Mme Joëlle Garriaud-Maylam attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères et du développement international sur les conséquences d'un éventuel démembrement de l'Institut français du Portugal (IFP).
Elle souligne qu'alors que l'IFP bénéficie aujourd'hui d'une localisation idéale, à proximité des université, du lycée français, de la bibliothèque nationale et de la cinémathèque, il serait prévu de le déménager dans des locaux beaucoup plus excentrés. De surcroît, alors qu'il abrite aujourd'hui un auditorium de 280 places et une importante bibliothèque, les nouveaux locaux seraient beaucoup plus exigus et dépourvus de salle de spectacle. Aucune assurance n'a été donnée quant au fait que l'intégrité de la bibliothèque puisse être préservée, le projet initial prévoyant de la répartir entre divers lieux.
Elle affirme que l'IFP constituant le fer de lance de la diffusion de la langue et de la culture française au Portugal, un tel projet ne devrait pas être menée sans robuste étude d'impact préalable mettant en évidence les coûts et bénéfices. Le dévoilement du projet par voie de presse, sans information ni consultation préalable de l'ensemble des personnes concernées - et notamment les partenaires, les prestataires, les salariés et les élus des Français du Portugal - est à cet égard regrettable.
Elle demande à ce que, si une telle étude a été menée, ses résultats puissent être rendus publics. Dans le cas contraire, elle suggère le lancement au plus vite d'une telle étude, qui pourrait s'inscrire dans le cadre d'une réflexion plus large sur la stratégie culturelle et d'influence de la France au Portugal, et devrait associer l'ensemble des partis prenantes.
La France n'entend pas se désengager de sa politique d'influence culturelle au Portugal. La réflexion menée s'inscrit dans le cadre de l'adaptation de nos dispositifs culturels en Europe, marquée par une redéfinition de nos missions et de nos réseaux de coopération. L'objectif est d'assurer une présence qui réponde aux priorités de notre politique d'influence et qui s'ouvre à de nouveaux publics. C'est pourquoi l'action de la France à Lisbonne, à travers un projet culturel rénové, se recentre sur l'attractivité (mobilité étudiante, recherche), la promotion de la langue française ou encore la valorisation de nos industries culturelles et des nouvelles technologies. Le bâtiment actuel de l'Institut français nécessiterait de très lourdes dépenses : modernisation de l'auditorium devenu obsolète, mise aux normes des installations électriques vétustes, changement de la climatisation, travaux d'étanchéité des toits pour garantir la sécurité du public et du personnel. D'autre part, la surface surdimensionnée du bâtiment et son coût d'entretien pèsent de plus en plus sur les frais de fonctionnement de l'établissement. C'est dans ce cadre qu'ont été décidées la vente du bâtiment et l'installation de l'Institut dans une partie de l'ambassade. Ces locaux regrouperont les bureaux des agents de l'Institut mais également une grande salle polyvalente, qui accueillera une culturethèque, l'espace Campus France et permettra d'organiser des formations, ainsi que des manifestations culturelles : conférences, expositions, concerts, projections de films. La surface mise à disposition est d'environ 250 m², à laquelle s'ajouteront les salons et les jardins de l'ambassade, qui seront mis à profit en fonction des besoins. La phase d'évaluation du bâtiment actuel de l'Institut, pour laquelle des agences immobilières spécialisées ont été mandatées, est en cours d'achèvement. Cette évaluation prendra en compte la situation géographique du bâtiment, et le contexte immobilier de Lisbonne. L'objectif est d'optimiser la négociation avec les potentiels acheteurs quand la phase d'appel d'offre débutera au second semestre 2015. Le glissement du fonds « classique » de la médiathèque se fera vers des lieux appropriés où il sera valorisé en concertation avec les universités qui se sont manifestées. Une autre partie des collections sera distribuée aux Alliances françaises du pays, dont celle de Lisbonne. La ville d'Alenquer a donné son accord pour accueillir tout ou une partie du fonds jeunesse pour ses écoles où le français est proposé comme seconde langue étrangère. L'Institut français gardera les collections culturelles les plus récentes et en adéquation avec sa programmation (tourisme, gastronomie, sciences et attractivité).
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