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Aline Archimbaud
Question crible thématique N° 3 au Ministère des droits


L'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes

Question soumise le 19 octobre 2012

Le texte de cette question n'est pas disponible à ce jour.

Réponse émise le 19 octobre 2012

Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre. Madame Archimbaud, je vous remercie de cette question, qui me permet de compléter mon propos de tout à l'heure puisque j'ai précédemment souligné cette spécificité française qui est liée à l'inégale répartition des tâches à la maison.

Depuis que je suis en charge du ministère des droits des femmes, je parle souvent, notamment avec les plus jeunes générations, de ces inégalités persistantes entre les hommes et les femmes, et j'entends souvent cette réponse qui m'amuse beaucoup : « Tu sais, dans mon couple, nous qui sommes trentenaires, nous avons des habitudes très différentes de celles de nos aînés, et il y a une forme d'égalité dans la répartition des tâches. »

Eh bien, j'invite toutes celles et tous ceux qui croient encore à cela à prendre connaissance des études réalisées sur le sujet. Elles démontrent que, comme vous l'avez vous-même souligné, madame Archimbaud, s'il existe une certaine égalité dans la répartition des tâches au début de la formation du couple, la situation change à l'arrivée des enfants, notamment du troisième, et l'on retrouve alors les 80 % des tâches effectuées par les femmes !

Un autre chiffre est intéressant pour illustrer mon propos, c'est celui du taux d'activité des femmes qui ont deux enfants en bas âge, dont un de moins de trois ans : il est de 67 % contre 97 % pour les hommes. C'est tout de même très révélateur !

Au moment de la Conférence sociale, nous avons essayé, avec les partenaires sociaux, de nous mettre d'accord sur ces questions de congés familiaux. Nous sommes parvenus à nous accorder sur trois principes que je vais vous exposer en réponse à vos questions.

Premièrement, il est absolument essentiel de maintenir et de sanctuariser le congé maternité, congé spécifique pour la mère de seize semaines, dont huit obligatoires, comme cela est prévu dans le droit actuel.
(Mme Brigitte Gonthier-Maurin et Mme Laurence Cohen applaudissent.)

J'en profite pour dire que nous prenons un certain nombre d'initiatives pour relancer la négociation sur la directive européenne relative au congé de maternité qui, vous le savez, est bloquée au niveau communautaire.

À leur retour de congé de maternité, les femmes pourraient aussi être davantage protégées. Dans le droit actuel, elles ne peuvent pas se faire licencier durant les quatre semaines qui suivent leur retour. Sans doute pourrions-nous étendre un peu ce délai, qui me semble trop court.

Deuxième principe important : il faut inciter les hommes à prendre leur congé de paternité plus qu'ils ne le font aujourd'hui. Tous les moyens seront bons. Faut-il aller jusqu'à l'obligation ? C'est une question que nous nous posons sérieusement. En tout cas, il faut les inciter.

Le troisième principe sur lequel nous nous sommes arrêtés concerne le congé parental de longue durée, qui peut aller jusqu'à trois ans. Il soulève des difficultés parce qu'il constitue à certains égards une trappe à inactivité pour les femmes, qui se retrouvent éloignées trop durablement du marché du travail et ont, de ce fait, du mal à y revenir.

Alors, comment faire pour mieux accompagner ces femmes pendant leur congé parental ? Par le biais de formations, notamment ; c'est ce que nous expérimentons dans certaines régions. Comment faire, surtout, pour que les hommes prennent une partie de ce congé parental ? Nous avons demandé aux partenaires d'y réfléchir.

M. le président. Je vous prie de conclure, madame la ministre.

Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre. Je terminerai donc ma réponse à l'occasion d'une prochaine question !
(Sourires.)

Tous ces sujets sont évidemment en discussion. Ils sont aussi étroitement liés au nombre de places que nous pourrons créer pour l'accueil collectif des jeunes enfants. Cela passe par les crèches,...

Mme Brigitte Gonthier-Maurin. Très bien !

Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre. ... les crèches d'entreprise ou interentreprises et les assistantes maternelles.
(Applaudissements sur les travées du groupe socialiste, du groupe CRC et du groupe écologiste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

M. Didier Guillaume. Très bien !

M. Alain Richard. Cela passe aussi par la stabilité du financement !

M. le président. La parole est à Mme Aline Archimbaud, pour la réplique.

Mme Aline Archimbaud. Je vous remercie de votre réponse, madame la ministre.

Compte tenu de la situation que nous connaissons et que vous avez à nouveau décrite, ainsi que des importantes inégalités qui persistent, il faut, selon moi, encourager les dispositifs donnant la même chance aux femmes et aux hommes, car c'est bien une chance de progresser dans sa vie professionnelle tout en ayant une vie familiale équilibrée et la possibilité d'élever ses enfants de manière partagée.

Tel est le sens des propositions qui sont faites, sans toucher aux seize semaines de congé maternité. Il est simplement proposé d'ajouter quinze jours aux onze jours de congé pour les pères, afin que les deux parents aient un mois. Cela permettrait à la fois de faire évoluer les mentalités et d'améliorer la qualité de vie dans les entreprises. Nous aurions toutes et tous à y gagner, tant sur le plan culturel que sur un plan que je qualifierai de structurel.

M. le président. Je me permets d'inviter tout le monde à respecter son temps de parole aussi scrupuleusement que possible, faute de quoi nos collègues qui doivent intervenir en dernier ne pourront pas bénéficier du temps de retransmission par la télévision.

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