M. Claude Bérit-Débat. Ma question s'adresse à Mme la ministre du commerce extérieur.
Madame la ministre, selon les chiffres du commerce extérieur pour 2012, qui sont tombés ce matin, le déficit de notre balance commerciale a fortement reculé, pour s'établir à 67 milliards d'euros, contre 74 milliards d'euros l'an dernier.
Ce résultat est d'autant plus remarquable qu'il est porté par la réduction presque de moitié de notre déficit hors énergie, qui passe de 29 milliards d'euros à 15 milliards d'euros.
Alors que la croissance européenne reste atone et que la facture énergétique s'est alourdie, de tels chiffres soulignent l'amélioration de notre compétitivité.
En effet, nos exportations ont progressé de 3,2 % et, surtout, le nombre d'entreprises françaises qui exportent a fortement augmenté. Et si certains secteurs, comme l'automobile, sont dans une situation difficile, beaucoup d'autres se sont montrés très performants. Je pense, par exemple, à l'aéronautique, qui a réalisé 20 milliards d'euros d'excédents.
Cette embellie est donc un signal très positif pour la France. On le voit, le Gouvernement agit de manière cohérente, au service de notre économie, conformément aux engagements du Président de la République.
Madame la ministre, vous avez vous-même inscrit votre action dans une stratégie de renforcement de notre présence à l'international reposant sur une réforme des financements à l'export et sur l'identification des secteurs porteurs pour nos entreprises.
Cette stratégie s'appuiera sur la Banque publique d'investissement, la BPI, et mobilisera tous les acteurs locaux, à travers la mise en place des plans régionaux d'internationalisation des entreprises.
Nos entreprises savent donc maintenant qu'elles peuvent enfin compter sur un gouvernement qui agit de manière claire et efficace pour renforcer leur compétitivité.
(Exclamations ironiques sur les travées de l'UMP.)
Madame la ministre, les chiffres du commerce extérieur de 2012 montrent donc que nous sommes sur la bonne voie. Dans ces conditions, ma question est simple : quelles actions le Gouvernement entend-il mener pour renforcer cette tendance positive, alors que 2013 s'annonce comme une année difficile ?
(Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et sur certaines travées du RDSE. – M. André Gattolin applaudit également.)
Mme Nicole Bricq, ministre du commerce extérieur. Monsieur le sénateur, vous l'avez rappelé, le déficit commercial de la France s'est réduit. Toutefois, il s'établit tout de même à 67 milliards d'euros !
M. François Rebsamen. Il y a encore du travail !
Mme Nicole Bricq, ministre. Si donc le signal est plutôt bon, il reste beaucoup à faire.
Je rappelle en effet que M. le Premier ministre m'a fixé pour objectif de parvenir à un équilibre de la balance commerciale hors énergie d'ici à la fin du quinquennat. En d'autres termes, il nous faut gagner environ 26 milliards d'euros.
Nous n'allons donc pas nous arrêter en chemin.
Comme vous l'avez souligné, nous avons obtenu des résultats très satisfaisants dans ce que l'on appelle les « grands contrats », à commencer par l'aéronautique. Nous avons livré 1 200 aéronefs, ce qui est, je crois, un record historique pour l'aéronautique française.
Nous n'aurons sans doute pas les mêmes résultats chaque année, même si nous pourrions le souhaiter, dans la mesure où cela a tout de même permis 10 000 créations d'emploi dans la filière aéronautique. C'est donc un enjeu important.
Mais nous devons également œuvrer pour le développement du commerce courant, qui représente le « gros » de la balance commerciale. Je pense aux PME, aux PMI et aux entreprises intermédiaires. Hier, au Salon des entrepreneurs, j'ai indiqué que 150 millions d'euros seraient mobilisés en faveur des entreprises exportatrices et durablement exportatrices. Ces fonds seront pris sur le programme FSI France investissement et mis à disposition de CDC Entreprises.
Nous devons également avoir, me semble-t-il, des financements compétitifs. Nous avons commencé à travailler en ce sens l'année dernière. Il faut continuer. Avoir des fonds propres, cela signifie avoir des capacités d'investir et d'innover. Et qui dit « innover » dit aussi « exporter ».
Au demeurant, et c'est une nouveauté intéressante, dans une Europe en difficulté, le commerce s'oriente vers les pays qui sont des relais de croissance. On constate ainsi une progression de 13 % du commerce avec l'Asie. Nous nous occupons donc beaucoup de ces terres plus lointaines géographiquement et plus éloignées de nos références traditionnelles, mais où les entreprises françaises sont présentes, réussissent et veulent réussir.
M. le Premier ministre et moi-même nous déplaçons beaucoup dans des pays qui ne font pas partie de notre « jardin naturel ». J'étais en Chine voilà quinze jours, et le Président de la République s'y rendra au mois d'avril ou au mois de mai. Le chef du Gouvernement s'est rendu à Singapour et aux Philippines. Cette semaine, j'étais avec lui en en Thaïlande. Je me rendrai prochainement en Indonésie et au Vietnam.
(Exclamations amusées sur les travées de l'UMP et de l'UDI-UC.)
Ce sont des terres de conquête pour nous, mais nos entreprises y sont déjà très présentes.
La leçon à en retenir, mesdames, messieurs les sénateurs, c'est que le déficit n'est pas une fatalité ! Nous devons retrousser nos manches et poursuivre l'action entreprise.
Je vois aussi ce qui se passe sur le terrain. Pour m'être rendue dans onze régions - j'étais encore à Marseille la semaine dernière (Mêmes mouvements.) - je sais que les entreprises sont mobilisées et que les entrepreneurs sont entreprenants et conquérants. Il faut les aider du mieux possible. C'est le rôle de l'État, qui doit fixer un cap, une stratégie et des priorités d'action.
J'observe également, et c'est très positif, que notre offre commerciale est parfaitement en phase avec les besoins de certains pays en croissance. Alors, allons-y, et allons-y tous ensemble !
(Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe écologiste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
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