M. Christian Cambon attire l'attention de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur la pandémie de diabète.
Le diabète est une maladie chronique qui concerne environ trois millions de personnes en France, soit 5 % de la population.
Dénoncé par l'Organisation mondiale de la santé, le nombre de diabétiques en 2020 a quasiment doublé au niveau international. La France est touchée par la croissance du diabète de type 2 (DT2), appelé diabète gras. Pouvant être qualifié d'« épidémique », le DT2 coïncide avec l'évolution inquiétante liée aux problèmes de surpoids. L'obésité touche, en 2012, 15 % de la population adulte, correspondant à un peu plus de 6,9 millions d'obèses, soit environ 3,3 millions de plus qu'en 1997.
L'âge élevé, la sédentarité et le surpoids sont les principaux facteurs de risque du diabète de type 2 qui représente 90 % des diabètes, les deux derniers étant accessibles à la prévention.
Première cause de cécité avant 65 ans, d'amputations non traumatiques, une des principales causes de dialyse et une source importante de complications cardiovasculaires, la maladie est insidieuse et se complique dans la durée.
Le traitement d'un patient diabétique peut coûter à l'assurance maladie de 601 € aux premiers symptômes à 41 718 € lorsque la maladie se complique. Deux diabétiques sur trois sont en affection longue durée pour un coût de près de neuf milliards, avec une augmentation de près de 10 % par an.
Il lui demande quelles actions de prévention le Gouvernement souhaite développer auprès des populations à risque pour combattre ce fléau dès le plus jeune âge afin de lutter efficacement contre ce grave problème de santé publique.
M. Christian Cambon. Le diabète est une maladie chronique qui concerne environ 3 millions de personnes en France, soit 5 % de la population. Chaque jour, 400 nouveaux cas de diabète sont diagnostiqués. Selon les prévisions, d'ici dix à quinze ans, un Français sur dix sera touché si rien n'est fait. Cette maladie est responsable d'environ 30 000 décès chaque année dans notre pays.
Dénoncé par l'Organisation mondiale de la santé, l'OMS, le nombre de diabétiques devrait quasiment doubler au niveau international d'ici à 2020. Le diabète devient donc un problème de santé publique majeur, d'autant que ses complications, lorsque la prise en charge est inadaptée, sont graves et coûteuses sur le plan tant humain qu'économique.
Le diabète se subdivise en diabète de type 1 et en diabète de type 2. L'explosion du nombre de diabétiques prévue par l'OMS concerne essentiellement le diabète de type 2, appelé diabète gras. Pouvant être qualifié d'épidémie, ce diabète coïncide avec l'évolution inquiétante des problèmes liés au surpoids. L'obésité touchait, en 2012, 15 % de la population adulte, correspondant à près de 7 millions d'obèses, soit environ 3,3 millions de personnes de plus qu'en 1997.
L'âge élevé, la sédentarité et le surpoids sont les principaux facteurs de risque - les deux derniers étant accessibles à la prévention - pour 90 % des diabètes.
Plus d'un tiers des personnes atteintes ignorent leur maladie, car, au début, aucun symptôme identifiable ne se manifeste. Faute de traitement, les complications peuvent être sévères : infarctus, cécité, maladies rénales,... La maladie est insidieuse et évolue dans la durée.
L'aspect économique est aussi très important : le coût du traitement d'un patient diabétique pour l'assurance maladie peut aller de 600 euros au moment des premiers symptômes à 42 000 euros lorsque les complications surgissent. Deux diabétiques sur trois sont en affection longue durée pour un coût de près de 9 milliards d'euros, en augmentation de près de 10 % par an.
Face à ce fléau, les associations concernées, telles que l'Association française des diabétiques, la Société francophone du diabète et l'Aide aux jeunes diabétiques, se sont réunies pour lancer une campagne de mobilisation « Tous contre le diabète » afin d'obtenir le label « grande cause nationale » pour l'année 2014. Malheureusement, le Gouvernement n'a pas décidé de retenir cette maladie comme grande cause nationale. Cette décision laisse médecins, patients et associations dans un grand désarroi.
Ce label aurait pourtant permis de construire une vraie politique de prévention et de dépistage. Face à ce choix, le collectif « Tous contre le diabète » a décidé de ne pas organiser cette année la semaine nationale de prévention et de sensibilisation au diabète. Cet événement avait pourtant mobilisé les 104 associations en 2013 et permis d'effectuer plus de 1,5 million de tests de risque.
Ma question est simple : face à cette situation alarmante et alors qu'il est impératif de renforcer l'information sur le diabète, ainsi que la prévention et l'accompagnement des personnes concernées, quelles actions de prévention le Gouvernement souhaite-t-il développer auprès des populations à risque pour combattre cette pandémie ? Peut-on imaginer qu'en 2015 cette lutte devienne à nouveau une grande cause nationale ?
Mme la présidente. La parole est à Mme la secrétaire d'État.
Mme Laurence Rossignol, secrétaire d'État auprès de la ministre des affaires sociales et de la santé, chargée de la famille, des personnes âgées et de l'autonomie. Monsieur le sénateur, je vous prie de bien vouloir excuser Mme Touraine, qui ne peut être présente ce matin.
Le diabète est une maladie métabolique chronique à l'origine d'une morbi-mortalité élevée, favorisée par son ancienneté et son déséquilibre. Je ne vous apprends rien, vous l'avez d'ailleurs évoqué, mais il n'est pas inutile de rappeler qu'il existe deux types de diabète bien distincts : le diabète de type 1, d'emblée insulino-dépendant, représente moins de 10 % des diabétiques et concerne principalement les enfants et les sujets jeunes ; le diabète de type 2, causé par une résistance à l'insuline, est quant à lui la forme la plus fréquente de cette maladie. Longtemps asymptomatique, ce dernier touche des adultes au-delà de quarante-cinq ans. Le nombre de personnes atteintes augmente avec le vieillissement de la population et les inégalités socio-économiques.
Vous avez raison, monsieur le sénateur, il faut effectivement appeler à la mobilisation contre cette maladie chronique en pleine expansion. Depuis 2011, le seuil des 3 millions de personnes traitées pour diabète a été franchi. Sur les dix dernières années, ce nombre a ainsi augmenté d'environ 5,4 % par an.
Parce qu'il constitue un enjeu majeur de santé publique, le diabète est au cœur de la stratégie nationale de santé, présentée par la ministre des affaires sociales et de la santé le 23 septembre dernier. Nous le retrouvons ainsi dans les trois axes de la stratégie nationale de santé.
Il est tout d'abord au centre de l'axe « prévention » de cette stratégie. Il s'agit en effet d'agir tôt, avec un objectif pédagogique fort, en privilégiant l'éducation à la santé pour éviter, dès l'enfance, le surpoids et l'obésité et favoriser à tous les âges une alimentation adaptée et l'exercice physique régulier. Pour éviter les complications suivant l'apparition d'un diabète, il s'agira également d'intensifier l'éducation thérapeutique et les programmes d'accompagnement et de renforcer le rôle des « patients-experts » afin de faire du patient un véritable acteur de sa prise en charge.
Le diabète est également une priorité du deuxième axe de la stratégie nationale, c'est-à-dire l'organisation des soins autour des patients et la garantie d'un égal accès aux soins. Les patients atteints de diabète verront ainsi leur parcours de soins simplifié, recentré autour du médecin traitant, avec une coopération renforcée entre professionnels, notamment avec les endocrinologues.
Enfin, Mme Touraine est particulièrement attentive au renforcement de l'information et des droits des personnes touchées par le diabète, le renforcement de la « démocratie sanitaire » constituant le troisième axe de la stratégie nationale de santé.
Monsieur le sénateur, comme vous pouvez le constater, les travaux engagés sous l'égide de la stratégie nationale de santé apportent des réponses concrètes pour lutter contre la véritable épidémie que constitue aujourd'hui le diabète, en France comme ailleurs dans le monde.
Mme la présidente. La parole est à M. Christian Cambon.
M. Christian Cambon. Je vous remercie, madame la secrétaire d'État, de ces précisions. Tous ces éléments montrent que le Gouvernement souhaite se mobiliser sur tous les fronts pour faire face à cette épidémie très inquiétante à la fois sur le plan de la santé publique et sur celui de l'économie de la santé.
Néanmoins, je renouvelle mon regret et celui des associations, des patients et des médecins que le thème porteur de la campagne nationale n'ait pas été utilisé. Le Premier ministre, M. Ayrault, avait choisi d'ériger l'engagement associatif en grande cause nationale pour 2014. Si cet engagement est important, la lutte contre le diabète, vous l'avez rappelé, reste malgré tout une priorité.
J'ose donc espérer, au nom de tous les malades et de toutes celles et tous ceux qui se battent, y compris dans le secteur de la recherche, pour faire en sorte de limiter le développement de cette maladie, que nous pourrons ériger cette lutte en grande cause nationale dans les années qui viennent. L'information, à travers les grands supports médias, joue un rôle très important pour combattre une maladie dont nous avons rappelé, vous et moi, qu'elle était cachée au début et qu'elle procurait, lorsqu'elle était mal identifiée au départ, beaucoup de désagréments et de complications.
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