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Claude Bérit-Débat
Question écrite N° 15528 au Ministère du travail


Contre le transfert de nouvelles charges aux dépens de l'AGEFIPH

Question soumise le 14 octobre 2010

M. Claude Bérit-Débat attire l'attention de M. le ministre du travail, de la solidarité et de la fonction publique sur le désengagement de l'État en matière de politique de l'emploi auprès des travailleurs handicapés.

Depuis des années, l'Association de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées (AGEFIPH) permet à de nombreux demandeurs d'emplois handicapés de s'insérer dans le monde du travail et de s'y maintenir.

En effet, elle informe, conseille et apporte des financements aussi bien aux entreprises souhaitant recruter des personnes handicapées qu'à ces dernières par le biais, notamment, de la prime à l'insertion.

Or, le projet de loi de finances pour 2011, dans son article 97, faisant écho à la révision générale des politiques publiques, devrait faire peser de nouveaux transferts de charges non compensés sur cette association. Cela grèvera son budget de plusieurs millions d'euros sur deux ans. Le but du Gouvernement est, notamment, ici, de se désengager de la mise en œuvre des parcours de formation professionnelle des demandeurs d'emploi handicapés.

Ce désengagement se poursuivra en 2011 par le transfert, toujours non compensé, vers l'AGEFIPH de la reconnaissance de la lourdeur du handicap (RLH) puis en 2012 par celui de la déclaration de l'obligation d'emploi des travailleurs handicapés (DOETH) faite par les entreprises.

Dans ce contexte, l'AGEFIPH ne pourra pas mener à bien, du fait ces nouvelles charges, ses missions initiales.

Il s'agit là d'un véritable abandon de l'État au détriment de la politique de l'emploi auprès des travailleurs handicapés, et cela pour répondre uniquement à une logique comptable visant à faire des économies en termes de postes publics.

Aussi, il lui demande si le Gouvernement compte, dans le projet de loi de finances pour 2011, revenir à de meilleures dispositions en faveur de l'emploi pour les personnes handicapées et de pérenniser l'action de l'AGEFIPH plutôt que de mettre en difficulté cette structure.

Réponse émise le 14 avril 2011

Le ministre du travail, de l'emploi et de la santé a pris connaissance avec intérêt de la question relative aux moyens de financement dévolus à l'association de gestion du fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées (AGEFIPH). L'article 208 de la loi de finances pour 2011 a prévu le transfert à l'AGEFIPH, d'une part, de la gestion pérenne de trois dispositifs et, d'autre part, de la gestion, pendant une année, du marché relatif à la formation professionnelle des personnes handicapées. La décision de transférer ces dispositifs a été guidée par la volonté du Gouvernement de rationaliser les interventions des acteurs dans le champ de la politique de l'emploi des personnes handicapées. Les réflexions engagées, notamment dans le cadre de la révision générale des politiques publiques, ont mis en évidence les gains escomptés par ces transferts pour les personnes handicapées et les employeurs. Ainsi, par exemple, le transfert en 2013 de la gestion de la déclaration annuelle obligatoire d'emploi des travailleurs handicapés (DOETH) permettra à l'AGEFIPH de maîtriser l'ensemble du processus dont elle assure d'ores et déjà la gestion financière en collectant les contributions des entreprises assujetties. Au surplus, ce changement sera l'occasion de simplifier, d'optimiser la procédure et d'en limiter le coût de gestion, voire de générer une augmentation des ressources du fonds gérées par l'association. Enfin, il permettra de disposer plus rapidement de données statistiques sur le taux d'emploi permettant un pilotage opérationnel plus efficace. Toutefois, l'État restera compétent pour élaborer la législation et la réglementation et l'exercice des sanctions et des voies de recours. Le transfert de la gestion du dispositif de la reconnaissance de la lourdeur du handicap (RLH) et de la prime de reclassement répond aux mêmes objectifs de simplification et de rationalisation poursuivis par l'État. L'AGEFIPH gère de nombreux dispositifs d'aides et de primes similaires et son expérience en la matière doit permettre de les optimiser. Par ailleurs, l'association assume déjà le coût financier lié au dispositif de la RLH et le coût de gestion de ce dispositif devrait rester limité. Le transfert de la gestion du marché de formation, pour une année, à l'AGEFIPH et au fonds pour l'insertion des personnes handicapées dans la fonction publique, s'inscrit dans cette même logique de rationalisation des modes d'intervention des acteurs. En effet, les deux fonds ont une compétence spécifique en matière de formation des personnes handicapées, réaffirmée par la loi de finances pour 2011. Le coût de ce transfert sera assuré par les deux fonds et par le fonds social européen qui sera mobilisé à cet effet. L'ensemble de ces transferts s'inscrivent pleinement dans l'objet social de l'association qui, grâce aux contributions légales obligatoires, développe les moyens consacrés à l'insertion des personnes handicapées en milieu ordinaire de travail. Par ailleurs, le prélèvement exceptionnel opéré sur le budget de l'AGEFIPH par la loi de finances 2009 n'a pas remis en cause les actions programmées par l'association en 2009 et en 2010. En effet, l'association disposait, à la fin de l'année 2008, de réserves très élevées (plus de 400 M€) qui, ajoutées à la collecte annuelle (600 M€), lui permettaient de soutenir un niveau d'intervention très important. Les moyens consacrés par l'association à l'insertion et au maintien des personnes handicapées ont ainsi augmenté sur la période 2008-2010 : l'AGEFIPH a dépensé environ 740 M€ en 2009 et 745 M€ en 2010, contre 600 M€ en 2008. Enfin, la somme prélevée a été utilisée exclusivement pour soutenir l'insertion professionnelle des personnes handicapées. Ces évolutions ne remettent nullement en cause l'engagement de l'État dans cette politique publique dont le Gouvernement entend au contraire renforcer le pilotage afin de mieux coordonner les interventions des différents acteurs, tant au niveau national que régional. Il s'inscrit dans une démarche, partagée avec ses partenaires, d'évaluation des actions entreprises afin de rationaliser les actions engagées au bénéfice des personnes handicapées.

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