M. Bernard Fournier. Ma question s'adresse à Mme la ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social.
La France est désormais reléguée en queue de peloton européen en matière de chômage et de création d'emplois. Au total, on compte dans notre pays 6,5 millions de demandeurs d'emploi, soit plus de 10 % de la population active, contre 5,6 % au Royaume-Uni et 6,4 % en Allemagne.
Cette situation catastrophique touche désormais toutes les classes d'âge et toutes les catégories de la population. Il n'y a plus que le Président de la République pour croire à une réelle et significative inversion de la courbe du chômage d'ici à 2017. La seule véritable inflexion que nous constatons, dans cette politique économique désastreuse, consiste en un glissement sémantique : la question de l'emploi est dorénavant urgente, alors qu'elle n'était, jusqu'ici, qu'une priorité…
Mais les recettes restent les mêmes : contrats aidés, embauche de fonctionnaires et, aujourd'hui, plan de formation irréaliste consistant à transférer 500 000 chômeurs vers la catégorie D pour obtenir artificiellement une inversion de courbe à laquelle le chef de l'État a conditionné sa candidature en 2017.
Ce plan d'urgence, dont le coût est évalué à 1 milliard d'euros, n'est ni plus ni moins que l'aveu public de l'échec d'une politique. Ne croyez-vous pas qu'il est temps de changer de ligne politique, en engageant notre pays sur la voie incontournable de la compétitivité ?
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur de nombreuses travées de l'UDI-UC.)
M. Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement. Monsieur le sénateur Bernard Fournier, nous avons bel et bien engagé ce pays sur le chemin de la compétitivité. (Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.) En effet, au travers de la mise en œuvre du CICE et du pacte pour la croissance, la compétitivité et l'emploi, nous avons fait en sorte, pour la première fois depuis plus d'une décennie, que nos entreprises retrouvent des marges de compétitivité et de profitabilité...
M. François Grosdidier. Vous plaisantez ?
M. Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'État. ... et que le coût du travail soit inférieur dans notre pays à ce qu'il est en Allemagne. Telle n'était pas la situation que nous avons trouvée en arrivant aux responsabilités.
M. François Grosdidier. Vous avez à peine rétabli ce que vous avez défait !
M. Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'État. Par ailleurs, et c'est sans doute une autre différence entre nous, ce gouvernement a la volonté de s'engager sur la formation de ces centaines de milliers de nos compatriotes sortis du système éducatif sans formation, sans qualification et, de fait, sans possibilité d'insertion sur le marché du travail.
Ce faisant, nous relevons un défi fondamental de la politique de l'emploi en France. Nous savons que cela est possible : en 2014 et en 2015, déjà, nous avons mis en place des plans de formation pour les chômeurs de longue durée, et 57 % de ceux qui en ont bénéficié avaient retrouvé un travail six mois après. Notre économie retrouve la capacité de créer des emplois, comme cela a été rappelé à l'instant ; il s'agit désormais de faire en sorte que ces formations soient d'abord ciblées sur les métiers en tension.
M. François Grosdidier. Vous avez fait le contraire pendant trois ans !
M. Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'État. Vous êtes nombreux à souligner les difficultés de recrutement qui existent dans certains secteurs de notre économie. Nous devons pouvoir répondre aux besoins des secteurs porteurs d'emplois pour l'avenir que sont, par exemple, la croissance verte et le numérique.
M. le président. Il faut conclure, monsieur le secrétaire d'État.
M. Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'État. Le Gouvernement prend ses responsabilités ; il ne baisse pas les bras devant le chômage, il se mobilise et vous demande de vous mobiliser aussi !
(Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)
M. le président. La parole est à M. Bernard Fournier, pour la réplique.
M. Bernard Fournier. Votre réponse est tout sauf rassurante, monsieur le secrétaire d'État. Vos mesures, aussi coûteuses qu'inefficaces, ne sont que d'affichage. Elles trahissent également votre refus de prendre en compte les réalités du monde d'aujourd'hui. Recourir aux recettes du passé ne permet pas d'engager de vraies réformes structurelles. Il est urgent de réformer, d'alléger les charges et de revoir le droit du travail.
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
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