M. Roland Courteau expose à M. le ministre du redressement productif que l'un des défis majeurs des PMI (petites et moyennes industries) françaises est de gagner sans cesse en compétitivité.
Il lui indique que l'adaptation et la modernisation de l'outil de production sont des sources de gain de productivité que les PMI peuvent réaliser à très court terme. Cet investissement productif est d'autant plus essentiel que les PMI françaises renouvellent moins souvent leurs outils et leurs technologies de production que leurs concurrentes européennes.
C'est ainsi que la dernière étude du ministère de l'industrie, en 1999, portait sur les machines-outils. Elle a mis en évidence un âge moyen du parc français de machines-outils supérieur à dix-sept ans ! Treize ans après, à la suite des crises successives, depuis 2002, qui ont engendré un fort recul de l'investissement, l'obsolescence de ces machines et technologies productives s'est immanquablement aggravée.
Il lui précise par ailleurs que le constat est également inquiétant du point de vue de l'adoption de technologies incontournables pour l'atelier de production du XXIème siècle : robotique, vision industrielle, métrologie, pour n'en citer que quelques-unes.
Ce retard explique la difficulté des PMI à se positionner à l'international et, sans doute pour une bonne part, la baisse du nombre d'entreprises exportatrices.
Il lui fait remarquer que le Syndicat des entreprises de technologies de production (SYMOP) se mobilise avec les PMI concernées autour d'une démarche d'intérêt général. L'objectif est d'obtenir des pouvoirs publics une étude de fond dressant l'état des lieux de l'outil de production français, assortie de recommandations pour son adaptation aux exigences du marché.
Les décideurs politiques disposeraient ainsi d'une vision de la situation et seraient en capacité de prendre les mesures qui s'imposent pour renforcer la compétitivité du tissu industriel.
Il lui demande donc de lui faire connaître son sentiment par rapport à cette proposition et les initiatives qu'il entend mettre en œuvre pour y donner suite.
Les statistiques internationales montrent, en effet, que le taux de robotisation des entreprises industrielles françaises et, en particulier, celui des petites et moyennes entreprises (PME), est en deçà de celui des entreprises allemandes et italiennes. Le sous-équipement en robots industriels traverse l'ensemble des filières industrielles et le retard français va en s'amplifiant, ce qui nuit à la compétitivité des entreprises. Ce constat a été confirmé en 2009 par une étude cofinancée par la direction générale de la compétitivité, de l'industrie et des services (DGCIS) et le syndicat des entreprises de technologie de production (SYMOP). Elle montre, en particulier, que le nombre de robots par employé de production est 1,5 fois moins élevé en France qu'en Allemagne dans l'automobile et que, dans l'industrie hors automobile, le nombre de robots est moins important en France (33 000 robots) qu'en Italie (65 000) ou en Allemagne (150 000). Or une cellule de robotisation a un impact direct sur la compétitivité d'une PME. La décision de robotiser a deux fondements principaux : une approche défensive (diminuer les coûts pour rester compétitif, éviter de délocaliser des productions), une approche offensive (renforcer son positionnement produit, accéder à de nouveaux marchés). Diverses initiatives ont été lancées depuis quelques années afin de favoriser la robotisation des PME : le SYMOP a lancé, en 2005, une action de communication dénommée « Robotcaliser » (robotiser pour ne pas délocaliser) qui se poursuit encore aujourd'hui. Elle a pour but principal de sensibiliser les chefs d'entreprise à l'intérêt de la robotisation et leur permettre de surmonter leurs incertitudes et leurs interrogations. Cette action portée par la fédération professionnelle trouve ses limites à la fois sur le plan financier et sur le fait que les PME qui robotisent sont peu favorables à communiquer et à partager leur expérience avec d'autres entreprises ; au niveau européen, il convient également de citer le projet SMErobot (Small and Medium-sized Enterprise) lancé sur la période 2005-2008, qui a réuni les principaux fabricants mondiaux et qui visait à développer une nouvelle génération de robots plus simples, intuitifs et flexibles afin de faire évoluer profondément les pratiques des PME européennes. Le projet concernait également la mise au point de nouveaux modèles de financement et d'investissement à l'échelle des PME, ainsi que l'intégration de la technologie des robots dans les processus de fabrication. Malgré la réalisation de ce programme ambitieux, il reste difficile d'en apprécier son impact sur les PME européennes ; diverses actions collectives en faveur de la robotisation sont menées dans les régions (comme PM'UP en Ile-de-France, Active Robotec en région Centre, Cermasopp en région Franche-Comté). Celles-ci restent soit spécifiques et ne portent que sur une application dédiée, soit très localisées. Elles sont, en général, de dimension réduite ; les aspects recherche et développement de la robotique industrielle sont pris en compte dans le cadre de quelques projets de fonds unique interministériel des pôles de compétitivité (Flash TP, Sélect, Cobomanip, ...) mais ils ne répondent pas en l'état à la question du développement du taux d'utilisation de robots dans les PME françaises. Le SYMOP a déposé un projet dans le cadre de l'appel à projets « filières industrielles » des investissements d'avenir. Ce projet, appelé START PME, propose un ensemble cohérent d'actions (information, sensibilisation et orientation des PME, diagnostic des PME, aide à l'investissement et étude d'impact des opérations de robotisation) visant à développer le taux de robotisation des PME afin de maintenir la compétitivité et l'emploi des grandes filières industrielles.
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