Mme Marie-Noëlle Lienemann interroge M. le ministre du travail, de l'emploi et du dialogue social sur les mesures que compte prendre le Gouvernement concernant les difficultés que vivent de nombreux demandeurs d'emploi seniors se retrouvant, malheureusement, très souvent en situation de précarité lorsqu'ils arrivent en fin de droits.
Avec plus d'un million de chômeurs âgés en France, le Gouvernement s'oppose toujours au rétablissement de l'allocation équivalent retraite (AER) qui leur permettrait de vivre décemment jusqu'à la mise en place effective de leur pension de retraite. Il est anormal, voire même indécent, que des personnes ayant travaillé toute leur vie se retrouvent ainsi en situation de grande précarité avec l'allocation spécifique de solidarité (ASS) ou le revenu de solidarité active (RSA) dont le montant avoisine les 480 euros.
Jean-Marc Ayrault, alors Premier ministre avait promis le rétablissement de l'AER, il déclarait, le 24 janvier 2013, qu'« Il faut supprimer cette injustice et le Gouvernement s'y est engagé ». Or ce rétablissement n'a guère eu lieu, le Gouvernement préférant, dans un décret du 4 mars 2013, prolonger l'allocation transitoire de solidarité (ATS) mise en place par Xavier Bertrand, ministre du travail de l'époque, en remplacement de l'AER. Le Gouvernement a, par ailleurs, rendu les conditions d'attribution encore plus draconiennes, puisque cette ATS est réservée aux chômeurs nés de 1951 à 1953 indemnisés par l'assurance chômage en 2010 et ayant leurs trimestres validés, excluant ainsi du dispositif les trimestres d'allocation spécifique de solidarité et, de ce fait, excluant une partie des chômeurs initialement concernés.
Il est donc urgent de ne pas laisser à l'abandon ces seniors qui, durant toute leur vie, ont contribué au développement économique et doivent bénéficier d'un traitement digne leur permettant de vivre décemment en attendant leur retraite.
Elle lui demande donc s'il compte effectivement rétablir l'AER, afin de rendre un peu de justice sociale aux séniors concernés.
Le Gouvernement a eu l'occasion de mettre en acte ses engagements pour la justice sociale, la reconnaissance des efforts individuels, l'amélioration de l'accompagnement vers et dans l'emploi de tous nos concitoyens, qui en ont besoin ou qui en font la demande. D'abord, en adoptant lors d'un comité interministériel de lutte contre les exclusions, réuni en janvier 2013 pour la première fois depuis 2006, un plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté qui organise la revalorisation de +10 % du RSA socle en 5 ans. Cet engagement financier important porte aujourd'hui le montant du revenu de solidarité active (RSA) socle à près de 510 €/mois pour une personne seule et sans autres ressources. Ensuite, en élargissant les conditions d'éligibilité à l'allocation transitoire de solidarité (ou « ATS »). Cet élargissement a été mis en œuvre par décret le 1er mars 2013 et a permis de corriger les injustices provoquées par la réforme des retraites en 2010. De plus, la loi du 20 janvier 2014 garantissant l'avenir et la justice du système de retraites prévoit qu'un rapport sur la situation des générations 1952 et 1953 soit remis au Parlement. Ce rapport remis en octobre 2014 montre, en toute transparence, que l'élargissement du décret de mars 2013 a effectivement permis d'inclure dans le bénéfice de l'ATS la quasi-totalité des chômeurs nés en 1952 et 1953 pouvant y prétendre. On dénombre 907 personnes qui, suite à la perception de l'allocation spécifique de solidarité (l'ASS) et donc à la validation des trimestres qu'elle permet, auraient pu obtenir l'ATS si les trimestres validés au titre de l'ASS avaient été pris en compte. Fin 2014, toutes ces personnes pourront faire valoir leurs droits à retraite car elles auront atteint l'âge légal de départ. Chaque situation individuelle compte. Et quand des difficultés particulières ont été repérées ou signalées, les services de l'État, en lien avec tous les acteurs locaux pertinents, ont chaque fois proposé des solutions et des conseils. Enfin, le Président de la République a confirmé lors de la grande conférence sociale des 7 et 8 juillet 2014, la priorité pour l'emploi des plus de 50 ans et la lutte contre le chômage de longue durée, qui touche plus souvent les « seniors ». Cela passe par des mesures de retour à l'emploi des chômeurs de longue durée, notamment en ciblant prioritairement sur ce public les contrats aidés dans le secteur marchand, ainsi que les 100 000 formations prioritaires de Pôle emploi. Cela passe également par le maintien dans l'emploi des salariés au-delà de 45 ans. Nous devons, en effet, lutter contre une certaine discrimination, consciente ou non, et inciter davantage à embaucher et conserver des salariés expérimentés. En 2015, la prime du contrat de génération sera doublée en cas d'embauche simultanée d'un jeune et d'un senior. Les engagements, la volonté et l'action du Gouvernement sont intacts en faveur de la justice sociale. L'emploi reste le meilleur rempart contre les difficultés financières et la précarité. Ce combat, celui du Gouvernement, celui des partenaires sociaux gestionnaires de l'assurance chômage, est de créer les conditions de l'emploi, de restaurer l'employabilité des personnes à travers leur formation et l'accompagnement de leurs projets, et de sécuriser des parcours parfois heurtés.
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