Mme Catherine Procaccia attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur l'apprentissage de l'informatique dès l'école primaire.
Celui-ci a été introduit dans des pays comme le Royaume-Uni, la Suisse, l'Estonie, la Finlande, Israël, Singapour ou encore, dans le secondaire, aux États-Unis.
L'initiation à la programmation dès le plus jeune âge est préconisée par de nombreux experts. Son approche ludique permet un accès au socle de la logique informatique et de programmation, stimulant d'une culture transverse et logique.
Dans un rapport sur la place de l'informatique dans l'enseignement primaire et secondaire, l'Académie des sciences a rappelé l'importance d'une formation aux codes et langages à laquelle notre pays est longtemps resté hermétique, provoquant un déficit d'éducation à l'informatique.
En effet, jusqu'à peu, l'informatique et son langage n'étaient pas encore enseignés dans le secondaire. Depuis 2012, les terminales scientifiques peuvent choisir une option « Informatique et science du numérique » étendue à l'ensemble des terminales à la rentrée de 2014.
Dans son discours aux États-Unis, lors de la « Us French Tech », le président de la République française a, lui-même, exprimé sa volonté de donner une impulsion à l'enseignement de la programmation informatique dans nos collèges.
À cet effet, elle souhaiterait qu'il lui précise le calendrier prévu pour la mise en place de ces expérimentations et les critères de choix des établissements et qu'il lui indique s'il sera réalisé sur la base du volontariat en fonction des académies.
Au-delà du simple développement de l'usage du numérique dans le milieu scolaire, il serait essentiel de favoriser le développement et la compréhension de la science informatique. Elle souhaiterait enfin savoir s'il partage « l'urgence de ne pas attendre » évoquée par les spécialistes et qu'il lui précise s'il compte introduire l'enseignement de l'informatique dans les écoles.
Mme Catherine Procaccia. Je remercie Mme la ministre de la culture et de la communication de me répondre à la place de M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche.
M. Bocquet vient de souligner qu'il ne fallait pas « arrêter l'histoire de l'évolution ». Je partage ce souci. C'est le sens de ma question, qui concerne l'apprentissage de l'informatique et de son langage dans l'enseignement non seulement secondaire, mais également primaire.
Depuis 2012, les élèves des terminales scientifiques peuvent choisir une option « Informatique et sciences du numérique », possibilité qui sera étendue à l'ensemble des classes de terminale à la prochaine rentrée.
L'enseignement de l'informatique a été introduit dans un certain nombre de pays, comme le Royaume-Uni, la Suisse, l'Estonie, la Finlande, Singapour, Israël, d'ailleurs avec beaucoup de succès, ou dans le secondaire aux États-Unis.
L'initiation à la programmation dès le plus jeune âge est préconisée par de nombreux experts. Une approche ludique permet un accès au socle de la logique informatique et de la programmation, stimulant, d'après les spécialistes, une culture transverse et logique.
L'Académie des sciences a très récemment rappelé dans un rapport l'importance d'une formation aux codes et aux langages. Reconnaissons que notre pays est longtemps resté hermétique en la matière ; le déficit d'éducation à l'informatique est réel.
Récemment encore, dans son discours aux États-Unis, lors de l'US French Tech Hub, le Président de la République, François Hollande, a lui-même exprimé sa volonté de donner une impulsion à l'enseignement de la programmation informatique dans nos collèges.
Madame la ministre, pourriez-vous me préciser le calendrier prévu pour la mise en place de telles expérimentations et les critères de choix des établissements ? Le dispositif sera-t-il fondé sur le volontariat, en fonction des académies ?
Au-delà du simple développement de l'usage du numérique dans le milieu scolaire, il est essentiel de favoriser le développement et la compréhension de la science informatique.
Vous-même, M. le ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche et Mme la secrétaire d'État chargée du numérique partagez-vous le jugement des spécialistes quant à « l'urgence de ne pas attendre » ?
M. le président. La parole est à Mme la ministre.
Mme Aurélie Filippetti, ministre de la culture et de la communication. Madame la sénatrice, M. Benoît Hamon, qui participe à la grande conférence sociale, vous prie de bien vouloir excuser son absence.
Le déploiement du numérique et l'apprentissage de l'informatique à l'école représentent un véritable enjeu pour la réussite des élèves et la lutte contre les discriminations entre les territoires.
L'école doit être actrice de telles évolutions pour accompagner tous les élèves dans leurs apprentissages avec le numérique, par le numérique et au numérique. Il s'agit donc de se saisir du numérique pour refonder l'école.
Actuellement, tous les programmes de l'école et du collège intègrent une composante relative à l'informatique, que ce soit dans les usages ou dans les activités de modélisation.
Dans toutes les séries technologiques au lycée, les élèves sont conduits à une utilisation plus experte des technologies de l'information et de la communication.
Dans la voie professionnelle, l'usage du numérique est pleinement intégré dans l'apprentissage du métier. C'est même une condition nécessaire à l'acquisition des compétences professionnelles indispensables à l'insertion.
Depuis la rentrée scolaire 2012-2013, et dans le cadre de la réforme du lycée, l'informatique fait l'objet d'un enseignement à part entière en classe de terminale de la série scientifique, avec l'option « Informatique et sciences du numérique », ou ISN, qui propose aux élèves une introduction à la science informatique : information numérique, algorithmes, langages, architectures. C'est aussi un enseignement d'ouverture et de découverte qui valorise la créativité, prépare les élèves au monde de demain et permet à ces derniers de mieux s'orienter. Cela s'inscrit dans la lignée de la découverte de l'algorithmique, présente dans les programmes de mathématiques des classes de seconde et de première scientifique.
Depuis la rentrée scolaire 2013-2014, l'académie de Montpellier expérimente l'extension de cette option ISN aux séries économique et sociale, ou ES, et littéraire, ou L, sur la base d'un enseignement adapté aux objectifs de formation de chacune. M. le ministre de l'éducation nationale a demandé une évaluation de l'expérimentation avant d'envisager son éventuelle généralisation.
Au-delà de l'enseignement de l'ISN, le Conseil supérieur des programmes s'est saisi du sujet au moment de l'élaboration du nouveau socle commun de connaissances, de compétences et de culture.
Ce socle, vous le savez, offre un cadre renouvelé pour penser la place de l'informatique au sein de la scolarité obligatoire des élèves. Le numérique, l'informatique et leurs usages occupent une bonne place, puisqu'il est précisé que, en fin de cursus scolaire obligatoire, « l'élève sait que les équipements informatiques utilisent une information codée et il est initié au fonctionnement, au processus et aux règles des langages informatiques ; il est capable de réaliser de petites applications utilisant des algorithmes simples ». Il nous appartient aujourd'hui, par la refonte des programmes à venir, de répondre à cette exigence. Nous examinons les modalités de cette réponse.
Le Gouvernement salue la chance que nous avons de disposer de personnels tout à fait motivés et formés au sein des écoles supérieures du professorat et de l'éducation, les ESPE, pour accompagner la montée en puissance du numérique à l'école. Le ministre de l'éducation nationale veut également mentionner le rôle essentiel de l'École supérieure de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, l'ESENESR, qui a fait le choix d'investir l'ensemble des outils institutionnels de formation à distance pour les enseignants, afin de permettre aux cadres administratifs d'appréhender les dispositifs à destination des personnels.
L'école doit non seulement former les élèves à maîtriser les outils qu'ils utilisent chaque jour dans leurs études et leur vie quotidienne, mais aussi, et surtout, préparer les futurs citoyens à vivre et à travailler dans une société dont l'environnement technologique est amené à évoluer de plus en plus rapidement.
M. le président. La parole est à Mme Catherine Procaccia.
Mme Catherine Procaccia. Je vous remercie, madame la ministre, de m'avoir lu les éléments d'information qui vous ont été transmis par le ministère de l'éducation nationale. Cependant, cette réponse ne me satisfait pas pleinement. En effet, elle se borne à évoquer de nouveau les quelques expériences existantes et une refondation des programmes qui, en réalité, a lieu tous les ans.
Un rapport d'information de l'Assemblée nationale sur le développement de l'économie numérique française, récemment remis par Mmes Erhel et de La Raudière, préconise un éveil à l'informatique dès l'école primaire. Or, dans la réponse que vous venez de me transmettre, madame la ministre, il est simplement question des classes de terminale scientifique et d'une expérimentation de l'extension de l'option ISN aux classes de terminale des séries ES et L.
La question qui se pose est la suivante : la programmation informatique doit-elle être enseignée uniquement en terminale ? Les enfants ont accès très tôt au numérique. La programmation informatique et l'algorithmique pourraient être abordées par le biais du jeu, et ce dès le plus jeune âge. Avec l'approche retenue par le ministère, je crains que nous ne finissions par prendre autant de retard dans l'apprentissage des bases de l'informatique que dans celui des langues, alors que la maîtrise du langage informatique sera un facteur essentiel de l'employabilité à l'avenir. Au XXIe siècle, l'informatique n'est plus une nouvelle technologie, contrairement à ce que semble penser le ministère de l'éducation nationale. Il importe d'y former nos enfants dès le plus jeune âge. J'espère que les divers rapports et conseils permettront d'inciter le ministère à faire preuve d'un plus grand dynamisme dans ce domaine.
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