M. Éric Doligé. Ma question s'adresse à M. le secrétaire d'État chargé du budget.
La France va mieux ! Et pourtant, 85 % des Français ne sont pas satisfaits de la politique proposée par le Président de la République. À titre d'exemple, sur 100 spectateurs qui vous regardent en cet instant, monsieur le secrétaire d'État, 85 ne vont pas se satisfaire d'une réponse sur le thème du « tout va mieux ». Ils sont dans la vraie vie, faite de difficultés, et attendent des résultats accessibles.
Oui, nous nous réjouissons de la baisse de 60 000 chômeurs de catégorie A. Mais ces 60 000 chômeurs en moins sont venus nourrir les rangs des emplois précaires et des entrées en stage ou ont fait l'objet de radiations massives. Où est le cynisme ?
Que disons-nous aux 3 531 000 chômeurs de catégorie A qui sont sans emploi ? On en relève 645 000 de plus depuis votre arrivée ! Est-ce que cela va mieux pour eux ?
Puis-je ajouter que la situation économique s'est fortement dégradée, que la dette continue à s'envoler et représente un risque majeur, que les économies annoncées ne sont pas au rendez-vous et que nous nous faisons distancer par les grandes nations européennes ?
Dans cette période où il faut faire des économies, le Président de la République annonce, à chacune de ses interventions, des dépenses nouvelles. À titre d'exemple, le point d'indice de la fonction publique, le plan de formation, la généralisation du service civique, la prime à l'embauche, le RSA, etc.
En quelques mois, ce sont près de 11 milliards d'euros de dépenses nouvelles, qui ne sont pas financées et dont une partie significative sera reportée après 2017.
Monsieur le secrétaire d'État, n'est-il pas temps de rompre avec cette politique de promesses intenables, reportées et qui s'apparentent, en cette dernière année de quinquennat, à des promesses électorales ?
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Christian Eckert, secrétaire d'État auprès du ministre des finances et des comptes publics, chargé du budget. Monsieur le sénateur, votre question appelle deux angles de vue.
Tout d'abord, vous avez cité une liste de ce que vous appelez les dépenses nouvelles. Je vous invite à nous dire lesquelles sont superfétatoires, inutiles...
Fallait-il renoncer à un plan de formation pour les chômeurs, dont vous soulignez le nombre trop important ?
Fallait-il renoncer à 900 millions d'euros d'allégement de cotisations pour les professions agricoles, qui en ont tellement besoin ?
Fallait-il renoncer à ce que les bas salaires dans la fonction publique soient dignement reconnus par une augmentation - trop légère, diront certains - du point d'indice ?
Pourquoi stigmatiser et additionner - vous excuserez ma franchise habituelle - des dépenses de 2016, 2017 et 2018 pour arriver à une somme - 11 milliards d'euros - qui représente une addition de carottes et de navets, pour utiliser une expression populaire ?
À la suite des annonces du Président de la République, 4 milliards d'euros supplémentaires seront nécessaires pour le budget 2016. Je les ai passés en revue hier, dans cet hémicycle, à l'occasion du débat sur le projet de programme de stabilité.
Second angle de vue de votre question : comment seront financées ces dépenses ? Comme l'année dernière ! Il y a un an, à la même époque, vous aviez les mêmes discours... Vous disiez que nous ne saurions pas financer ce que nous avions décidé de consacrer à la sécurité des Français, à la défense, notamment extérieure, de notre pays. Or, à la fin de l'année dernière, le déficit s'est élevé à 3,5 %, au lieu de 3,8 %, soit 6 milliards d'euros de moins que prévu.
M. François Baroin. Grâce aux collectivités locales !
M. Christian Eckert, secrétaire d'État. Ayez confiance ! Travaillons ensemble pour que des économies supplémentaires puissent financer des dépenses nouvelles, dont vous devez reconnaître, avec nous, qu'elles sont nécessaires !
(Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)
M. le président. La parole est à M. Éric Doligé, pour la réplique.
M. Éric Doligé. Je m'attendais, monsieur le secrétaire d'État, à la qualité de votre réponse. Je sais que je parle à un poids lourd du Gouvernement.
Très sincèrement, vous savez que vous reportez la plupart des dépenses au-delà de 2017. Vous savez aussi que les économies ne sont pas faites. Vous avez beau me montrer les papiers que vous avez à la main, mais nous vous disons que ce n'est pas possible.
M. le président. Veuillez conclure, mon cher collègue !
M. Éric Doligé. Pour terminer et à titre amical, vous pourrez dire au Président de la République qu'il ne cherche pas M. Macron le 8 mai. Il sera à Orléans, pour les fêtes de Jeanne d'Arc !
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