Mme Joëlle Garriaud-Maylam interroge M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative sur la suspension annoncée du CAPES externe et de l'agrégation de chinois pour l'année 2012 (arrêté du 4 mai 2011). Ce serait la première fois, depuis la création du CAPES de chinois en 1964 et de l'agrégation de chinois en 1999, que ces examens n'auraient pas lieu.
Elle souligne que, depuis 2005, le chinois est la 5e langue enseignée dans le secondaire en France, par près de 400 professeurs, dans plus de 500 établissements. Que ce soit par curiosité culturelle ou par intérêt pour un pays devenu la première destination des expatriés européens (devant les États-Unis et le Royaume-Uni), la progression annuelle du nombre d'élèves est fulgurante, puisqu'ils étaient à peine plus de 9 000 il y a 7 ans et sont désormais plus de 27 000. Cet attrait pour la langue chinoise correspond à un mouvement international puissant : le chinois est désormais plus étudié que le français dans les meilleures universités américaines… ainsi qu'en Italie.
Elle estime qu'il est du devoir des pouvoirs publics de proposer dans les établissements scolaires un enseignement du chinois de qualité, afin de ne pas laisser cette mission stratégique aux seuls instituts Confucius (une douzaine de centres en France) et cours privés. Dans cette perspective, il est essentiel de former des enseignants maîtrisant à la fois la langue chinoise et les qualités pédagogiques nécessaires à son enseignement à un public français.
Elle demande si la suspension du CAPES et de l'agrégation de chinois a effectivement été entérinée pour l'année prochaine et, le cas échéant, s'il ne serait pas possible de revenir sur une décision fortement dommageable non seulement aux professeurs et élèves de chinois, mais aussi à la défense de nos intérêts - notamment économiques - en relation avec la Chine.
Les contraintes qui s'exercent sur le budget de l'État nécessitent de faire preuve de responsabilité dans le recrutement des enseignants afin de répondre à la fois à l'ambition de la nation pour son école et à la maîtrise de la dépense publique. Ainsi le recrutement des personnels enseignants du second degré s'effectue-t-il dans le cadre de concours nationaux dont les volumes sont déterminés annuellement dans le respect des emplois votés en loi de finances, en tenant compte de plusieurs paramètres dont le nombre de départs en retraite, les prévisions d'effectifs d'élèves et les éventuelles évolutions pédagogiques. Les choix concernant les concours de recrutement de professeurs de chinois ne constituent donc en rien une mesure de défiance à l'égard de cette langue dont l'enseignement se développe au sein de nos collèges et de nos lycées depuis une dizaine d'années. Cependant il apparaît que les recteurs d'académie ont connu, l'an passé, des difficultés pour affecter les lauréats des concours externes de langue chinoise. Pour la session 2012, le ministère a néanmoins souhaité ouvrir le CAPES interne de chinois. 12 postes y sont ainsi proposés. Ce concours mieux doté que les années précédentes va permettre de répondre à la demande croissante d'enseignement de la langue chinoise. Ce choix a également une dimension sociale, puisque ce CAPES interne va ouvrir des perspectives de titularisation à celles et ceux qui enseignent dès à présent le chinois à nos élèves, dans le cadre de contrats à durée déterminée. Le ministère aura par ailleurs à cœur de prendre toute sa part dans l'organisation et la promotion de l'année linguistique croisée franco-chinoise.
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