M. Roland Courteau, sans méconnaître la réponse apportée par le ministère en charge des transports à sa question écrite n° 01831 (Journal officiel Questions Sénat du 31 janvier 2013 p. 348), expose à M. le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement que la maladie (le chancre coloré) a, d'ores et déjà, touché plusieurs milliers de platanes parmi les 40 000 qui longent le canal du Midi, entre Toulouse et Sète. Il lui indique que 3 450 arbres ont été abattus en 2014 portant, vraisemblablement, le total des abattages à près de 10 000 depuis 2011. Dès lors, en de nombreux endroits, la très appréciée voûte végétale du canal du Midi, inscrit par l'UNESCO au patrimoine de l'humanité, est ainsi rasée, tandis que l'on constate la progression rapide de ce champignon en d'autres lieux. Il lui fait toutefois remarquer que des expérimentations alternatives à l'abattage sont en cours d'examen en son ministère. Ainsi, certaines solutions seraient susceptibles de ralentir la progression de la maladie à d'autres arbres, ou même de la stopper. Il lui demande donc de bien vouloir lui faire un point précis sur ces demandes d'expérimentations et de lui préciser, compte tenu de l'urgence qu'il y a d'agir, sous quels délais elles pourront être mises en œuvre.
M. Roland Courteau. Madame la secrétaire d'État, voilà quelques années, nous découvrions, sans trop mesurer les conséquences sur le long terme, que certains platanes longeant le canal du Midi étaient touchés par la maladie du chancre coloré. On nous indiquait alors que, cette maladie étant extrêmement contagieuse, la seule solution, en l'absence de tout traitement possible, était l'abattage.
Or, l'abattage, s'il n'a pu endiguer la maladie, a eu des effets ravageurs. Depuis 2011, pas moins de 10 000 platanes ont été abattus, dont près de 4 000 pour la seule année passée. Les faits sont là ; nous n'arrivons pas à endiguer cette maladie, en conséquence de quoi, en de nombreux endroits, la très appréciée voûte végétale du canal du Midi, lequel est inscrit par l'UNESCO au patrimoine mondial de l'humanité, est ainsi détruite tandis que, parallèlement, l'on constate la progression rapide de ce champignon en d'autres lieux.
Depuis plusieurs mois, nous défendons, au moins à titre d'expérimentation, le procédé de micro-injection développé à Toulouse par le Centre d'expertise en techniques environnementales et végétales, le CETEV, comme solution alternative à l'abattage massif des platanes touchés par ce mal.
La direction générale de l'alimentation, la DGAL, était favorable, sur le principe, à ce type d'expérimentation si les modalités d'application et les risques associés étaient évalués au préalable. Or ces modalités ont été définies dans le protocole élaboré conjointement par le CETEV et la DGAL, qui a été soumis à l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail, l'ANSES, le 20 octobre 2014.
Nous attendons toujours, en ce qui nous concerne, que les services du ministère de l'agriculture donnent le feu vert.
Je me réjouissais, voilà quelques mois, que le principe d'une expérimentation de ce nouveau protocole de traitement préventif ou curatif précoce par micro-injection ait été retenu ; mais, depuis, nous attendons...
Or, il devient extrêmement urgent d'agir. Il devient urgent de lancer cette expérimentation et de tester le traitement. Ou alors, les mois et les années passant, si nous attendons trop, il n'y aura plus un seul arbre à sauver lorsqu'on lancera le traitement, les 40 000 platanes ayant déjà été abattus !
Ma question est donc simple : le ministère de l'agriculture va-t-il rapidement donner son feu vert à cette expérimentation ?
M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État.
Mme Axelle Lemaire,secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie, de l'industrie et du numérique, chargée du numérique. Monsieur le sénateur Roland Courteau, je vous prie tout d'abord d'excuser l'absence du ministre de l'agriculture, Stéphane Le Foll, qui est retenu à l'Assemblée nationale pour une séance de questions orales sans débat se tenant parallèlement à celle-ci.
Vous parlez du chancre coloré, une maladie grave due à un champignon qui cause chaque année la mort de nombreux platanes. C'est un organisme nuisible réglementé, contre lequel la lutte est obligatoire. Il est présent dans tout le sud de la France- Aquitaine, Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Rhône-Alpes. Les régions limitrophes ont effectué un suivi qui n'a conduit à aucun signalement en 2014.
Malgré les mesures de lutte obligatoire, cette maladie continue à progresser sur les territoires déjà affectés, notamment le long du canal du Midi en Midi-Pyrénées et récemment sur la commune d'Arcachon, en Aquitaine.
Le ministère de l'agriculture est très attentif au suivi de ce phénomène et à l'émergence de solutions innovantes de traitement. Pour réduire le nombre d'arbres abattus de manière préventive, plusieurs projets d'expérimentation - vous y avez fait référence - visant à favoriser la pénétration de produits phytosanitaires efficaces ont été élaborés en France et dans d'autres pays. Ainsi, une méthode qui consiste à injecter un fongicide directement dans le tronc est en cours de développement.
Les résultats préliminaires obtenus sont encourageants d'un point de vue scientifique mais, à ce jour, aucune stratégie de lutte vraiment efficace pour soigner les arbres atteints n'a encore été mise au point. Si les traitements cités semblent freiner le développement de la maladie, ils ne parviennent pas à tuer complètement le ravageur et n'empêchent donc pas la dissémination ultérieure de la maladie. C'est la raison pour laquelle il a été estimé, à ce stade, que les expérimentations devaient continuer.
Nous partageons naturellement votre sentiment d'urgence, monsieur le sénateur. Cependant, avant d'amplifier la prévention et la lutte, il faut s'assurer de l'efficacité du dispositif.
À l'heure actuelle, l'abattage des arbres infestés et environnants demeure donc la seule méthode efficace pour lutter contre le ravageur. La poursuite des abattages est indispensable, malheureusement, pour éviter une trop forte progression du chancre coloré dans les régions infestées.
M. le président. La parole est à M. Roland Courteau.
M. Roland Courteau. Madame la secrétaire d'État, je vous remercie de votre réponse, qui ne me satisfait pas pour autant. Je suis même plutôt irrité ! Vous n'y êtes pour rien, madame la secrétaire d'État, mais cela fait plus d'un an que nous attendons le feu vert pour lancer avec le CETEV l'expérimentation sur le canal du Midi et que l'on nous répond la même chose. Or, dans votre réponse, vous n'avez pas mentionné la moindre date, le moindre délai de mise en œuvre de celle-ci. « C'est une question de semaines », nous avait-on dit il y a un an ! Et, pendant ce temps, l'abattage des arbres se poursuit... Restera-t-il des platanes sur les 30 000 encore en place avant que l'expérimentation n'ait lieu ?
Je ne comprends pas cette attente, ces durées excessives alors que la maladie progresse à grands pas. Je pensais que l'on avait compris qu'une course de vitesse était engagée contre cette maladie : 40 000 platanes menacés le long du canal du Midi, lui-même inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, cela mériterait, à mon sens, un peu plus de rapidité et un maximum d'attention !
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