissent totalement les jeunes, en ne leur donnant – et encore, pas toujours ! – que les noms de quelques d'entreprises qui n'ont pas forcément la capacité de les accueillir.
Certains jeunes passent parfois même par des officines privées et payent pour obtenir ce fameux contrat afin de suivre la formation choisie. Je ne trouve pas cela normal : cela devrait être l'inverse !
Madame la ministre, serait-il possible, pour favoriser et valoriser la formation en alternance, d'obliger tous les établissements à présenter des listes d'entreprises avec lesquelles ils auraient, au préalable, passé des conventions ou négocié l'accueil effectif d'élèves ou d'étudiants en nombre au moins égal à celui des jeunes inscrits dans leur établissement ?
(Applaudissements sur les travées de l'UMP.)
Mme Raymonde Le Texier. Très bien !
Mme Nadine Morano, ministre. Madame la sénatrice, vous soulevez le problème récurrent – il faut bien le dire – de la recherche, par les jeunes, d'une entreprise ou d'un maître d'apprentissage.
La diminution de cinq ans à trois ans du nombre d'années d'expérience professionnelle requis, mesure que j'ai annoncée tout à l'heure, devrait permettre d'élargir le vivier de maîtres d'apprentissage et, donc, d'offrir de plus grandes potentialités.
Je me suis beaucoup interrogée à propos du problème que vous soulevez : les familles et les jeunes n'ont pas suffisamment d'outils à leur disposition pour trouver une entreprise. Tous les parlementaires, moi la première, ont été un jour sollicités par des parents qui souhaitaient qu'on les aide à trouver une entreprise.
Mme Catherine Procaccia. Effectivement, nous l'avons tous été !
Mme Nadine Morano, ministre. Je suis bien consciente du problème. C'est la raison pour laquelle nous avons créé, il y a quelques semaines, sur le réseau social professionnel Viadeo, un groupe dédié à l'apprentissage, ce qui n'existait pas auparavant. Voilà un nouvel outil à la disposition des familles.
Quant à obliger les CFA à tenir à la disposition des jeunes une liste d'entreprises… Je crois l'incitation préférable grâce à la mobilisation des chambres de commerce et d'industrie et de l'Assemblée permanente des chambres de métiers et de l'artisanat. Nous avons d'ailleurs évoqué le sujet avec M. Griset.
Je m'apprête à signer un accord extrêmement important portant sur 50 000 places supplémentaires en alternance d'ici à 2015.
Nous devons mobiliser localement l'ensemble des chambres consulaires, car il s'agit de faire « dans la dentelle », d'être proche et présent. De nombreux parents ne connaissent pas l'existence des CFA ou leur lieu d'implantation : l'information doit donc descendre au plus près du terrain.
Tel est l'objectif du service public de l'orientation tout au long de la vie que nous sommes en train de mettre en place, avec un portail dédié qui sera accessible aussi bien aux collégiens qu'aux lycéens, autant pour la formation initiale que pour la formation continue.
(Applaudissements sur les travées de l'UMP.)
M. le président. La parole est à Mme Catherine Procaccia, pour la réplique.
Mme Catherine Procaccia. Madame la ministre, je suis heureuse que vous soyez consciente des difficultés rencontrées par les jeunes, mais je n'en doutais pas !
Le portail est une bonne chose, mais, au-delà des CFA et des chambres de métiers et de l'artisanat, qui connaissent ces difficultés, il faut s'intéresser à ces écoles privées qui proposent des formations, mais on s'inscrit, on paye et, au bout du compte, on n'a rien !
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