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M. Jean-Yves Le Drian, ministre. Monsieur le sénateur, j'en viens directement à la fin de votre propos. À mon sens, il serait peu efficace d'envisager les mutations indispensables et la relance de l'Europe de la défense par le biais de la question institutionnelle, car une telle approche a déjà échoué.
Si la France abordait le débat qui va s'ouvrir, et c'est tant mieux, au Conseil européen de la fin de l'année par cette question, nous risquerions d'être en difficulté.
À cet égard, souvenons-nous des déboires de l'OHQ, tentative de mise en œuvre d'un quartier général européen qui avait été bloquée, provoquant un certain enlisement.
Nous voulons aborder cette question de manière pragmatique, en déclinant, je crois l'avoir indiqué tout à l'heure, toute une série d'initiatives concrètes et réalisables tant en matière de gestion opérationnelle des crises que de capacités et d'industrie. Sinon, c'est à désespérer du concept d'Europe de la défense !
Tels sont les souhaits du Président de la République, que j'ai repris en différentes occasions. Je sens apparaître quelques frémissements en ce sens du côté de nos partenaires.
Sur les crises et les opérations, il y a déjà eu des progrès. Contrairement à ce que certains ont pu dire, je considère que l'opération au Mali est un progrès pour l'Europe de la défense, car il y a bien une initiative européenne, qui permet d'avoir dès à présent 500 militaires européens sur le sol malien pour former la nouvelle armée malienne. Sans doute cela ne comble-t-il pas toutes nos attentes, mais c'est tout de même inédit.
Il y aura sans doute, demain, des interrogations sur des actions à mener, pas forcément sous la même forme, en Lybie et dans la région des Balkans, afin de reprendre l'initiative dans le nord du Kosovo.
Le même état d'esprit pragmatique concernera les capacités. Il a été dit tout à l'heure que, dans le secteur du ravitaillement en vol, des progrès avaient été enregistrés. D'autres secteurs importants peuvent faire l'objet de coopérations très concrètes, susceptibles d'être mises en œuvre rapidement.
S'agissant de l'industrie, la Commission européenne prépare une communication sur la coopération industrielle en matière de défense pour le mois de mai, qui servira de base à la préparation du Conseil européen. Tout cela est de bon augure.
Enfin, très brièvement, j'ajoute que le concept de coopération structurée permanente, qui avait un peu « disparu des radars », pour employer une expression militaire, est en train de revenir progressivement. Il est inscrit dans le traité de Lisbonne et il pourrait éventuellement réapparaître au cours des mois prochains, peut-être pour faire l'objet d'initiatives au moment du Conseil européen de fin d'année.
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