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Chantal Deseyne
Question d'actualité au gouvernement N° 862 au Ministère de l'intérieur


Violences envers les policiers

Question soumise le 13 mai 2016

Mme Chantal Deseyne. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.

Monsieur le ministre, le 18 mai prochain, les policiers battront le pavé parisien pour dire leur ras-le-bol des injures, des violences et des campagnes de dénigrement et de haine qu'ils subissent.

Depuis des mois, ils font face aux terroristes, aux délinquants et à des manifestants particulièrement violents. Ils ne peuvent plus prendre de repos et restent mobilisés à 100 %. En moins de deux mois, 300 policiers ont été blessés.

Je voudrais, en cet instant, rendre hommage aux policiers et aux gendarmes qui assurent, avec sang-froid et un dévouement sans limite, la protection des Français. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et de l'UDI-UC, ainsi que sur certaines travées du groupe socialiste et républicain.) Je le dis haut et fort !

Monsieur le ministre, il n'est plus un jour, en France, sans qu'une manifestation dégénère. Je pense à « Nuit debout », à la contestation de la réforme de la législation du travail. Ces manifestants ont agrégé une population aux comportements d'une extrême violence, composée notamment de « zadistes », casseurs sans scrupules et sans convictions, associés à des extrémistes qui, manifestement, supportent mal que le peuple de France ait fraternisé avec les forces de l'ordre.

Ne croyez-vous pas qu'il est temps de démanteler les réseaux qui organisent cette violence ?

Mme Éliane Assassi. Arrêtez de délirer !

Mme Chantal Deseyne. Le développement de cette violence n'est pas lié à un manque d'effectifs et de moyens, mais à un manque de volonté politique.

Monsieur le ministre, ne croyez-vous pas qu'il est temps de mettre hors d'état de nuire ceux qui instillent la haine et le désordre dans un pays déjà meurtri et qui n'ont de cesse de dénigrer et d'attaquer les forces de l'ordre ?
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur certaines travées de l'UDI-UC.)

Réponse émise le 13 mai 2016

M. Bernard Cazeneuve, ministre de l'intérieur. Madame Deseyne, je vous remercie de l'hommage que vous avez rendu aux forces de l'ordre.

Depuis maintenant des mois, des milliers de policiers et de gendarmes font face à une menace terroriste extrêmement élevée, protègent des lieux de culte et l'exercice de nos libertés, y compris celle de manifester. Confrontés à des violences, ils s'exposent, parfois au péril de leur vie, pour assurer la sécurité des Français. Cela m'inspire, non pas du fait de ma fonction, une immense considération et une immense gratitude à leur égard, que je sais partagées sur les travées de cet hémicycle.

Lorsque des tensions s'expriment dans la rue, y compris d'ailleurs contre la politique du Gouvernement, l'action du ministre de l'intérieur ne doit jamais déroger aux principes du droit.

Dans sa décision du 19 février 2016, le Conseil constitutionnel a défini de manière extrêmement précise les conditions dans lesquelles le Gouvernement et l'État doivent respecter la liberté d'expression et de manifester dans le contexte de l'état d'urgence. Nous entendons nous y conformer rigoureusement.

Par ailleurs, nous interpellons tous les individus qui commettent des exactions dès lors que les conditions opérationnelles le permettent. Madame Deseyne, vous avez dit à juste titre que 300 policiers avaient été blessés depuis le début de ces manifestations. Sachez qu'il a été procédé à un millier d'interpellations, dont certaines ont débouché sur des gardes à vue ou des comparutions immédiates. Plusieurs centaines d'individus ont été ou seront jugés, ce qui manifeste bien la fermeté du Gouvernement et sa totale détermination à ne pas laisser ces groupes agir. Je répète toutefois que cette action résolue s'exerce dans les conditions du droit.

Enfin, j'affirme avec la plus grande sincérité aux membres du groupe communiste républicain et citoyen qu'aucune instruction destinée à susciter des tensions et à conduire à des incidents n'a été donnée par le Gouvernement aux forces de l'ordre et aux préfets.

Les instructions données sont même inverses. Nous avons notamment travaillé en lien très étroit avec les organisations syndicales afin que toutes les manifestations qui se tiennent aujourd'hui se passent bien et que les casseurs soient interpellés et éloignés des manifestants sincères.

M. le président. Veuillez conclure, monsieur le ministre.

M. Bernard Cazeneuve, ministre. C'est selon ces principes républicains, que je crois être aussi des principes de sagesse, que nous agissons. Je regrette que certaines campagnes laissent accroire qu'il en irait autrement, contribuant ainsi à créer des tensions là où il y en a déjà beaucoup trop.
(Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain et sur certaines travées du RDSE.)

M. le président. La parole est à Mme Chantal Deseyne, pour la réplique.

Mme Chantal Deseyne. Monsieur le ministre, vous tenez un discours de fermeté dans cet hémicycle, mais, malheureusement, nous constatons toujours du désordre et de l'insécurité dans nos rues. Les forces de l'ordre attendent des ordres clairs, et nous des résultats. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur quelques travées de l'UDI-UC.)

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