M. Jean-Marc Pastor attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur les vives inquiétudes exprimées par les chefs de travaux de la filière technologique suite aux projets de réforme du lycée. En effet, alors que les intentions affichées de la réforme laissaient entrevoir que la voie technologique revêtirait une place importante lui permettant de retrouver lisibilité et attractivité, force est de constater que la réforme envisagée laisse de côté l'enseignement technologique. La réduction drastique de l'horaire des matières technologiques, passant de 6 heures d'options technologiques possibles à 1 heure 30, est une aberration en matière d'apport des connaissances et d'exploitation de la discipline dans la perspective du choix d'orientation des élèves. Les enseignants concernés par ces disciplines, mais ils ne sont pas les seuls à plaider en ce sens, estiment qu'il faudrait « rendre cet enseignement obligatoire dans le tronc commun ». Ils évoquent notamment, à juste titre, la nécessité de concevoir un développement économique diversifié intégrant par conséquent « un dispositif de production pérenne » et rappellent le rôle joué par « la productivité des entreprises françaises » en faveur de la réussite économique de ces dernières décennies. Incontestablement, les formations technologiques délivrées dans les établissements d'enseignement concernés ont été à la base de ce résultat et représentent un aspect majeur de développement de nos industries. Les sciences et technologies industrielles ont pourtant toujours joué un rôle essentiel d'ascenseur social et les besoins en techniciens supérieurs et ingénieurs de notre société sont importants (ils représentent près de 25 % de l'emploi en France). Avec une telle réforme, il serait difficile de faire croire aux jeunes et aux parents que la voie technologique est aussi noble, si les matières qui la représentent en seconde sont reléguées dans le deuxième groupe des enseignements d'exploration. Les diminutions d'horaires envisagées en classe de seconde, sans compensation en classe de première et de terminale, ne peuvent garantir un maintien des niveaux de connaissances, de méthodologie et de savoir-faire compatibles avec ceux attendus à l'entrée de l'enseignement supérieur. Il lui demande donc quelles mesures il compte prendre dans le cadre de la réforme du lycée pour redonner à la filière technologique une place conforme aux besoins de notre société
La nouvelle classe de seconde générale et technologique s'inscrit dans le cadre de la réforme du lycée qui est mise en place depuis la rentrée 2010. Son organisation ainsi que celle des séries générales de lycée sont définies par les arrêtés du 27 janvier 2010, parus au Journal officiel de la République française du 28 janvier 2010. Les séries technologiques « sciences et technologies de l'industrie et du développement durable » (STI2D) et « sciences et technologies de laboratoire » STL sont définies dans les arrêtés du 27 mai 2010, parus au Journal officiel du 29 mai 2010. L'application de la réforme interviendra à compter de la rentrée 2011 en classes de première et à compter de la rentrée 2012 en classe terminale. Les objectifs généraux de cette réforme s'articulent autour des axes suivants : mettre fin à la hiérarchie entre les séries pour faire de chacune d'elles une voie d'excellence à part entière ; instaurer une spécialisation progressive pour permettre une plus grande fluidité des parcours, autoriser la réversibilité des choix d'orientation et des corrections de trajectoire ; mieux préparer les élèves à des études supérieures réussies ; fournir une culture commune à l'ensemble des élèves, grâce notamment à l'inclusion d'une deuxième langue vivante dans les enseignements communs obligatoires ; permettre une véritable détermination des élèves sans les enfermer dans des choix trop précoces. Deux enseignements d'exploration obligatoires, dont un dans le domaine de l'économie, d'une durée d'une heure et demie chacun permettent aux élèves de découvrir des domaines d'enseignement nouveaux. Ils leur donnent la possibilité de tester leurs goûts et leurs aptitudes pour éclairer leur choix d'une série de première dans la voie générale ou la voie technologique et, au-delà, des domaines de poursuite d'études dans l'enseignement supérieur. Toutefois, le choix de ces enseignements ne peut être imposé comme prérequis pour l'accès à une quelconque série en classe de première. Le deuxième enseignement d'exploration peut être choisi dans une liste où figurent notamment les enseignements technologiques tels que « sciences de l'ingénieur », « création et innovation technologiques », « sciences et laboratoire ». Pour les élèves très motivés par l'étude de la technologie, une dérogation à la règle du choix de deux enseignements d'exploration est possible. En plus de l'enseignement d'économie, ils ont la possibilité de choisir simultanément deux enseignements technologiques, dont ceux précités. Le système retenu se caractérise par une grande souplesse et vise à familiariser un plus grand nombre d'élèves qu'actuellement aux démarches scientifiques et technologiques, avec l'objectif d'augmenter le vivier d'élèves choisissant de poursuivre leurs études dans une série technologique. À titre d'exemple, les programmes des enseignements d'exploration « de sciences de l'ingénieur » et de « création et innovation technologiques » sont adaptés à ces objectifs. Ils sont parus au Bulletin officiel de l'éducation nationale spécial n° 4 du 29 avril 2010. L'enseignement de « sciences de l'ingénieur » vise à faire découvrir les relations entre les sociétés et les technologies. Cet enseignement aborde l'analyse de systèmes, l'exploitation de modèles et l'initiation aux démarches de conception de produits. L'enseignement de « création et innovation technologiques » a pour but de confronter les élèves à des démarches permettant de favoriser l'innovation dans les domaines technologiques. Les contenus de ces deux enseignements doivent permettre aux élèves d'identifier les perspectives d'études technologiques en particulier dans l'enseignement supérieur : sections de techniciens supérieurs, instituts universitaires de technologie, écoles d'ingénieurs et au-delà de découvrir les domaines professionnels vers lesquels elles ouvrent. S'agissant de la rénovation des séries STI et STL, elle vise à conforter la voie technologique au lycée comme « troisième voie » médiane entre la voie professionnelle et la voie générale. Cette voie constitue une originalité du système éducatif français qu'il convient de préserver. Dans le cadre de l'actuelle réforme du lycée, la volonté de renforcer l'identité de cette voie a été réaffirmée, ses formations rénovées afin qu'elle réponde au mieux aux besoins de la société. En témoigne tout d'abord la réforme ambitieuse des séries STI et STL, qui deviendront les séries STI 2D (sciences et technologies de l'industrie et du développement durable), STL (sciences et technologies de laboratoire) et STD 2A (sciences et technologies du design et des arts appliqués). Conformément à la décision du Président de la République, l'offre d'enseignement technologique, notamment de la série STI, a été modernisée afin de créer un véritable parcours technologique, permettant de déboucher, bien davantage qu'aujourd'hui, sur les métiers de technicien supérieur et d'ingénieur. Au-delà de l'affirmation de l'objectif de poursuite d'études, qui se traduit notamment par une polyvalence technologique accrue des enseignements, la réforme des séries STI et STL se caractérise par l'orientation progressive des élèves et leur accompagnement personnalisé. L'ensemble de ces mesures devrait motiver de nombreux élèves à choisir des formations technologiques industrielles revalorisées.
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