M. Richard Yung interroge M. le ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche sur la suspension des concours de l'agrégation externe et interne de chinois et du CAPES externe de chinois pour 2011/2012.
Alors que le nombre d'élèves apprenant le chinois dans le secondaire est passé de 12 500 en 2005 à 29 000 en 2011, alors que les regards se tournent de plus en plus vers la Chine et que ce pays attire de plus en plus de Français (+ 9 % en 2010 avec 27 207 inscrits au registre consulaire), cette décision peut paraître incompréhensible. Ce d'autant plus que seulement 38 % des enseignants de chinois dans le secondaire sont titulaires (sur environ 400). Les non-titulaires qui sont majoritairement des contractuels, peuvent se présenter aussi bien aux concours externes qu'aux concours internes s'ils ont au moins trois ans d'ancienneté et la suspension de ces concours les empêchera ainsi de pouvoir être titularisés.
Cette décision semble d'autant plus inopportune que fin novembre a été lancée l'année de la langue chinoise en France dans le cadre de l'année linguistique croisée franco-chinoise. D'un côté, le Gouvernement souhaite faire la promotion du chinois pendant cette année scolaire, mais de l'autre il ne veut pas accorder de promotion à ses professeurs.
Il lui demande de lui indiquer quelles ont été les bases de la suspension des concours qui semble tellement à contre-courant.
M. Richard Yung. Monsieur le président, madame la secrétaire d'État, ma question porte sur l'enseignement du chinois en France.
Vous le savez, la Chine est devenue notre premier partenaire économique, notamment en termes d'expatriation. On compte largement plus de 30 000 Français en Chine, et ce chiffre s'accroît de 10 % chaque année.
L'enseignement du mandarin dans les établissements secondaires français est en forte progression. Cette progression n'est pas liée à la présence d'une population sinophone puisque 90 % des élèves qui apprennent le chinois mandarin dans le secondaire sont de langue maternelle française.
Le nombre d'élèves a été multiplié par trois en sept ans : il est passé de 10 000 en 2004 à 30 000 en 2011. La suppression des concours de l'agrégation externe et interne de chinois, ainsi que du CAPES externe de chinois, suscite des interrogations et peut paraître incompréhensible, puisque seulement 40 % des enseignants de chinois dans le secondaire sont titulaires, contre 60 % de contractuels qui seraient prêts à se présenter, sans doute avec un bon niveau de compétences, à ces fameux concours. Or, en raison de cette décision, ils ne pourront pas concourir et resteront en situation précaire.
Vous me répondrez, madame la secrétaire d'État, que douze postes ont été ouverts pour les candidats du CAPES interne de chinois, mais, par rapport à 240, ce n'est pas beaucoup !
Une telle décision de supprimer les concours de l'agrégation et du CAPES de chinois est d'autant plus difficile à comprendre que, à la fin du mois de novembre, a été lancée l'année de la langue chinoise en France : l'objectif est de valoriser la langue chinoise en France dans le cadre d'une année linguistique croisée franco-chinoise, le français étant une langue étrangère valorisée en Chine. Nous avons du mal à comprendre comment se fait concrètement cette valorisation.
Madame la secrétaire d'État, nous voudrions connaître les raisons réelles de la décision de suspendre ces concours et obtenir des précisions sur la politique suivie par le Gouvernement en la matière.
M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État.
Mme Jeannette Bougrab, secrétaire d'État auprès du ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative, chargée de la jeunesse et de la vie associative. Monsieur le sénateur, je vous prie de bien vouloir excuser l'absence de mon collègue Laurent Wauquiez, qui ne peut être présent aujourd'hui.
Vous l'avez interrogé sur la suspension des concours de l'agrégation externe et interne de chinois et du CAPES externe de chinois pour 2011-2012.
Le recrutement des personnels enseignants du second degré s'effectue dans le cadre des concours nationaux dont les volumes sont déterminés annuellement dans le respect des emplois votés en loi de finances. Ces derniers sont arrêtés en fonction de l'analyse des départs à la retraite, des prévisions concernant les effectifs des élèves, de la mobilisation de la ressource enseignante et des viviers de candidats susceptibles de se présenter aux concours d'enseignement.
L'analyse conduite pour le chinois met en avant que la croissance des besoins dans cette discipline tend à ralentir, puisque, pour la première fois, un sureffectif est apparu en 2011. En outre, le constat des prévisions de départs à la retraite montre que seuls quatre enseignants en chinois ont plus de soixante ans. Ces départs prévus seront largement compensés par le recrutement des onze postes ouverts au concours en 2012.
Par ailleurs, les recteurs d'académie ne font pas état de besoins nouveaux dans cette discipline. Dans le cadre de la préparation de la rentrée 2011, les académies demandaient 16 enseignants de chinois, alors même que le ministère de l'éducation nationale devait en affecter 35.
Ainsi, le choix de fermer les concours de l'agrégation externe et interne de chinois et du CAPES externe de chinois pour la session 2012 permettra de mettre en adéquation le volume de postes offerts avec les besoins.
Par ailleurs, le maintien de l'ouverture du concours du CAPES interne de chinois et l'augmentation de 200 % du nombre de postes pour la rentrée 2013 vont permettre de titulariser une partie des contractuels dans cette discipline. En outre, ce choix favorisera un recrutement de qualité parmi les 51 enseignants actuellement sous contrat dans cette discipline et stabilisera la situation d'une partie d'entre eux, tout en répondant au besoin d'enseignement.
Les ouvertures de postes aux concours de recrutement des enseignants sont réexaminées chaque année. L'analyse du besoin en enseignants de chinois, de même que la nécessité de maintenir des débouchés à la filière universitaire correspondante seront des éléments pris en considération pour la préparation de la session 2013.
M. le président. La parole est à M. Richard Yung.
M. Richard Yung. Permettez-moi de faire deux observations.
En premier lieu, onze postes ouverts au concours pour 240 non-titulaires, c'est moins de 5 % ! On ne peut pas dire que cela caractérise une politique très ouverte.
En second lieu, les chiffres que vous avez cités sont le reflet, me semble-t-il, de cette politique de désengagement de l'État dans l'éducation nationale, qui vise à réduire le nombre d'enseignants - 80 000 à 100 000 postes ont été supprimés ; évidemment, l'enseignement du chinois participe à cette politique de régression.
Cela est tout à fait regrettable, car des investissements importants sont en jeu pour l'avenir de notre pays. Pensez que près d'un million de touristes chinois visiteront notre pays chaque année et, pour les accueillir, nous avons besoin de personnes parlant chinois !
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