M. Jacques Grosperrin. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'éducation nationale, mais j'aurai plaisir à écouter la réponse de M. Mandon.
Les résultats du baccalauréat viennent d'être rendus publics et ils seront, cette année encore, excellents. Il faut s'en réjouir, mais cette apparence d'excellence masque une réalité fort différente.
On va célébrer ces résultats, alors que notre système éducatif décroche, comme le montrent le programme international PISA pour le suivi des acquis des élèves ou les évaluations internationales.
L'école de la République est en danger, du fait de la politique idéologique de Mme la ministre, marquée par un nivellement par le bas. (Exclamations sur les travées du groupe socialiste et républicain.) Cette politique est également électoraliste, dans la mesure où l'on annonce aujourd'hui la création de 60 000 postes d'enseignant, alors que le problème est d'ordre structurel, et démagogique, car on fait croire que tout le monde peut suivre des études longues.
Vous avez dénaturé l'œuvre de Jules Ferry, qui voulait certes une instruction obligatoire, gratuite et laïque, mais prônait avant tout l'effort, le mérite et l'excellence, notions peut-être taboues pour les membres d'un gouvernement socialiste. Il fallait pousser les élèves, quelle que soit leur origine sociale, à atteindre le plus haut niveau possible, avec comme modèles les individus les plus brillants. Or vous avez fait le contraire en supprimant les classes bilangues, l'enseignement du latin et du grec, les notes, le redoublement, les bourses au mérite et les internats d'excellence, que vous appelez maintenant « lycées de réussite ».
Quand prendrez-vous des mesures courageuses pour revenir à la vraie justice sociale, celle que prônait Jules Ferry, qui était lui aussi socialiste et républicain ?
(Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Thierry Mandon, secrétaire d'État auprès de la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, chargé de l'enseignement supérieur et de la recherche. Monsieur le sénateur, par une sorte de coïncidence, au sens étymologique du terme, Mme Vallaud-Belkacem ne pouvait être présente pour vous répondre, car elle est en train de remettre leurs récompenses aux lauréats du concours général des lycées et des métiers ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)
Depuis 2012, beaucoup d'efforts ont été consentis pour conjuguer démocratisation du système et exigence de qualité.
Tout d'abord, des modalités d'attribution des moyens beaucoup plus justes, prenant en compte la réalité sociale de chaque territoire, ont été mises en œuvre, afin d'assurer l'équité entre tous les territoires et de permettre aux équipes pédagogiques travaillant dans les secteurs les plus fragiles de tirer les élèves vers le haut.
Ensuite, la carte de l'éducation prioritaire est établie depuis 2015 sur la base d'objectifs et d'indicateurs transparents, adaptés à la réalité sociale des territoires.
Par ailleurs, l'école a été rendue plus inclusive, pour permettre aux publics les plus fragiles de bénéficier de meilleures conditions de scolarité, notamment grâce à l'augmentation de 70 % des fonds sociaux, au relèvement des bourses accordées sur critères sociaux à hauteur de 10 %, à la création de bourses pour les enfants décrocheurs et, surtout, à la mise en place de parcours d'excellence destinés à conduire des jeunes issus de milieux modestes vers la poursuite d'études ou une insertion professionnelle ambitieuse et réussie.
Enfin, l'encadrement a été renforcé dans une mesure considérable,...
M. Roland Courteau. Eh oui !
M. Thierry Mandon, secrétaire d'État. ... avec la création de 60 000 postes et l'amélioration de la formation des enseignants, pour que ces derniers puissent disposer de tous les savoir-faire nécessaires.
M. le président. Il faut conclure, monsieur le ministre !
M. Thierry Mandon, secrétaire d'État. Bref, la politique du ministère de l'éducation nationale ne correspond nullement à la caricature que vous en avez faite. Elle vise bien au contraire à accompagner l'indispensable démocratisation de notre système d'enseignement scolaire d'une forte exigence de qualité.
(Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)
M. le président. La parole est à M. Jacques Grosperrin, pour la réplique.
M. Jacques Grosperrin. Nous ne voulons plus d'une école uniforme, de diplômes au rabais, de filières qui n'ont d'excellence que le qualificatif.
(Protestations sur les travées du groupe socialiste et républicain.)
Je suis ravi que Mme la ministre Najat Vallaud-Belkacem assiste à la cérémonie de remise des prix du concours général, lequel a distingué des jeunes gens devenus ensuite illustres tels que Jaurès, Blum, Chevènement, Pompidou, Juppé, Pasteur... Je l'invite d'ailleurs à se pencher sur le texte tiré de De Officiisproposé à l'épreuve de version latine du concours général de 2005 et dans lequel Cicéron énonce les devoirs des gouvernants. Aidons nos élèves, quels qu'ils soient, pour favoriser leurs résultats ! (Applaudissements sur certaines travées du groupe Les Républicains.)
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