Question soumise le 24 juillet 2014

M. Simon Sutour attire l'attention de Mme la ministre de la culture et de la communication sur la décision émanant de Radio France de réduire ses programmes de jazz, et sur l'annonce de la fin du bureau du jazz et des concerts organisés par Radio France.

En effet depuis 1961, le bureau du jazz était un lieu de rencontre important pour les musiciens, les professionnels et le public.

Accueillant chaque année une trentaine d'orchestres, reflétant la vitalité et la diversité de la scène française et par son rôle en matière de création et de diffusion, le bureau jazz a favorisé l'émergence de nombreux projets et permis à plusieurs générations d'approfondir leur connaissance de cette musique.

De plus, il a activement participé à sa démocratisation par une politique de gratuité ou de tarifs accessibles à tous.

Retransmis sur Radio France, ces concerts étaient également diffusés sur le réseau des radios partenaires (UER en Europe, NHK au Japon et NPR aux USA), assurant ainsi un vaste rayonnement de la scène hexagonale.

Déjà fortement affectés par la fermeture du centre d'information du jazz, musiciens et professionnels de ce secteur sont fortement inquiets sur le devenir de la place du jazz sur une radio de service public et sur la scène culturelle de notre pays au moment où les festivals partout en France ont de plus en plus de succès, ce qui atteste un réel attachement du public.

C'est pourquoi il lui demande ce que le Gouvernement compte mettre en place afin de préserver cet espace culturel qu'est le jazz, notamment sur le service public de radio et de télévision.

Réponse émise le 20 août 2015

En préambule, la ministre de la culture et de la communication rappelle qu'il ne lui appartient pas d'intervenir sur les choix éditoriaux des sociétés du service audiovisuel public. Aux termes de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 modifiée relative à la liberté de communication, ces sociétés sont seules responsables de leur programmation dans le cadre des missions qui leur sont imparties par le législateur, sous le contrôle du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Ce principe fondamental garantit l'indépendance des sociétés de l'audiovisuel public vis-à-vis du Gouvernement. Cependant, le cahier des charges de Radio France, qui fixe ses obligations de service public et qui définit l'identité et les caractéristiques des services édités par la société, dispose en son article 29 que la société veille, sur l'ensemble de ses antennes, à illustrer toutes les formes d'expression de la musique vivante en ouvrant largement ses programmes aux retransmissions de spectacles publics présentés en France. C'est dans le cadre de ces obligations que le nouveau président-directeur général de Radio France a engagé avec l'État les négociations du prochain contrat d'objectifs et de moyens (COM) 2015-2019 de Radio France. L'un des axes de ce COM sera précisément de conforter l'action musicale de la société, en mettant l'accent sur l'éclectisme des genres et l'organisation de concerts en public à la Maison de la radio. Des réorganisations d'antennes ont été initiées qui affectent nécessairement la programmation musicale, sans altérer l'attachement de Radio France à la diversité. Radio France prévoit, dans le cadre de la réorganisation de la direction de la musique qui est à l'œuvre, de mieux intégrer le jazz dans l'équipe de programmateurs, de produire des concerts de jazz en relation avec les antennes du groupe, en faisant appel à toutes les générations d'interprètes. Différents éléments de la programmation de Radio France pour la rentrée attestent de la place confortée du jazz dans l'activité musicale de Radio France : pour France Musique, la quotidienne de 18-19 h avec Alex Duthil est reconduite, de même que le « Jazz club » d'Yvan Amar le vendredi de 22 h30 à minuit, « On ne badine pas avec le jazz » de Patrice Bertin et Jérôme Badini le dimanche de 10 h à 11 h, ainsi que l'émission « Le Matin des musiciens » d'Arnaud Merlin, qui est programmée le samedi à 17 h et bénéficie d'une meilleure exposition que le mardi matin. S'agissant des autres antennes, France Inter maintient la diffusion de l'émission hebdomadaire de deux heures consacrée au jazz, « Summertime », avancée d'une heure à la rentrée (de 22 h à 21 h). Fip quant à elle diffuse près de 42 % de titres répertoriés à la catégorie « jazz et musiques du monde », propose un rendez-vous hebdomadaire « jazz à Fip » et retransmet de nombreux festivals de jazz (à l'image du festival « Jazz des 5 continents » qui s'est tenu du 22 au 24 juillet, les concerts étant retransmis les trois soirs sur Fip). Par ailleurs, en ce qui concerne France Télévisions, le cahier des charges de la société prévoit à son article 5 que celle-ci « diffuse régulièrement des émissions à caractère musical. Le contenu de ces émissions doit permettre de faire connaître aux téléspectateurs les diverses formes de musique, de rendre compte de l'actualité musicale et de promouvoir les nouveaux talents (...) Elle veille à illustrer toutes les formes d'expression de la musique vivante en ouvrant largement ses programmes aux retransmissions de spectacles publics présentés en France (...) ». Le jazz est mis à l'honneur dans la programmation de France Télévisions, qui bénéficie également de nombreux partenariats avec des festivals. France 3 a ainsi diffusé la 11e édition des Victoires du Jazz, associées au festival Jazz à Vienne. France 3 Haute et Basse Normandie ont également proposé la retransmission du festival Jazz sous les pommiers : « la fête à Coutances ». De nombreux concerts de jazz sont également retransmis par la chaîne France Ô. La plateforme Culturebox, lancée en juin 2013, permet aux téléspectateurs et internautes de suivre en direct des captations de concerts de jazz (Jazz à Vienne). Enfin, la chaîne ARTE accorde également une place importante au jazz dans sa programmation, notamment grâce aux captations diffusées sur sa plateforme ARTE Concert. ARTE Concert est ainsi présente lors des principaux événements mettant le jazz à l'honneur, tels les festivals Jazz à Sète, Jazz des cinq continents, Jazz à Junas...