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Daniel Percheron
Question écrite N° 12151 au Ministère de l'alimentation


Prix des aliments peu transformés

Question soumise le 18 février 2010

M. Daniel Percheron attire l'attention de M. le ministre de l'alimentation, de l'agriculture et de la pêche sur une récente étude de l'UFC–Que choisir Artois sur les aliments dits « peu transformés » où la matière première agricole tient une part prépondérante.

Cette étude montre que, dans l'Artois, les prix de la volaille, du porc et du lait au stade du producteur sont respectivement de 2,11 €, 1,34 € le kilo et 0,29 € le litre alors qu'en rayon les prix de l'escalope de poulet, de la côte de porc et de la brique de lait sont en moyenne de 11,55 €, 6,34 € et 0,83 €. Cette différence de prix très importante demeure inexpliquée.

En effet, pour de nombreux produits tels ceux cités en exemple, industriels et distributeurs profitent des variations de prix agricoles - plus particulièrement des baisses – pour accroître fortement leurs marges. Ainsi, alors que le prix du litre de lait lors de son achat au producteur perdait entre mai 2007 et septembre 2009 près de 30 centimes d'euros, il gagnait 70 centimes pour le consommateur lambda. Eu égard à la crise laitière sévère que traverse notre pays, ce seul exemple justifierait le développement d'un outil d'encadrement des marges lorsque leur progression apparaît injustifiée.

Un système de limitation de la progression des marges pour les produits peu transformés, bâti autour d'un coefficient multiplicateur, à l'image de ce qui se fait déjà depuis 2005 pour les fruits et légumes frais pourrait aisément être mis en place.

Il lui demande donc quelles mesures le Gouvernement compte prendre pour défendre les consommateurs du Nord-Pas-de-Calais.

Réponse émise le 11 mars 2010

La question de l'impact des prix agricoles dans la formation des prix alimentaires est sensible et complexe. La volatilité croissante ces dernières années des prix des matières premières agricoles et la crise que connaît aujourd'hui le monde agricole en font aujourd'hui une question majeure. Les efforts importants de productivité tant de l'agriculture que de l'industrie ont permis une baisse des prix agricoles et alimentaires depuis des décennies. D'une manière générale, les produits alimentaires consommés sont de plus en plus transformés, avec une valeur ajoutée croissante. Cette tendance de fond, qui consiste pour l'industrie alimentaire à créer toujours plus de valeur, se traduit par un impact généralement plus faible du prix de la matière première agricole dans celui du produit consommé. Toutefois, le poids des produits agricoles est encore très significatif dans l'ensemble des filières des produits frais et certaines variations de prix méritent des explications. Les filières alimentaires sont nombreuses et diversifiées : elles font intervenir plusieurs intermédiaires et possèdent chacune leurs spécificités. Dès lors, l'étude des mécanismes de formation des prix au sein de la chaîne alimentaire doit se faire filière par filière. C'est pourquoi l'observatoire des prix et des marges, qui a pour mission d'établir une plus grande transparence dans la formation des prix, a été doté en novembre 2008 d'un comité de pilotage spécifique pour les produits alimentaires. Ce comité de pilotage a pour mission la mise en place d'outils opérationnels de suivi et d'analyse des prix et des marges sur l'ensemble des maillons des filières alimentaires. Les travaux de l'observatoire ont été publiés tout au long de l'année 2009 sur la viande de porc, les produits laitiers et les fruits et légumes frais. Accessibles à tous sur Internet, ils sont régulièrement mis à jour. Chacun peut constater que les courbes d'évolution des prix à chaque stade de la filière considérée suivent, avec certains écarts et retards à la hausse comme à la baisse, les variations des prix des matières premières agricoles, pour autant que le coût de cette matière première ait un poids significatif dans le prix du produit final. Par ailleurs, il convient de rappeler que les marges observées sont des marges brutes. L'observatoire publie en outre une ventilation de ces marges brutes selon les charges supportées par les entreprises. Il est proposé de renforcer l'action de l'observatoire des prix et des marges dans le cadre du projet de loi de modernisation de l'agriculture et de la pêche qui sera discuté en 2010 au Parlement. Son champ sera élargi à l'ensemble des produits de l'agriculture, de la pêche et de l'aquaculture et il étudiera les coûts de production au stade de la production agricole. Il remettra chaque année un rapport au Parlement. Enfin, l'article L. 611-4-2 du code rural introduit, en périodes de crise conjoncturelle, la possibilité d'instaurer un coefficient multiplicateur encadrant les marges des fruits et légumes périssables, par la limitation du rapport entre le prix d'achat et le prix de vente. Ce mécanisme ne garantit pas le relèvement mécanique des prix à la production, mais peut conduire à une meilleure répercussion de la baisse des prix à la production auprès du consommateur final et favoriser ainsi l'écoulement des marchandises et la régulation des marchés. L'extension du coefficient multiplicateur à l'ensemble des produits agricoles n'a pas été prévue jusqu'à ce jour par la loi.

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