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Bruno Retailleau
Question d'actualité au gouvernement N° 910 au Premier Ministre


Situation politique et terrorisme

Question soumise le 15 juin 2016

M. Bruno Retailleau. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

Après la tuerie d'Orlando, je voudrais, au nom de mon groupe, dire au peuple américain, que nous aimons, notre soutien le plus total.

La France vient d'être, de nouveau, frappée en son cœur par la barbarie islamiste. Il faut avoir le courage de le dire et de qualifier ces actes. Mais je veux dire aussi que ce drame de Magnanville est un double crime.

C'est d'abord un crime contre une famille française, un père, une mère, un enfant dont le regard est blessé à jamais. Bien sûr, les mots sont dérisoires, mais je voudrais dire, encore une fois et au nom de mon groupe, notre sympathie et notre compassion à leurs proches, à leurs amis et à leurs familles.

C'est aussi un crime contre un pays, le nôtre, la France. Quand on attaque des policiers, c'est la France, c'est la Nation tout entière que l'on attaque, ce sont ses valeurs, ce sont ses couleurs.

Vous me permettrez de redire, au nom de tous, j'en suis sûr, notre soutien aux membres des forces de l'ordre, qui sont, c'est vrai, fatigués, épuisés, et qui doivent faire face, depuis un an et demi, à l'horreur. Ils nous protègent et ils doivent affronter, en ce moment même, une violence anti-flics que je veux dénoncer, car elle est absolument inadmissible !
(Vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et de l'UDI-UC, ainsi que sur quelques travées du RDSE et du groupe socialiste et républicain.)

Ce crime est signé par l'État islamique, qui est en recul territorial au Levant, mais qui jette son venin aux quatre coins du monde, avec le même message : nous voulons et allons vous détruire, pour ce que vous êtes et pour les valeurs auxquelles vous croyez !

D'autres modalités sont utilisées, avec des opérations moins sophistiquées et des individus isolés. Ils sont isolés, mais pas inconnus de vos services, monsieur le Premier ministre.

M. Manuel Valls, Premier ministre. Ce sont nos services à tous !

M. Bruno Retailleau. Alors oui, il faut éviter deux écueils : celui de l'autosatisfaction – il n'y aurait ni remise en cause ni remise en question – et celui d'une critique facile, rapide et systématique.

M. le président. Veuillez conclure, mon cher collègue.

M. Bruno Retailleau. À ceux qui veulent nous détruire, il n'y a d'autres réponses à apporter que la valeur de nos convictions, la force de notre résistance et l'arme du droit !
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et de l'UDI-UC.)

Réponse émise le 15 juin 2016

M. Manuel Valls, Premier ministre. Monsieur le président Retailleau, il faut toujours, en effet, nommer les choses. Je l'ai d'ailleurs fait constamment. L'islamisme radical et le djihadisme nous mènent une guerre et veulent toucher ce que nous sommes.

À chaque fois, les cibles sont choisies. Les journalistes, qui exercent leur liberté d'expression et de caricature. Les policiers, de nouveau, parce qu'ils incarnent l'autorité et l'État. Les juifs, tout simplement parce qu'ils sont Français juifs. La jeunesse de Paris, parce qu'elle représente un art de vivre. Les homosexuels, à Orlando - je le dis, c'est un crime, une attaque terroriste homophobe -, tout simplement parce qu'ils représentent la liberté d'aimer. La Tunisie, parce qu'elle est un modèle de démocratie dans le monde arabo-musulman et parce qu'elle épouse la laïcité que nous chérissons.

À chaque fois, ce sont ces symboles, ces valeurs universelles et les civilisations avec lesquelles nous les partageons qui sont visés.

Il faut combattre cet État islamique, ce djihadisme, avec la plus grande force, sans aucune naïveté et en nous remettant en cause. Vous avez parfaitement raison, bien sûr : comment voulez-vous que nous puissions, Bernard Cazeneuve et moi, éprouver la moindre autosatisfaction ? Ce serait totalement dérisoire et vulgaire par rapport à ce que nos concitoyens éprouvent. Mais il faut agir dans la continuité, ne pas changer de cap, rassembler et ne pas fracturer notre société.

Bien sûr, une nouvelle fois et comme pour toutes les victimes de ces actes terroristes, nous penserons en permanence à Jessica Schneider et à Jean-Baptiste Salvaing. Nous penserons aussi à cet enfant de moins de quatre ans, qui a vécu l'horreur.

Nous devons également penser aux fonctionnaires de ce pays, notamment aux fonctionnaires de police. J'en parlais tout à l'heure, et le ministre de l'intérieur a eu des mots forts, encore, à l'Assemblée nationale, lui qui vit quotidiennement avec ces policiers, qui sont certes éprouvés, fatigués, mais qui remplissent leurs missions avec beaucoup de courage et d'abnégation.

Avec mon gouvernement, je suis fier d'avoir présenté, monsieur le président, les textes qui ont été adoptés par une très grande majorité des parlementaires.

Je suis fier également de pouvoir dénoncer ici, avec une grande majorité d'entre vous, tous les actes, mots et tracts contre les policiers. Nous avons sans doute la police qui est la plus surveillée parmi les démocraties. C'est une police exemplaire, dont nous devons être fiers.

On ne peut pas s'apitoyer, aujourd'hui, sur le sort de policiers attaqués par des terroristes et, ensuite, ne rien dire quand on s'attaque à eux ou être complaisant à l'égard de ceux qui, au moment même où nous parlons, s'attaquent aux forces de l'ordre et tiennent un discours hostile à l'état d'urgence, aux policiers et aux gendarmes.
(Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain, du RDSE, de l'UDI-UC et du groupe Les Républicains.)

Une cohérence existe, et elle doit rassembler tous les républicains et tous les démocrates de ce pays !

On ne peut pas partager son émotion vis-à-vis des policiers. Ce sont les mêmes qui, sur le terrain, comme le rappelait Catherine Tasca, dans ces villes que nous connaissons bien, Les Mureaux, Mantes-la-Jolie ou Mantes-la-Ville, dans ces quartiers que je connais bien, comme à Évry, font face aux trafiquants de drogue et à la violence de tous les jours et qui sont tués par des terroristes. Oui, nous leur devons ce soutien, cette solidarité et cette affection.

C'est au nom même des principes qui sont attaqués et de notre conception de l'État de droit que nous sommes, avec vous, déterminés à lutter contre le terrorisme et à gagner cette guerre. Et nous la gagnerons !

Nous le devons aux policiers de France et nous le ferons avec l'État de droit, la démocratie et nos valeurs, celles de la France ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain, du groupe écologiste, du RDSE, de l'UDI-UC et du groupe Les Républicains.)

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