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Éric Bocquet
Question crible thématique N° 192 au Ministère des affaires


Le déficit démocratique de l'Union européenne

Question soumise le 31 janvier 2014

Le texte de cette question sera publié dès sa transmission par le Journal Officiel. Dans cette attente, vous pouvez vous reporter aux vidéos de la rubrique « Questions au Gouvernement » accessible depuis la notice électroniquedu Sénateur auteur de la question.

Réponse émise le 31 janvier 2014

M. Thierry Repentin, ministre délégué. Monsieur le sénateur, vous avez raison, il faut renouer le lien entre les citoyens et l'Europe. Seulement, à mon sens, ce n'est pas par le mécano institutionnel que nous y parviendrons, mais en donnant la preuve que l'Europe peut aussi apporter des réponses, au quotidien, aux préoccupations des citoyens, des acteurs économiques ou des défenseurs de l'environnement, pour reprendre quelques-unes des thématiques que vous avez abordées.

C'est d'ailleurs cette démarche que, sous l'égide de François Hollande, nous mettons en place : il s'agit de manifester du respect, à la fois envers les États membres, quels qu'ils soient, et les institutions, avec le souci constant d'apporter des réponses concrètes. Permettez-moi de vous en citer quelques-unes, apparues au cours des derniers mois.

S'agissant du détachement des travailleurs, que vous avez évoqué, si nous n'avons pas consulté nos concitoyens directement, nous avons néanmoins saisi leurs représentants de la question, puisque, souvenez-vous, le Sénat a adopté à une grande majorité une résolution européenne, dont vous étiez d'ailleurs l'un des auteurs, contre le dumping social.

Nous avons aussi, au cours des derniers mois, adopté au niveau européen une ligne budgétaire de 6 milliards d'euros pour aider toutes les régions où le taux de chômage des jeunes est trop important, afin d'accompagner ces dernières sur des plans de formation et le développement de l'apprentissage.

Sachez également que nous irons jusqu'au bout du combat que nous avons engagé contre la fraude et l'évasion fiscales, car il est anormal que nous soyons obligés d'augmenter les impôts, alors que certains, qui devraient en payer, n'en paient pas, parce qu'ils passent à travers les mailles d'un filet institutionnel trop lâche.

Nous avons aussi adopté un budget pour la période 2014-2020 de 1 024 milliards d'euros, qui seront investis dans l'Union européenne sur de grands chantiers pourvoyeurs d'emplois.

Enfin, des discussions sont menées actuellement pour nous assurer que, dans quelques années, il sera interdit de diffuser des OGM en plein champ, car cela comporte des risques pour la santé et l'environnement.

En conclusion, je dirai que nous devons toujours avoir en tête, quelle que soit notre place, le souci de nos concitoyens. Les gouvernements doivent toujours dialoguer avec les parlements nationaux et tenir compte de leurs positions. D'ailleurs, nous avons tenu compte du « carton jaune » que vous aviez brandi ici, mesdames, messieurs les sénateurs, lorsque le droit de grève était menacé au niveau européen : ce texte n'a jamais abouti.
(Applaudissements sur les travées du groupe socialiste.)

M. le président. La parole est à M. Éric Bocquet, pour la réplique.

M. Éric Bocquet. Monsieur le ministre, je vous remercie de votre réponse. Permettez-moi de formuler, au nom du groupe CRC, trois propositions précises.

Dans un premier temps, afin que les citoyens se sentent réellement impliqués dans le processus de construction européenne, il me semble indispensable de rendre systématique la consultation des peuples sur les traités essentiels.

Ensuite, il nous paraît également indispensable d'accroître les pouvoirs du Parlement européen par rapport à ceux de la Commission, car, actuellement, ceux qui prennent les décisions, c'est-à-dire les commissaires européens, n'ont aucune légitimité démocratique, puisqu'ils ne sont élus par personne.

Enfin, notre troisième proposition est liée à un sujet que vous avez évoqué, à savoir l'évasion fiscale : nous pensons qu'il est urgent d'avancer sur l'harmonisation, fiscale notamment. Combien de temps encore allons-nous accepter qu'un seul pays de l'Union européenne puisse bloquer les avancées en matière de transparence et de transmission automatique des informations ?

Pour conclure, j'espère sincèrement que les élections au Parlement européen du 25 mai prochain seront l'occasion d'amener ces sujets au centre du débat. Pour notre part, nous avons bien l'intention d'y contribuer très activement.
(Applaudissements sur les travées du groupe CRC.)

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