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Maurice Antiste
Question écrite N° 5362 au Ministère de l'agriculture


Survie de la filière du melon aux Antilles

Question soumise le 21 mars 2013

M. Maurice Antiste attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt sur les difficultés que rencontrent les producteurs de melon des Antilles (Martinique et Guadeloupe) et sur la situation très précaire dans laquelle ils se trouvent.

Les contextes économique et climatique de ces dernières années ont fortement fragilisé la filière du melon aux Antilles et en Martinique en particulier, les agriculteurs ayant vu leurs récoltes grandement endommagées par les tempêtes successives depuis le passage du cyclone Dean en août 2007 : en 2008, la Martinique a subi une très forte pluviosité, avec quasiment le double de la quantité d'eau habituelle sur les régions de Fort-de-France et du Lamentin (50 à 80 % de plus qu'ailleurs), octobre 2008 étant l'un des plus pluvieux des 60 dernières années ; en 2009, certaines régions de la Martinique ont enregistré une pluviométrie record (le Lamentin notamment) et les inondations en découlant ont causé de nombreux et sévères dégâts sur toute l'île ; en 2010, une pluviométrie largement supérieure à la normale a été constatée dans certaines régions (de 30 % à 50 % selon les régions en avril et juin), à laquelle a succédé le cyclone Tomas qui a amené à lui seul plus de la moitié de la quantité d'eau habituelle au mois d'octobre ; en 2011, au cumul de pluie et fortes précipitions s'est ajoutée la tempête Emily qui a causé de nombreux dégâts, notamment à Fort-de-France, théâtre d'inondations et de coulée de boue ;

en 2012, aux fortes précipitations des mois de mai et d'août a succédé un mois de septembre très chaud et sec, avant que la tempête tropicale Rafael n'amène de fortes pluies en octobre.

Ces conditions climatiques désastreuses ont fait subir de lourdes pertes aux producteurs de melons et mis à mal les cultures, ne leur permettant pas de compenser les pertes par une bonne année. Cela est d'autant plus vrai, qu'outre le mouvement social de 2009 qui a immobilisé les productions pour le marché local et pour les exportations, les agriculteurs n'ont été dédommagés que partiellement alors même que l'état de catastrophe naturelle a été déclaré.

Enfin, le melon produit en Martinique étant un produit de contre-saison, il est de ce fait le premier fruit à l'export (après la banane). La concurrence s'étant fortement développée ces dernières années, les exportations des Antilles vers la métropole sont passées de 12 000 tonnes à 4 000 tonnes en cinq ans.

C'est pourquoi il souhaite savoir quelles solutions peuvent être mises en place pour soutenir et aider au développement de la filière du melon en Martinique.

Il craint également, compte tenu de la situation financière délicate des agriculteurs et organisations de producteurs ainsi que de la concurrence très difficile du marché, qu'une telle conjoncture porte véritablement atteinte aux emplois de ce secteur.

Réponse émise le 20 juin 2013

La filière melon des Antilles, et en particulier de Martinique, fait face à des difficultés de plusieurs ordres. D'une part, au niveau de la production, outre les événements climatiques exceptionnels récurrents qui la fragilisent malgré les dispositifs d'indemnisation mis en œuvre, elle se heurte à des problèmes fonciers, d'irrigation, et d'encadrement technique. Une tendance à la baisse des rendements est, par conséquent, observée depuis plusieurs années. D'autre part, sur le plan commercial à l'export, la pression concurrentielle de nouvelles zones de production (telles que le Maroc et le Sénégal) induit une diminution des marges commerciales de la filière antillaise sur les marchés européens de contre-saison. La filière bénéficie de soutiens financiers communautaires du premier et du second pilier de la politique agricole commune, pour la commercialisation de ses produits en faveur de diverses actions d'accompagnement parmi lesquelles le conditionnement, le transport et la promotion, ainsi que pour des travaux d'amélioration foncière ou encore l'encadrement technique. Par ailleurs, lors des crises conjoncturelles d'ordre climatique ou économique, l'État a mis en place des dispositifs d'aides spécifiques en sa faveur. À court terme, afin de remédier à la diminution de la productivité en améliorant les itinéraires techniques et réduisant les coûts de production, les ressources techniques locales, telles que l'institut technique tropical ou le réseau d'innovation et de transfert agricole, pourraient être mobilisées sur la question de la rotation des cultures en vue de limiter l'épuisement des sols. En outre, l'organisation économique locale pourrait probablement être enrichie par de nouveaux partenariats, afin de diversifier les débouchés locaux des producteurs, en particulier à destination des collectivités. Par ailleurs, avant d'apporter d'éventuelles modifications aux dispositifs financiers existants pour en étendre la portée, certaines relevant d'adaptations réglementaires, il est nécessaire d'analyser la situation présente de la filière avec précision et indépendance. D'une part, un audit des conditions de production et de la situation organisationnelle, administrative et financière des structures de producteurs pourrait être utilement mené. D'autre part, une expertise portant sur la valorisation de la production sur le continent européen et la répartition de la valeur ajoutée dans la filière pourrait compléter cet audit. Des aides publiques peuvent être mobilisées pour mener ce type d'audit, sous réserve qu'une demande soit formulée par la profession. Au printemps 2012, le lancement d'une telle démarche avait été acté par l'administration et des représentants de la filière, ceux-ci devant établir des cahiers des charges en ce sens. Cependant, elle n'a finalement pas été engagée. Il paraît à ce jour toujours judicieux d'aller dans cette voie.

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