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M. Daniel Percheron attire l'attention de M. le ministre de l'économie, de l'industrie et du numérique sur le fait qu'au moment même où Alstom se recentre sur le ferroviaire, ses deux concurrents chinois CNR et CSR s'orientent vers une fusion susceptible de donner un concurrent redoutable. En effet, CNR et CSR ont réussi l'une des assimilations de technologies étrangères les plus rapides de l'histoire industrielle. Ainsi, la gamme des CRH380, trains de conception chinoise conçus pour rouler à 380 km/h, inclut des dérivés de modèles avancés pour lesquels le japonais Kawasaki, le canadien Bombardier et l'allemand Siemens leur ont concédé des licences il y a moins de dix ans. Et la force de l'industrie ferroviaire chinoise ne s'arrête pas à cette offre de produits. Elle tient aussi à son intégration dans un dispositif d'exportation qui lui permet de proposer des solutions complètes, associant la construction des infrastructures et leur financement.
Les velléités internationales chinoises se font de plus en plus précises comme en témoignent l'obtention puis l'annulation récente d'un contrat très important au Mexique, la mise en place d'un groupe de travail sur le développement d'un réseau à grande vitesse en Roumanie, la signature à Londres d'un accord de principe sur la participation chinoise au projet « high speed 2 » (HS2), qui étendrait la grande vitesse ferroviaire au-delà de Londres, ou encore l'accord sur la construction d'une ligne à grande vitesse entre Chine et Russie. En outre, le japonais Hitachi, déjà présent en Grande-Bretagne, vient de racheter l'italien Ansaldo et commence à prendre des parts de marché importantes en Europe.
Dans ce contexte, il lui demande quel secteur de l'industrie ferroviaire lui semble être le plus exposé à la concurrence chinoise et quelle organisation et stratégie commerciales Alstom compte mettre en place.
Par ailleurs, malgré un carnet de commandes bien rempli et un chiffre d'affaires qui a progressé de 13 % sur le dernier semestre 2014, Alstom ne tire pas forcément l'emploi en France car la moitié de ses commandes viennent de clients non européens, qui ont une exigence quasi systématique de localisation dans leur pays d'une part grandissante de la production. Si l'on ajoute à cela une baisse importante des prévisions de commandes dans le secteur ferroviaire, due à la contraction des finances publiques de l'ensemble des pays européens, et des sous-traitants souvent trop liés aux commandes de la société nationale des chemins de fer français (SNCF) et peu structurés pour la concurrence mondiale, de fortes incertitudes planent sur l'industrie ferroviaire française qui compte près de 30 000 emplois dont un tiers se situent en Nord-Pas-de-Calais.
Il lui demande s'il dispose d'informations précises sur les domaines et les entreprises ferroviaires qui risquent d'être fortement touchés par cette situation, et quelle stratégie compte mettre en place le Gouvernement pour soutenir la filière ferroviaire. En outre, il lui demande s'il pense que les incitations au développement du transport routier de voyageurs et l'abandon de l'écotaxe poids lourd risquent de concurrencer un peu plus le rail en France, et donc d'induire des suppressions de postes dans l'industrie ferroviaire.
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