M. François Grosdidier interroge Mme la ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie sur la deuxième suspension de l'écotaxe poids-lourds. Il lui demande d'accorder ce terme avec la suite de son propos qui annonce non une suspension, mais un abandon définitif de l'écotaxe au profit d'une contribution sur les péages autoroutiers pour financer les infrastructures de transports. Il lui demande comment, dans ces conditions, le Gouvernement compte enrayer l'afflux en France des poids lourds étrangers traversant l'Europe par la France, en contournant l'Allemagne et la Suisse qui, elles, taxent la pollution plutôt que le travail ou le patrimoine. Il souligne le fait qu'un renchérissement des péages va encore augmenter le report du transit sur les autoroutes gratuites et les grandes routes nationales et départementales dont l'écotaxe devait assurer le délestage et/ou le financement. Il lui demande aussi comment, dans ces conditions, le Gouvernement compte favoriser le report modal au profit du train ou du fleuve.
L'État a été confronté à des difficultés insurmontables dans la mise en œuvre de l'écotaxe, même aménagée après le travail de mise à plat et de concertation des commissions parlementaires. C'est au terme d'un long processus de travail que le Gouvernement a pris la décision de suspendre, sine die, ce dispositif car il suscitait de l'incompréhension et les difficultés posées par sa mise en œuvre technique créaient un sentiment d'injustice. L'objectif du Gouvernement était d'appliquer les principes de l'utilisateur-payeur et du pollueur-payeur. Pour atteindre cet objectif un consensus sur ses modalités d'application était indispensable. Or, le mécanisme de répercussion qui accompagnait le « péage de transit poids lourds » faisait peser la taxe sur toute la chaîne de production alors même que cette répercussion était difficilement applicable. Néanmoins, le Gouvernement reste attaché au principe dit de « l'utilisateur-payeur » comme source de financement des infrastructures. Ce principe est un élément d'accord avec les fédérations professionnelles de transport routier qui reconnaissent la nécessaire participation financière que les transporteurs doivent apporter à l'entretien des infrastructures de notre pays. Le transport routier de marchandises est vital pour l'économie, que ce soit en termes de volume ou de desserte des territoires. Pour autant, la route est une ressource qui doit être préservée. Il faut donner une visibilité sur le développement du réseau routier, son entretien et son amélioration. C'est pourquoi, le Gouvernement a constitué dans le même temps, un groupe de travail pour étudier les solutions alternatives à l'écotaxe. Cette réflexion s'articule en deux séquences : d'une part, afin de répondre aux besoins de financement des infrastructures, une hausse de 4 centimes de la Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) qui s'appliquera aux poids lourds dès le 1er janvier 2015 ; d'autre part, l'étude d'une solution alternative, simple et efficace, qui pourrait s'appliquer dès le 1er janvier 2016 en substitution de cette hausse de la fiscalité sur les carburants. La question du financement des infrastructures de transport reste une priorité du Gouvernement, d'autant plus que ces infrastructures sont moteur de croissance et d'emploi, et facteur d'attractivité territoriale. En effet, il est important de se donner les moyens d'une politique des transports ambitieuse, notamment pour moderniser et entretenir le réseau routier national, dont la qualité se dégrade, et accompagner le transport de marchandises.
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