M. Dominique Bailly appelle l'attention de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur la situation des communautés d'Emmaüs dans le Nord-Pas-de-Calais au regard des cotisations aux Unions de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d'allocations familiales
(URSSAF).
La loi n° 2008-1249 du 1er décembre 2008 généralisant le revenu de solidarité active et réformant les politiques d'insertion précise le statut des personnes accueillies dans des organismes d'accueil communautaire et d'activités solidaires, comme les communautés Emmaüs. En son article 17, cette loi prévoit notamment que ces organismes peuvent demander à bénéficier des dispositions de l'article L. 241-12 du code de la sécurité sociale.
Emmaüs a fait cette demande pour 109 de ses 116 communautés. Certaines communautés Emmaüs ont donc fait le choix de refuser le revenu de solidarité active (RSA) et de ne pas cotiser à l'URSSAF. C'est le cas dans la région Nord-Pas-de-Calais.
En conséquence, la convention au titre d'organisme d'accueil communautaire et d'activité solidaire (OACAS), signée en 2010 entre l'État et Emmaüs-France, comporte une annexe énumérant les communautés concernées par cette convention et une deuxième annexe faisant apparaître la liste des communautés demandant à bénéficier des dispositions de l'article L. 241-12 du code de la sécurité sociale. Cette différenciation au sein du mouvement Emmaüs est d'ailleurs reconnue dans le rapport de la direction générale de l'action sociale (DGAS) relatif à l'agrément de l'association Emmaüs-France.
Pourtant, l'ensemble des communautés Emmaüs se voient aujourd'hui réclamer le paiement des cotisations URSSAF. Cette situation met en grande difficulté les communautés du Nord-Pas-de-Calais qui estiment que la loi leur permet de ne pas être assujetties à ces cotisations.
Aussi lui demande-t-il de bien vouloir préciser la position du Gouvernement quant à la situation des communautés Emmaüs au regard des cotisations URSSAF.
M. Dominique Bailly. Madame la secrétaire d'État, je souhaite attirer l'attention de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur la situation des communautés d'Emmaüs dans le Nord-Pas-de-Calais au regard des cotisations URSSAF.
La loi du 1erdécembre 2008 généralisant le revenu de solidarité active et réformant les politiques d'insertion précise le statut des personnes accueillies dans des organismes d'accueil communautaire et d'activités solidaires, comme les communautés d'Emmaüs. En son article 17, elle prévoit notamment que ces organismes peuvent demander à bénéficier des dispositions de l'article L. 241-12 du code de la sécurité sociale.
Emmaüs France a fait cette demande pour 109 de ses 116 communautés. Certaines communautés d'Emmaüs ont donc fait le choix de refuser le RSA et de ne pas cotiser à l'URSSAF. C'est le cas dans la région Nord-Pas-de-Calais.
En conséquence, la convention signée en 2010 entre l'État et Emmaüs France comporte une annexe énumérant les communautés concernées par cette convention et une autre annexe faisant apparaître la liste des communautés demandant à bénéficier des dispositions de l'article L. 241-12 du code de la sécurité sociale. Cette différenciation au sein du mouvement Emmaüs est d'ailleurs reconnue dans le rapport de la direction générale de l'action sociale relatif à l'agrément de l'association Emmaüs France.
Pourtant, l'ensemble des communautés d'Emmaüs se voient aujourd'hui réclamer le paiement des cotisations URSSAF. Cette situation met en grande difficulté les communautés du Nord-Pas-de-Calais, qui estiment que la loi leur permet de ne pas être assujetties à ces cotisations.
Par conséquent, je souhaite connaître la position du Gouvernement sur la situation des communautés d'Emmaüs dans la région Nord-Pas-de-Calais.
Mme la présidente. La parole est à Mme la secrétaire d'État.
Mme Laurence Rossignol,secrétaire d'État auprès de la ministre des affaires sociales et de la santé, chargée de la famille, des personnes âgées et de l'autonomie. Monsieur le sénateur, les compagnons d'Emmaüs sont affiliés au régime général en application de l'article L. 311-2 du code de la sécurité sociale. Ceux qui ne perçoivent pas de minima sociaux ou d'allocations de chômage reçoivent un pécule d'environ 40 euros par semaine, soit 173 euros par mois, versé par la communauté.
Dans son arrêt du 14 février 2013, la Cour de cassation a jugé que ces « pécules » devaient être soumis aux cotisations sociales, indépendamment de toute reconnaissance d'un lien de subordination, dès lors qu'elles sont la contrepartie d'une activité de réinsertion professionnelle.
L'article L. 241-12 du code de la sécurité sociale prévoit un régime dérogatoire de cotisations sociales applicable aux structures permettant à des personnes en difficulté d'exercer des activités dans un but de réinsertion professionnelle. Dans ce cadre, les sommes versées sont calculées sur une assiette forfaitaire égale à 40 % du SMIC, soit 578 euros par mois, lorsqu'elles ne dépassent pas ce montant et font l'objet d'une exonération totale de cotisations sociales patronales dans la limite d'un SMIC. Seules sont dues les cotisations maladie et vieillesse de base, la CSG et la CRDS au taux de 7,86 %, du fait de l'abattement au titre des frais professionnels, soit un taux global de 15,41 %.
L'article 17 de la loi du 1erdécembre 2008 généralisant le revenu de solidarité active et réformant les politiques d'insertion ouvre le bénéfice de ce régime spécifique aux organismes d'accueil communautaire et d'activités solidaires, comme les communautés d'Emmaüs, à condition que ceux-ci en fassent la demande.
Emmaüs France a fait cette demande pour 109 de ses 116 communautés, les autres communautés ne souhaitant pas entrer dans ce dispositif. Ainsi, la convention signée en 2010 entre l'État et Emmaüs France au titre d'organisme d'accueil communautaire et d'activité solidaire comporte une annexe dressant la liste des communautés ayant demandé à bénéficier des dispositions de l'article L. 241-12 du code de la sécurité sociale, reprise par l'arrêté du 22 janvier 2010 portant agrément d'organismes d'accueil communautaire et d'activités solidaires.
Pour ces communautés, sur une indemnité mensuelle moyenne de 173 euros versée aux compagnons qui n'ont aucune autre ressource, aucune cotisation patronale n'est due et le montant des cotisations sociales salariales calculées sur l'assiette forfaitaire s'élève à 89 euros.
Les communautés ayant fait le choix de ne pas s'inscrire dans ce dispositif sont soumises à la législation de droit commun en matière d'assujettissement à cotisation, sans qu'il puisse être fait application des mesures d'assiette forfaitaire ou d'exonération.
Le fait que ces communautés ne soient pas inscrites dans l'arrêté et qu'elles aient choisi de verser un pécule plutôt que de recourir au revenu de solidarité active- cela ne permet d'ailleurs pas aux compagnons de bénéficier d'un complément de revenu au titre du RSA activité - ne les dispense pas de cotiser aux assurances sociales. Cela doit s'interpréter comme un refus de bénéficier du régime social dérogatoire prévu par l'article L. 241-12 du code de la sécurité sociale.
En cas de doute sur l'assujettissement des sommes versées et si elles ne font pas l'objet d'un contrôle, les communautés d'Emmaüs sont invitées à saisir directement leur URSSAF de rattachement, qui leur confirmera la législation leur étant applicable soit dans le cadre d'un rescrit, soit dans le cadre d'un échange de lettres.
De plus, la communauté peut formuler une demande de délai de paiement adaptée à sa situation afin de régler la somme que l'URSSAF doit recouvrer depuis la décision de justice.
Mme la présidente. La parole est à M. Dominique Bailly.
M. Dominique Bailly. Madame la secrétaire d'État, je vous remercie de ces informations très précises. Il est bien évident que la spécificité des communautés d'Emmaüs mérite une attention particulière. Aujourd'hui, les communautés de la région Nord-Pas-de-Calais doivent honorer une facture de plus de 200 000 euros ou 300 000 euros !
Vous avez rappelé le cadre législatif. Pour autant, je demanderai à l'administration, en particulier aux services de l'URSSAF, de porter une attention particulière à la situation de ces communautés afin que leur soit accordé un étalement du paiement de leurs cotisations. C'est également dans cet esprit que je souhaite interpeller le Gouvernement. Il serait bon que ce message soit relayé auprès des services compétents, car cela concerne aujourd'hui des milliers de personnes en difficulté.
Madame la secrétaire d'État, vous connaissez bien la spécificité de la région Nord-Pas-de-Calais ; on ne peut pas demander à des communautés d'Emmaüs de régler une telle somme ! Si l'on peut comprendre la rigueur administrative, il faut aussi que l'esprit de la loi accompagne toute décision administrative.
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