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Leila Aïchi
Question d'actualité au gouvernement N° 595 au Ministère des affaires étrangères


Conséquences du dérèglement climatique sur la géopolitique

Question soumise le 16 octobre 2015

Mme Leila Aïchi. Ma question s'adresse à M. le ministre des affaires étrangères et du développement international.

Monsieur le ministre, je souhaite revenir sur le sommet international des ministres de la défense qui s'est tenu hier à Paris, avec pour thème « défense et climat ».

Il s'agit là d'une idée qui, je le rappelle, a germé voilà trois ans ici au Sénat, et que j'ai eu l'honneur de promouvoir, pour aboutir au résultat que nous connaissons : des dizaines de ministres de la défense, de délégations étrangères venues du monde entier se sont réunis pour parler du lien entre défense et climat. Ce fut une première mondiale !

Je tiens à remercier Jean-Yves Le Drian, ministre de la défense, d'avoir, dès le début, compris l'importance de cette question.

Je tiens également à remercier amicalement Nicolas Hulot d'avoir mené un travail laborieux pour convaincre les hautes sphères de l'urgence climatique.
(Murmures sur les travées du groupe Les Républicains.)

Je souhaite enfin remercier la hiérarchie militaire, et tout particulièrement le général de Villiers, de m'avoir prêté une oreille attentive et de s'être pleinement investie dans la réflexion que nous menons.

Mes chers collègues, le lien entre conflits et dérèglement climatique est aujourd'hui avéré et reconnu par tous ! Il ne s'agit plus d'un simple effet multiplicateur.

Vous le disiez vous-même hier, monsieur le ministre : « les conflits liés à la nourriture et à l'eau sont historiquement nombreux ». Mais cela va au-delà : la raréfaction des ressources et la compétition effrénée pour l'eau, la nourriture, le pétrole, le charbon, le gaz, les minerais, les terres rares sont en grande partie à la source des conflits d'aujourd'hui et de demain. Et que dire des centaines de millions de réfugiés climatiques que ceux-ci entraîneront !

Hier, à l'École militaire, le ministre de la défense a reconnu que le Livre blanc de la défense avait certainement sous-estimé la donnée climatique. Dont acte !

Monsieur le ministre, que compte faire concrètement le Gouvernement pour intégrer cette donnée stratégique dans la COP 21 et quelles suites comptez-vous donner à la conférence internationale qui a eu lieu hier ?
(Applaudissements sur les travées du groupe écologiste et sur certaines travées de l'UDI-UC.)

Réponse émise le 16 octobre 2015

M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international. Madame la sénatrice, à tous les remerciements que vous avez prononcés, je voudrais en ajouter un autre, qui s'adresse à vous-même. (Exclamations amusées sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Roger Karoutchi. Quelle galanterie !

M. Laurent Fabius, ministre. En effet, cette idée a germé au Sénat, sur votre initiative. Elle a ensuite prospéré, le ministre de la défense vous ayant accompagnée dans votre démarche, et j'ai eu hier l'honneur d'ouvrir cette réunion extrêmement intéressante.

Certes, on associe d'abord la COP 21 aux problématiques de l'environnement, du climat, de la santé, du développement, mais il faut aussi penser à la sécurité, à la défense, car si les dérèglements climatiques continuent, la nourriture et l'eau se raréfieront dans certaines parties du monde, les conflits se multiplieront et, soit dit sans vouloir faire de catastrophisme, les mouvements migratoires concerneront des dizaines de millions de personnes, voire des centaines de millions !

Ce sont toutes ces idées qui ont été brassées au cours du sommet d'hier, dont les actes nourriront les conclusions de la COP 21.

Sur le plan mondial, il appartient aux ministres de la défense des différents pays de les appliquer, y compris dans leur propre programmation : ils ont la capacité d'agir pour mettre en œuvre ce que l'on appelle maintenant la « défense verte ».

Je veux appeler l'attention sur un autre aspect, qui me paraît particulièrement important : il convient d'élaborer une vision de long terme. Cette dimension sera, nous l'espérons, extrêmement présente dans les conclusions de la COP 21, ainsi que dans l'agenda pour l'action que nous présenterons le 5 décembre au Bourget.

La journée d'hier a été extrêmement utile, car tout dérèglement climatique est aussi un dérèglement sécuritaire.
(Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain, du groupe écologiste et du RDSE, ainsi que sur plusieurs travées du groupe Les Républicains et de l'UDI-UC.)

M. le président. La parole est à Mme Leila Aïchi, pour la réplique.

Mme Leila Aïchi. Quand l'intérêt général le veut, nous savons nous rassembler ! Je tiens à remercier mes collègues Éliane Giraud, du groupe socialiste et républicain, et Cédric Perrin, du groupe Les Républicains, avec lesquels j'ai eu le plaisir d'élaborer un rapport sur les conséquences géopolitiques du dérèglement climatique.

La lutte contre le dérèglement climatique et ses conséquences en matière de santé et d'environnement doit être l'affaire de tous, citoyens, institutions et partis !
(Applaudissements sur les travées du groupe écologiste, ainsi que sur de nombreuses travées du groupe socialiste et républicain, du groupe Les Républicains et de l'UDI-UC.)

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