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Catherine Tasca
Question d'actualité au gouvernement N° 1039 au Ministère des outre-mer


Situation en Nouvelle-Calédonie

Question soumise le 18 novembre 2016

Mme Catherine Tasca. Ma question s'adresse à Mme la ministre des outre-mer.

Le 29 octobre, lors d'un contrôle routier effectué par la gendarmerie sur la commune du Mont-Dore dans la périphérie de Nouméa, le conducteur d'un véhicule a tenté d'échapper au contrôle et opéré une manœuvre menaçant la vie d'un gendarme. Le chef de patrouille a réagi par un tir, qui, malheureusement, a tué le conducteur. Il s'agissait d'un jeune homme âgé de vingt-trois ans ayant fait l'objet de multiples condamnations et évadé de prison depuis le mois de juin 2015.

La mort d'un homme dans de telles circonstances est un drame familial et collectif.

Dès le lendemain, des gendarmes ont subi, sur la route qui longe la tribu de Saint-Louis à laquelle appartenait le jeune mort, des jets de projectiles et des tirs d'armes à feu.

Le jour même, les autorités coutumières, le maire de la commune, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et le haut-commissaire se sont concertés pour engager une médiation et tenter d'éteindre le feu. Je veux saluer le sang-froid de toutes les autorités et de la famille de la victime. Depuis lors, les troubles se sont malheureusement répétés.

Au-delà de la compassion exprimée à l'égard de la famille, de l'enquête en cours et des mesures annoncées pour renforcer les forces de sécurité, ces événements nous alertent sur deux plans.

D'abord, sur le désenchantement, le désœuvrement, la désespérance, là-bas comme ici, d'une partie de la jeunesse sans formation ou perspective d'activité qui cherche dans la violence et l'agression des forces de l'ordre un exutoire à son mal-être.

Ensuite, sur le sort à venir de la Nouvelle-Calédonie et sur le processus institutionnel en cours engagé par Michel Rocard, Lionel Jospin et les responsables politiques néocalédoniens.

Et 2018, c'est demain. Alors, madame la ministre, quelle réponse le Gouvernement peut-il apporter à cette jeunesse ? Quel effet ces événements graves peuvent-ils avoir sur le processus institutionnel ?
(Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain et du RDSE.)

Réponse émise le 18 novembre 2016

Mme Ericka Bareigts, ministre des outre-mer. Les événements récents qui viennent d'être évoqués sont extrêmement graves. Je les suis en personne, en lien constant avec le haut-commissaire et les élus du territoire.

Trois axes guident notre mobilisation.

D'abord, la répression. Il faut sanctionner ceux qui portent atteinte au vivre ensemble calédonien. Le 5 octobre dernier, le ministre de l'intérieur, celui de la justice et moi-même avons annoncé des efforts importants en matière d'effectifs : 53 policiers et gendarmes seront déployés et une brigade de prévention de la délinquance juvénile sera créée.

Ensuite, la prévention en faveur de la jeunesse calédonienne. Le renforcement du service militaire adapté va se poursuivre. Les prochains contrats de développement comporteront onze opérations en faveur de la jeunesse pour un total de 15 millions d'euros octroyés par l'État. Je souhaite signer ces contrats lors d'un déplacement en Nouvelle-Calédonie à la fin du mois.

Enfin, l'innovation. Face aux événements que nous connaissons, il nous faut, avec tous les responsables calédoniens, aller plus loin.

Je veux notamment que nous nous penchions sur les addictions, que ce soit à l'alcool ou au cannabis, qui font des ravages considérables sur ce territoire.

Je veux également accompagner les projets calédoniens en matière de prévention de la délinquance et je réitère mon engagement à expertiser les possibilités de créer un EPIDE, établissement pour l'insertion dans l'emploi, ou de mettre en place un service civique calédonien.

Ces trois axes illustrent notre détermination à prévenir la délinquance, car la paix sociale est l'une des conditions de la poursuite du processus institutionnel en cours. Nous œuvrons depuis trente ans à construire ensemble l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, dans la concertation et le dialogue. Rien ne doit remettre en cause les réalisations immenses que nous avons obtenues. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

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