M. Marc Laménie. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je souhaitais évoquer, s'agissant du drame de l'amiante, la situation des victimes qui sont aujourd'hui contraintes de restituer une partie des sommes qu'elles ont perçues du FIVA, au titre d'indemnités. Ce point ayant déjà été évoqué par d'autres intervenants, vous avez répondu à ma question, monsieur le ministre.
Je rappelle néanmoins que la cour d'appel de Douai, le 27 octobre dernier, en application d'une décision de la Cour de cassation, a jugé que la somme perçue par les victimes de la part de l'assurance maladie devrait désormais être déduite de l'indemnisation accordée par le FIVA. Les justiciables concernés sont dans l'obligation de rembourser la somme en question.
Pour bien comprendre ce qui s'est passé, il faut savoir que les victimes de maladies professionnelles reçoivent deux indemnisations : une rente « maladie professionnelle » de la caisse primaire d'assurance maladie s'appliquant au titre du préjudice économique, et une rente d'incapacité du FIVA correspondant au préjudice personnel.
Le FIVA a toujours considéré qu'il fallait déduire du montant de ses indemnités celles qui sont versées par l'assurance maladie. Les victimes ayant la possibilité de contester le montant proposé par le FIVA devant la cour d'appel de leur domicile, en 2005, la cour d'appel de Douai a réévalué la rente. Elle a estimé qu'il ne fallait pas déduire les indemnités versées par l'assurance maladie de celles qui sont versées par le FIVA puisque les deux ne portaient pas sur les mêmes préjudices, l'un étant économique et l'autre personnel. Ainsi, jusqu'en 2009, elle a systématiquement doublé les montants des indemnités que le FIVA devait verser, et ce jusqu'à ce que la Cour de cassation prenne une position inverse, à la suite d'un pourvoi du FIVA.
On peut imaginer l'indignation de ces justiciables du Nord et leur désarroi face à un tel revirement.
Je suis conscient, monsieur le ministre, que vos pouvoirs sont limités en la matière, puisque, en vertu du principe de séparation des pouvoirs, vous ne pouvez contester une décision de justice. Je vous remercie donc d'être intervenu auprès de la présidente du FIVA.
Je vous pose néanmoins deux questions, monsieur le ministre. Avez-vous reçu des engagements de la part du FIVA ? Sera-t-il possible de stopper les recours ?
(Applaudissements sur plusieurs travées de l'UMP. – M. Jean Boyer applaudit également.)
M. Xavier Bertrand, ministre. Monsieur le sénateur, ma réponse tiendra en trois points.
Pour l'instant, dix-sept dossiers sont identifiés, mais ils pourraient s'élever à 300. Ils seront, je le répète, examinés au cas par cas. Je serai vigilant à ce que cet objectif soit tenu, mais je fais toute confiance au FIVA et à sa présidente pour travailler dans ce sens.
Je précise également qu'il est important d'écouter les organisations syndicales en la matière. Elles ont d'ailleurs écrit aux parlementaires ; je ne sais pas si elles ont écrit à tous les parlementaires... Je respecte les associations et j'écoute leur position. Mais celle des partenaires sociaux et des organisations syndicales en la matière vaut la peine d'être écoutée et entendue.
Enfin, il est un troisième aspect sur lequel j'insisterai : nous devons faire attention à la judiciarisation, laquelle n'est pas le fait du FIVA. En effet, ce n'est pas lui qui, le premier, a engagé des actions judiciaires supplémentaires. Certes, le droit d'ester en justice est garanti par la Constitution, mais nous devons mesurer toutes les conséquences de la judiciarisation, car elles pèsent aujourd'hui sur les victimes.
Je le répète : premièrement, un traitement au cas par cas, même si les victimes se comptent par centaines, est possible, et cela sera fait. Deuxièmement, la position des organisations syndicales doit être prise en compte. Troisièmement, nous devons nous interroger sur la judiciarisation, qui peut avoir pour effet de pénaliser les victimes. Je pense bien évidemment aux victimes de l'amiante.
(Applaudissements sur plusieurs travées de l'UMP.)
M. le président. La parole est à M. Marc Laménie, pour la réplique.
M. Marc Laménie. Je vous remercie, monsieur le ministre, des différentes actions que vous menez. C'est très important. La tâche est immense, mais nous savons que nous pouvons compter sur vous. Nous vous remercions.
(Mme Catherine Troendle applaudit.)
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